Rouen
Alors que débute le carême, Don Pierre Doat, le recteur du sanctuaire du Mont-Saint-Michel, revient sur la signification du combat spirituel que les chrétiens sont amenés à vivre pendant ces 40 jours.
RCF : Entrer en carême, c'est entrer dans le combat spirituel. Quel est le combat spirituel que les chrétiens ont à mener pendant ce carême ?
Don Pierre Doat : Si on parle de combat, cela veut dire qu'il y a un ennemi, un ennemi qu'il faut savoir identifier, dont il faut aussi savoir identifier la tactique. Le démon est entré dans un combat contre Dieu et il nous a impliqués dans ce combat. Le Pape François l'avait dit, en 2013, de manière forte : le démon existe, il faut arrêter de penser qu'il n'existe pas, c'est une personne qui nous veut du mal et il faut que nous entrions en combat contre lui. Qui dit combat dit aussi que nous avons des armes en notre possession. Les armes que nous prenons en entrant dans le carême, ce sont les armes de la pénitence, de la prière et du partage. Ce sont les trois armes que l’Église met à notre disposition pour entrer dans ce combat contre l'adversaire, celui qui veut nous faire entrer dans une révolte contre Dieu, celui qui veut nous faire vivre tout simplement comme si Dieu n'existait pas.
RCF : Même avec ces armes, nous nous trouvons très vite face à nos fragilités, nos difficultés. Vivre ce combat spirituel, n’est-ce pas aussi faire l'expérience que seul Dieu peut être vainqueur ?
Don Pierre Doat : Absolument, c'est une conviction qui grandit en moi chaque année depuis que je vis le carême. Les résolutions qu'on prend en début du carême sont faites pour qu'on les loupe, pour qu'on se plante. Évidemment, il faut faire des efforts, il faut essayer de les vivre jusqu'au bout, mais on fera nécessairement l'expérience de notre pauvreté, de notre infidélité et c’est tant mieux, parce que si nous arrivons à la fin du carême en nous disant : « C'est super, j'ai arrêté de manger, j'ai arrêté de boire, j'ai arrêté de fumer, j'ai arrêté de dire du mal de mon prochain donc tout va bien », ce n’est vraiment pas l'attitude qui est attendue de nous à la fin du carême. Au contraire, il nous faut arriver à la fin du carême conscient de notre pauvreté, conscient de notre besoin d'être sauvé. Je ne dis pas ça pour que nos auditeurs se disent : « Il n’y a rien à faire ». Non, il faut vraiment s'engager, prendre des moyens simples, des moyens ambitieux, mais aussi accepter cet échec qui devient la porte par laquelle le Seigneur va s'engouffrer pour nous dire : « Si tu es pauvre, viens, justement moi, je suis ton sauveur ».
RCF : Depuis quelques années, les parcours spirituels se multiplient pour donner aux fidèles des idées de résolutions à mettre en place, avec une certaine exigence. Comment voyez-vous cela ? Un effort de carême doit-il être quelque chose de personnel ou bien s’agit-il aussi de se porter à plusieurs ?
Don Pierre Doat : Pour moi un des critères pour juger toutes ces propositions qui sont faites, c'est l'aspect communautaire justement. Qu'est-ce qui est premier ? Est-ce le fait de vivre une sorte d'épreuve qui s'apparente à de la musculation spirituelle, ou est-ce en vue d'autres choses et en particulier en vue de vivre cette ascèse pour ouvrir notre cœur à Dieu et à notre prochain ? Encore une fois, si on terminait un de ces parcours en se disant : « Voilà, c'est bon, j'ai rempli toutes les cases et donc je mérite d'être félicité, je peux m'auto-congratuler de ma force », cela voudrait dire que le parcours n'a servi à rien. Donc ce sont de bons moyens, mais qui doivent toujours nous conduire à une plus grande collaboration à l'œuvre de Dieu en nous et aussi à une plus grande communion avec ceux qui nous entourent.
RCF : De quelle manière les anges peuvent-ils nous accompagner pendant ce carême ?
Don Pierre Doat : On attribue aux anges, dans les épreuves en particulier, un ministère de consolation et d'encouragement. C’était particulièrement vrai pour Jésus. Le temps du carême qui dure 40 jours, ce sont les 40 jours que Jésus a passé dans le désert. Or, on dit dans les évangiles que Jésus, après avoir été tenté par le démon dans le désert, a été servi par des anges. Comme si, après le temps de l'épreuve, et même au milieu du temps de l'épreuve, les anges étaient là pour nous réconforter, pour nous accompagner. Et le moment le plus frappant, c'est celui de l'agonie de Jésus au jardin des Oliviers. Lorsque Jésus se sent abandonné avec les disciples qui dorment autour de lui, lorsqu'il se sent aussi totalement abandonné de son Père, l’évangéliste Luc nous dit qu’un ange était là et le réconfortait. Donc les anges sont là pour nous encourager, pour nous dire que le monde invisible aussi se bat avec nous, pour nous encourager à la sainteté, pour nous encourager à la conversion.
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