
Le président français était à Washington hier pour essayer d'aplanir les immenses divergences avec Donald Trump. Au programme des discussions sur l'Ukraine et sur la relation transatlantique en général. Emmanuel Macron a mis beaucoup d'espoir dans cette rencontre qu’il qualifie de "tournant". Le confit en Ukraine fête ses 3 ans et la rencontre entre les deux présidents pourrait bien être un grand pas en avant vers la paix. Alors pour bien comprendre les enjeux de ce face-à-face entre Trump et Macron, Jean-Eric Branaa, chercheur en droit et science politique, spécialiste de la politique et de la société américaine, est au micro de RCF et Radio Notre-Dame.
Après avoir organisé plusieurs réunions informelles à l’Élysée avec ses alliés européens pour évoquer l’avenir de l’Ukraine, Emmanuel Macron s’est rendu à Washington pour discuter avec Donald Trump. Si la bonne entente entre les deux présidents a transpiré, aucune marche à suivre concrète n’est ressortie de l’échange. Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’Université Paris II Panthéon-Assas y voit un manque de sens du collectif du président américain.
La rencontre entre Emmanuel Macron et Donald Trump a été l’occasion pour les deux présidents de détailler leur pensée à la presse. Devant les médias du monde entier, chaque président à pris la parole et partagé sa vision de la paix en Ukraine. Jean-Eric Branaa remarque que le milliardaire américain a agi de manière étonnamment tranquille lorsque Emmanuel Macron prenait la parole. “Il a hoché de la tête à plusieurs moments, semblant même s'ennuyer, si je peux me permettre ce commentaire, à un certain moment de la discussion.”
Il a hoché de la tête à plusieurs moments, semblant même s'ennuyer, si je peux me permettre ce commentaire, à un certain moment de la discussion.
Le président américain n’a pas eu besoin d’être prolixe pour faire entendre sa vision des choses. “Il n'a rien affirmé qu'il n'avait dit auparavant. Il a répété qu'il est pour la paix en Ukraine, avec le soutien américain, pourquoi pas, mais que tout ça devait être transactionnel. Il voulait quelque chose en échange.” Le président réélu a notamment pour ambition de pouvoir exploiter les sous-sols ukrainiens riches en minerais rares. Cela permettrait, selon lui, de rembourser les “350 milliards de dollars” dépensés par les États-Unis pour participer à l’effort de guerre en Ukraine.
La discussion de vive voix entre les deux présidents était aussi l’occasion pour l’Union Européenne de se faire entendre de Donald Trump. Pour Jean-Éric Branaa, “Emmanuel Macron a été le tenant de la parole européenne, du fait de sa relation privilégiée avec Donald Trump”. Le président français a en effet travaillé avec Donald Trump lors de son dernier mandat et s’est imposé comme un meneur en Europe. C’est à l’Élysée que se sont rencontrés Volodymyr Zelensky et Donald Trump après la réélection de ce-dernier. C’est aussi là qu’ont été tenus deux sommets européens informels sur l’Ukraine.
Toutefois Donald Trump à peut-être été insensible aux appels de pied de ses voisins outre-atlantique. À l’issue de l’entretien, Jean-Éric Branaa dépeint la situation : “Emmanuel Macron n'a pas obtenu un engagement ferme des États-Unis sur le soutien militaire, il n'a pas obtenu de feuilles de route claires pour la paix, il n'a pas obtenu de position commune sur l'OTAN et il n'a pas obtenu de certitude que les Européens, et surtout les Ukrainiens, pourraient venir à la table des négociations.” En somme donc, des conclusions plutôt négatives. Le Premier ministre anglais Keir Starmer succédera à Emmanuel Macron à Washington et redira les ambitions de l’Europe pour l’Ukraine.
Emmanuel Macron n'a pas obtenu la certitude que les Européens, et surtout les Ukrainiens, pourraient venir à la table des négociations.
Pendant l’entretien entre Emmanuel Macron et Donald Trump, les États-Unis ont fait passer aux Nations-Unies un texte visant à accélérer le processus de paix en Ukraine. Elle perdrait en contrepartie 20% de son territoire, contrairement à la volonté européenne.
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