31 janvier 2025
Non ! Régulariser les étrangers sans-papiers ne favorise pas l'immigration
Ce vendredi 24 janvier, le ministre de l’intérieur a publié une circulaire durcissant les conditions que des étrangers sans papiers doivent remplir pour demander un titre de séjour.
Une fois encore, la démagogie l’aura emporté sur la réalité des faits. Donc, qu’en est-il vraiment ?
Pour apprécier sereinement la situation, il faut d’abord prendre conscience que, dans leur quasi-totalité les étrangers sans papiers sont entrés en France pour y demander l’asile.
Or, faute de pouvoir apporter les preuves des persécutions subies dans leurs pays d’origine, environ les 2/3 sont chaque année déboutés de leurs demandes. Pourtant beaucoup, estimant leur vie menacée en cas de retour, se maintiennent en France, alors même qu’ils y sont sans papiers, c’est-à-dire sans pouvoir bénéficier d’aucune ressource.
De ce fait, depuis des lustres, le nombre de sans papiers en France augmente mécaniquement, au point que l’on estime qu’ils sont au minimum 600.000 aujourd’hui.
Face à cette réalité, tous les gouvernements successifs ont pris des décisions permettant aux préfets de régulariser environ 30.000 personnes par an, par la voie de ce qu’on appelle l’admission exceptionnelle au séjour.
C’est cette admission exceptionnelle au séjour que le ministre de l’intérieur veut limiter le plus possible, notamment en imposant aux étrangers demandeurs de résider depuis plus de 7 ans en France et de prouver leur maîtrise de la langue française par un diplôme.
Selon ses propres termes, il s’agit là de « faire baisser l’immigration et de ne plus régulariser à tour de bras ». A tour de bras vraiment ? Quand on ne régularise que 30.000 des sans papiers présents en France, soit moins de 5 % de cette population, où est la régularisation à tour de bras ?
Notre équipe d’accompagnement des exilés au Secours Catholique de Nancy témoigne du parcours du combattant qu’est l’admission exceptionnelle au séjour. La procédure est en effet d’une complexité inouïe et dure généralement plus d’un an. Enfin, au terme de ce délai, c’est toujours le préfet qui décide, sans avoir à justifier ses refus.
Pourtant, au Secours Catholique, nous pouvons témoigner que, depuis plus de 10 ans, plus de cent familles admises au séjour grâce à notre appui sont aujourd’hui autonomes dans leurs choix de vie, puisque toutes sans exception travaillent.
Rien d’étonnant donc à ce les secteurs en peine de main d’oeuvre (BTP, aide à la personne, crèches, hôtellerie, restauration...) recrutent des étrangers sans papiers sans attendre qu’ils soient en possession d’un titre de séjour, d’où leur protestation vigoureuse et unanime contre les restrictions ainsi apportées par la circulaire ministérielle.
Où est la logique en effet ? Réduire encore les possibilités d’admission au séjour d’étrangers sans papiers privera des pans entiers de l’économie de la main d’oeuvre nécessaire. Les budgets de la Nation aussi en pâtiront puisqu’ils seront moins alimentés par les cotisations sociales qui seraient dues au titre des salaires. La précarité enfin s’aggravera, obligeant des familles, souvent avec enfants, à chercher chaque jour simplement de quoi survivre.
Au total, une fois encore, le populisme et la démagogie l’auront encore emporté au détriment du bien commun. Tout le monde sera perdant, mais personne ne veut le croire !
Droits image: Dans un regard chrétien sur le monde, les bénévoles donnent leur point de vue sur une actualité.