Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
Paul et Henri ont fait leurs études ensemble. Et pourtant, tout les éloigne. L’un a rêvé d’un grand destin littéraire, l’autre se contente de vivre au crochet du petit monde germanopratin. Faut-il entretenir l’ambition ou s’en tenir à un certain réalisme ? Mais que devient l’idéal de jeunesse ?
Christophe Henning nous parle aujourd'hui de "Naufrage", le dernier roman de Vincent Delecroix. Un livre "bouleversant" mettant en scène une surveillante du trafic maritime dans la Manche, recevant un appel de détresse venant d'un bateau de migrants à la dérive. Un drame tiré d'une histoire vraie remettant en question nos capacités d'agir face à la détresse.
C’est vrai, c’est la rentrée littéraire, nous en avons déjà parlé la semaine dernière pour constater qu’il y a moins de livres cette année que les années précédentes, mais 466 romans français et étrangers, ça nous laisse de la marge ! Et comme j’ai un faible pour Amélie Nothomb, c’est donc avec l’écrivaine au chapeau que je vous propose de commencer notre revue de la rentrée.
Eh oui, je ne résiste pas au plaisir de sonner la cloche pour mettre les livres en rang par deux et nous voilà partis à la découverte de toute ces histoires au fil des pages. La rentrée littéraire, c’est un sport national, les autres pays de grande littérature n’ont pas de tels rendez-vous, alors profitons-en.
Alouette, alouette, je te plumerais… On connaît la comptine, mais il s’agit dans le livre que je vous propose d’un exercice d’admiration. L’auteur, pourquoi le nier, n’est pas né de la dernière pluie, et se souvient de ses années d’enfance, quand il courait par champs et chemins dans les Flandres. Mais voilà, l’alouette des champs se fait rare…
C’est un récit aux parfums nostalgiques, fait de souvenirs et références à ce monde révolu d’un service postal qui avait tout son charme. L’optimisation des process, la concurrence du courrier électronique, c’est vrai, ont changé la donne. Mais que voulez-vous, ce fils de postiers ne pouvait rester sans faire mémoire des facteurs du passé. L’enfant de la Poste ne conteste pas les courriers égarés, les retards de distribution, l’attente aux guichets… mais bientôt tout cela n’existera plus, et il faudrait être timbré pour ne pas reconnaître que le courrier était un facteur de lien social jusqu’aux campagnes les plus reculées.
Ce roman, c’est toute une histoire. Le livre de Jean-Philippe blondel est sorti… en 2003. Oui, vous avez bien lu, il y a vingt ans, mais alors ? Que vient-il faire dans une chronique consacrée à « l’actualité littéraire » ?
Je ne sais si vous avez fait votre marché ce week-end, mais il y avait de quoi se régaler ce dernier week-end, je veux parler du marché de la poésie bien sûr, qui a occupé la place Saint-Sulpice pendant plusieurs jours. C’était à Paris, mais la poésie n’a pas de frontières, n’a pas de limites et elle peut se trouver n’importe où, sur place des villes et des villages, parfois même sur les réseaux sociaux et dans les livres aussi…
C’est un livre rude mais qui restitue si bien la cruauté du monde… L’auteur a choisi de raconter un pan un peu oublié de notre histoire : la guerre d’Algérie. Non pas celle qui a sévi dans les années 1950, mais la guerre de conquête un siècle auparavant, quand la France du XIXe siècle se met en tête de conquérir le monde et de coloniser l’Algérie.
Voici le nouveau Petit Larousse illustré 2024.
64 150 mots, et 28 000 noms propres classés de A à Z, évidemment, A comme la première lettre de l’alphabet, suivie par ABACA, bananier des Philippines. Le mot de la fin sera ZYTHUM, nom donné par les archéologues du XIXe siècle à la bière fa briquée dans l’Egypte pharaonique avec de l’orge fermentée.
Le principe de cette collection est de constituer une anthologie des plus grands textes de l’auteur en question. On retrouve ici six livres de Jean-Paul Kauffmann, de « L’arche des Kerguelen » à « L’Outre-Terre ». Rien de nouveau, et pourtant : mettre ensemble ces textes dans quelque 1200 pages, c’est voir la cohérence d’une œuvre et aussi, entre les lignes, voir combien l’écriture de Kauffmann est marquée par… son enlèvement le 22 mai 1985, pris en otage pendant plus de trois ans par le Hezbollah libanais.
