LE POINT DE VUE DE CLOTILDE BROSSOLLET - C'est une séquence politique qui a pu sembler sans grande importance mais, qui, pour Clotilde Brossollet, est emblématique de ce qui conduit à la désaffection du politique par les électeurs.
En effet, le 22 janvier dernier, Emmanuel Macron, s’est cru malin, en répondant sur TikTok à un influenceur qui l’avait interpelé sur ce même réseau. L’homme se plaignait d’avoir été verbalisé pour avoir payé un péage autoroutier avec son téléphone.
Si la question du paiement des péages par téléphone n’est pas un sujet idiot, il est tout de même autorisé de se demander s’il est bien du ressort d’un Président de la République de prendre en main ce type de question. Emmanuel Macron se veut le chantre de la simplification et il suffit d’écouter son discours lors de la Rencontre des cadres dirigeants de l’État, en mars 2024, pour mesurer toute la mauvaise foi de l’homme sur le sujet. Alors qu’il évoquait la loi sur le droit à l’erreur qu’il avait appelée de ses vœux, le Président déplorait la longue liste des exceptions qui s’étaient ajoutées, occultant totalement que ces exceptions avaient été ajoutées à l’Assemblée par sa propre majorité et par le gouvernement lors des conseils des ministres qu’il préside. Dans cette allocution, à laquelle notre séquence Tik-Tok fait écho, Emmanuel Macron accusait à demi-mot, mais à tort, l’administration de ne pas appliquer les directives qu’il exige. S’ériger alors en défenseur de la simplification de la vie quotidienne est bien hypocrite et relève de la pure communication d’un Président de la République qui cherche à donner une image d’action à inaction.
Si cette séquence politique n’est qu’une opération de communication, ne révèle-t-elle pas d’un désir d’être proche des Français et de leurs préoccupations ? Il est tout de même autorisé de se demander aussi s’il est bien de la qualité d’un Président de la République de répondre à toute interpellation de n’importe quel clampin mécontent sur les réseaux sociaux. Cette attitude qui relève d’une volonté de verticalité directe du pouvoir n’est qu’un aveu de déconnection, déconnection qu’il a lui-même provoquée. En agissant ainsi il veut montrer qu’il est en prise directe avec les Français. Mais une telle conception de l’exercice du pouvoir est un échec total : sa côte de popularité atteint des niveaux dignes de 20 000 lieues sous les mers et les Français le qualifient d’arrogant, de méprisant… En voulant s’adresser directement au peuple, le Président de la République a achevé les corps intermédiaires, ces groupes sociaux et institutions qui se situent entre l’individu et l’État. En les annihilant, il s’est privé d’une courroie de transmission indispensable à la vie sociale et politique et a parfait sa déconnection avec les Français. Dans le contexte de crise multiple que connaît notre pays, faire mumuse sur les réseaux sociaux en étant persuadé que c’est un geste politique, donne à penser que notre Président de la République manque de sérieux et n’a aucune conscience de la réalité des préoccupations réelles de ses concitoyens.
Plus encore, une rapide enquête menée par le journaliste du Figaro Paul Sugy a révélé que, non seulement Emmanuel Macron avait, abaissé la fonction présidentielle mais aussi qu’il l’avait ridiculisée. En effet, l’influenceur à qui Emmanuel Macron s’est cru grand de répondre est un converti à l’islam, un islam radical. En donnant du crédit à cet homme, à l’heure où le gouvernement essaye d’expulser les influenceurs islamistes, Emmanuel Macron a fait perdre du crédit à la République.
Après, il ne faut pas s’étonner que le taux d’abstention ne cesse de croître. À quoi cela sert-il d’aller voter si nos élus aux plus hautes fonctions préfèrent jouer aux influenceurs et pour exister, surréagissent à tout et négligent ce pour quoi ils ont été élus.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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