
"Un Avenir radieux" est un roman jubilatoire, signé Pierre Lemaître. Les deux tomes précédents racontaient déjà l’épopée de Louis Pelletier, patron d’une savonnerie à Beyrouth (dans Le Grand Monde) et l’aspiration à la vie parisienne de ses descendants (dans Le Silence et la Colère).
Le troisième volet de la tétralogie se passe en 1959, marqué, comme les précédents, par les évolutions rapides durant Les Trente Glorieuses. Un Avenir radieux, titre de ce troisième opus, dans lequel on retrouve la famille Pelletier qui sera soumise à bien des vicissitudes.
On se souvient de « Au-revoir là-haut », chronique de l’après-guerre de 14, prix Goncourt et porté à l’écran. Depuis, Pierre Lemaître parcourt le XXe siècle dont il restitue l’ambiance et les événements. Il excelle dans cet exercice du feuilleton qui est à la littérature ce que sont les séries TV au cinéma, dynamiques, inventives, addictives. Ses fans ont dû attendre deux ans pour avoir des nouvelles de la famille Pelletier.
Les deux tomes précédents racontaient déjà l’épopée de Louis Pelletier, patron d’une savonnerie à Beyrouth (dans Le Grand Monde) et l’aspiration à la vie parisienne de ses descendants (dans Le Silence et la Colère). Le troisième volet de la tétralogie se passe en 1959, marqué, comme les précédents, par les évolutions rapides durant Les Trente Glorieuses. L’économie est florissante, l’audiovisuel s’impose dans un panorama médiatique nouveau… De quoi rêver quand même à "Un Avenir radieux", titre de ce troisième opus, alors même que la famille Pelletier sera soumise à bien des vicissitudes.
Ceux qui les connaissent déjà retrouveront Louis le patriarche vieillissant et sa femme Angèle, Jean, le fils aîné un peu falot et mal marié à Geneviève, François journaliste brillant, et la discrète Hélène la dernière. Les lecteurs qui ne se seraient pas précipités sur les deux premiers titres ne seront pas perdus pour autant. Le roman qu’on peut lire indépendamment s’ouvre sur la perspective d’un voyage d’affaires à Prague, de l’autre côté du rideau de fer.
Il n’en faut pas plus pour Pierre Lemaître venu du polar pour tisser une intrigue faite d’espions et de secrets d’Etat. Encore qu’on ne s’improvise pas agent secret, et que certains des personnages tiennent plus des pieds nickelés que des agents doubles. En pleine guerre froide, l’un des fils Pelletier en fera les frais, lui qui s’est engagé après mure réflexion dans une affaire d’état, tandis que sa belle-sœur tente de capter l’entreprise familiale à son seul profit.
A l’aube des années 1960, « le progrès technologique permet à la ménagère de se ménager », est-il énoncé, avec l’avènement la cocotte SEB ou du fer à repasser. Hélène lance une émission de confidences à l’antenne. L’entreprise familiale se développe mais à quel prix ? Les uns et les autres se trouvent confrontés à des cas de conscience : « On commence par accepter des choses qu’on ne désire pas, on finit par accepter des choses qu’on réprouve », avertit l’un des membres de la famille. Louis, en chef de clan, sent bien les tensions, devine les bévues : « leur retour en France lui était apparu comme une nouvelle vie, au lieu de quoi tout s’était déglingué à une vitesse confondante. Il vivait dans une anxiété permanente concernant l’avenir ».
Curieusement, le conseil de famille s’élargit, mais les différents membres n’ont jamais été aussi seuls, mis à l’épreuve, traînant parfois leurs secrète culpabilité. Il en est des rebondissements comme dans nos séries télé. On croyait que tout irait de mieux en mieux, mais rien n’est sûr : « La technologie bienfaitrice, vecteur programmé du progrès, allait devenir une source d’inquiétude dont les premiers concernés resteraient les plus ignorants. » Il faudra attendre le quatrième tome de cette fresque pour en savoir davantage sur le devenir de la famille Pelletier et sur l’avenir du monde, peut-être pas si radieux.
Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
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