C’est un conteur inépuisable. Henri Gougaud a écrit des dizaines de romans, des chansons pour Juliette Greco ou Jean Ferrat, mais c’est au conte qu’il a consacré la majeure partie de sa vie. Parcourant le monde et la mémoire publique, il a collecté des centaines de contes et légendes de tous pays, ces histoires plus ou moins courtes, qui se transmettent de génération en génération, pour faire rire, pleurer, émouvoir et espérer…
Toute ressemblance avec votre curé ou un prêtre de votre paroisse serait voulue. Dans ce nouveau roman, Thierry Bizot imagine les pensées de l’abbé Joseph Lepic, la soixantaine, tout juste décédé, dont l’âme observe avec curiosité les paroissiens qui défilent au presbytère pour rendre un dernier hommage à leur pasteur. Lequel a bien du mal à accepter d’être mort, mais en profite pour se remémorer les grandes étapes de son existence, à commencer par sa vocation.
« Jours de naissance », c’est le récit des derniers jours avant l’accouchement de l’auteure, ces derniers jours lourds, lourds de promesses mais aussi d’inquiétude, d’un temps suspendu, d’une attente fébrile que seules les femmes peuvent vraiment comprendre. Au moins la littérature nous permet-elle d’approcher ce mystère d’un seul corps enregistrant le battement de deux cœurs. « On dit que tu es née sept jours après le terme. Je pense que tu es née pendant sept jours », écrit l’auteure.
L’histoire commence en 2022, dans le jardin du Luxembourg, à Paris, deux petits vieux, disons-le, sur le même banc, devisent tranquillement. Peut-être l’occasion de se rappeler le bon temps, en tous cas, une autre époque, moins vibrillonnante, une autre vie. Les souvenirs affluent, précis. Elle prend la parole pour faire mémoire de son amour : « Là-bas, près du bassin, ils se sont embrassés pour la première fois. Et sur ce banc, ils se sont rencontrés par un après-midi de mai. » Ensuite ?
Ne vous arrêtez pas au titre, provocateur, racoleur, qui s’explique dans le texte, mais qui a tout pour aguicher. Rien que cela, j’aurais pu ne pas vous en parler, mais justement, puisque le titre nous provoque, et qu’il s’affiche même sur les panneaux publicitaires et les bus de certaines villes, on ne va pas passer à côté.
C’est un petit recueil de poésie, un format poche de 160 pages, et c’est un livre qui va toucher un large public de jeunes lecteurs. Pourquoi, me direz-vous ? Parce que la poésie d’Hélène Dorion a été retenue pour figurer au programme officiel des œuvres obligatoires du baccalauréat dès 2024 et pour au moins trois années. Chapeau donc à la poétesse qui est la première Québécoise et le premier poète inscrit à l’épreuve du bac de son vivant. Une reconnaissance académique qui bouleverse aussi bien la vie de l’auteure que celle de son éditeur Bruno Doucey.
C’est une histoire rocambolesque, une histoire vraie, que l’auteur va transformer en véritable épopée d’un autre temps, ou plutôt une journée d’entre-deux mondes. Ca se passe à Cherbourg, alors qu’au large se profile une bataille navale surréaliste, opposant un navire des Yankees du nord face au bateau des sudistes. Juin 1864, comment ces bâtiments ont-ils pu se perdre dans le vieux monde, mystère.
J’ai hésité à vous parler de ce court roman, une femme quittée par son mari sort dans la rue et entame une discussion avec un homme qui se trouvait seul, en train de fumer sur le trottoir. Ensemble, ils vont passer la nuit à se raconter, à se séduire aussi. Fallait-il s’arrêter à ce roman fait de bons sentiments ? La lecture nous en dit plus : la rencontre des deux solitudes nous entraîne en effet dans une sorte de parade amoureuse, faite de silences et de confidences, mais aussi d’une forme de complicité, d’appel au secours, de rappel de ce qu’est l’amour.
Le roman de Maryline Desbiolles raconte cette première grève de femmes, dans les ateliers de soierie en bord de Rhône… C’est le cadre de ce petit roman énergique, vif, qui tisse entre ces femmes du XIXe siècle et celles d’aujourd’hui un lien, un héritage, un passage de relais.
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