21 février 2023
Evangile du 21 février Thierry LAMY
Ce n’est pas rien si cet évangile de Marc fait écho à 4 autres versets d’évangile : Matthieu 19,13 : Matthieu 20, 16 : Mc 13,31 : Luc 13, 30 qui reprennent chacun cette phrase qui ne cesse de nous interpeller (les premiers seront les derniers et les derniers serons les premiers). Ici Marc vient nous toucher dans une réflexion profonde sur l’orgueil et l’humilité.
D’abord, qui est le plus grand ?
Comme elle est parlante cette question, et comme elle est d’actualité. Bien souvent, guidé par notre orgueil, nous nous mesurons s aux autres et ressentons le désir d’être le plus grand, c’est-à-dire d’ appelé avant les autres, et reconnu pour notre performance, identifié comme l’acteur principal d’une réussite professionnelle, politique, sportive, associative… L’orgueil c’est aussi vouloir faire seul, guider sa vie comme si nous en étions l’unique acteur. Bruler les étapes pour arriver le premier et dépasser l’autre ne vient que ralentir notre quête d’absolu et de vérité. La soif de reconnaissance vient exacerber notre repli sur nous-même et freiner notre ouverture et notre accueil de l’autre. Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous, nous dit le Christ. Se placer derrière les autres est souvent difficile mais la récompense est plus forte quand on a pu s’effacer et voir la personne que l’on a laissé passer savourer le bonheur de l’épanouissement. Dans une course à pied, quand on est derrière, on voit tous ceux qui sont devant, on peut aider ceux qui tombent, admirer ceux qui avancent et progressent, mais chercher la première place, c’est se positionner devant, et ignorer ceux qui sont derrière. Au passage, il est important de distinguer « Etre le plus grand », qui sous-entend vouloir surpasser les autres, « d’être grand » qui nous conduit à faire fructifier nos qualités, et oser demander à Dieu l’esprit de force.
Tout ce cheminement indiqué par Marc nous incite à faire acte d’humilité. Etre humble, c’est se faire petit pour être le serviteur de tous. En fait l’humilité c’est suivre le Christ, lui qui est notre vie, et le recevoir comme un don qui exalte. Et comment accueillir le Christ et la parole de Dieu ? En ouvrant nos mains, nos yeux et nos cœurs et en faisant confiance. Dieu se révèlera d’autant plus que nous saurons nous faire petit, comme un enfant devant ses parents, tout ouvert à la parole pour se laisser pénétrer de leur amour. Petit, nous ferons d’autant plus fi de nos préjugés, de notre orgueil de détenir une vérité non étayée. L’évangile est là pour nous rappeler que c’est en étant petit que l’on se met en situation de grandir et d’accueillir la parole de Dieu. La symbolique de l’enfant est ici particulièrement forte, et Marc et Matthieu se rejoignent : « Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi » dit Mt 18, 5). Le plus grand est précisément le petit. L’enfant porte en lui la présence de Dieu, en Jésus, l’enfant de la crèche. L’enfant incarne l’humilité, et l’humilité c’est se laisser guider par le Christ et lui confier nos difficultés.
Sachons-nous effacer lorsque nous voulons être le premier, et faire acte d’humilité pour accueillir la parole de Dieu.
Droits image: Temps Spirituel