31 janvier 2025
Etre ensemble accueillants à la vie
Alors qu’il a beaucoup été question, ces temps-ci de la baisse de la natalité et même d’« hiver démographique » en Europe, une statistique m’est tombée sous les yeux : il y a actuellement 63 millions de jeunes de moins de 15 ans dans l’Union européenne, alors qu’il y en a 120 millions, donc presque le double, dans le seul Nigéria, sans parler bien sûr d’autres géants démographiques d’Afrique comme l’Egypte, l’Ethiopie ou le Congo.
Ce ne sont pas des projections mais des chiffres de 2024 correspondant à la réalité d’aujourd’hui. Mais, si la démographie est la destinée des peuples, suivant la formule attribuée à Auguste Comte, on voit bien que cela laisse encore présager de bien des bouleversements dans les années à venir.
Parmi les pays d’Europe, la France reste l’un des moins mal lotis de ce point de vue. Mais la baisse de la natalité ne fait chez nous que s’accentuer d’année en année, très exactement depuis les restrictions sur les allocations et certains allègements fiscaux pour les familles décidées sous François Hollande en 2014. Ce sont des mesures extrêmement regrettables car elles ont cassé un des principaux ressorts du dynamisme de notre pays, en même temps qu’elles auront induit des déséquilibres à long terme, notamment pour nos régimes de retraite qui n’avaient pas besoin de cela.
Pour autant, je trouve qu’une notion comme celle de « réarmement démographique » qu’a employée l’année dernière le Président de la République est plutôt inepte, et d’ailleurs elle n’a été suivie d’aucun effet. D’une part, son caractère viriliste est déplacé et, d’autre part, je ne suis pas certain de la légitimité d’une politique nataliste qui s’affirmerait comme telle. Je pense qu’on ne fait pas des enfants pour soi ou en tout cas pas avant tout pour satisfaire son propre désir. Ainsi, le but premier de l'adoption est de donner une famille à un enfant qui n'en a pas et non pas de satisfaire des parents. C’est pourquoi aussi tous les trafics d’enfants auxquels donne lieu, par exemple, la Gestation pour autrui (GPA) sont inacceptables. Eh bien, de même, on ne fait pas des enfants de manière utilitariste pour renforcer une nation ou son économie. Un enfant ne peut être que sa propre fin, il est une valeur en soi.
De fait, si nous faisons société, en principe, ce ne devrait pas être d’abord pour offrir les meilleures conditions d’épanouissement à une somme d’individualistes forcenés. Mais c’est avant tout pour que, tous ensemble, nous créions les meilleures conditions de développement humain pour chacun, en particulier les plus jeunes, et de protection des plus fragiles, dont par exemple les personnes malades et âgées, y compris en fin de vie. Nos sociétés sont-elles suffisamment accueillantes à la vie et donc à l’enfant ? Telle est la vraie question.
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