Montpellier
Dans les pays slaves de tradition orthodoxe, le Grand Carême est bien plus qu’un simple jeûne : c’est un chemin de purification et de renouveau. Entre rites liturgiques intenses, traditions culinaires et solidarité, ce temps fort prépare à la lumière de Pâques.
Alors que les catholiques occidentaux entrent en Carême avec le Mercredi des Cendres, les chrétiens orthodoxes, en particulier dans les pays slaves, suivent un calendrier liturgique différent et observent le Grand Carême, une période de jeûne et de prière intense qui prépare à la célébration de Pâques. Une tradition ancestrale qui mêle rigueur et ferveur spirituelle.
Le Grand Carême, ou "Velikiy Post" dans les pays slaves, est une période centrale du calendrier liturgique orthodoxe. Ce jeûne strict, qui précède la fête de Pâques, s’étend sur quarante jours, suivis de la Semaine Sainte et s’ouvre avec le "Lundi pur", se caractérise par un jeûne particulièrement rigoureux.
En Russie, en Serbie ou encore en Bulgarie, les premiers jours du Carême sont marqués par une austérité accrue, avec des offices longs et solennels, comme le Grand Canon de saint André de Crète, un texte liturgique puissant qui invite à la repentance, où les fidèles se prosternent à plusieurs reprises dans une démarche d'humilité.
Le dimanche des Rameaux, qui précède la Semaine Sainte, est également un temps fort, marqué par des processions et des bénédictions de rameaux de saule.
Dans ces traditions slaves, le Grand Carême n’est pas seulement un temps de privation, mais un chemin de transformation intérieure. Les fidèles sont appelés à intensifier leur prière, à lire davantage les Écritures et à multiplier les gestes de charité.
"Le Carême est un temps de lutte spirituelle, où chacun est invité à s’alléger du superflu pour se recentrer sur l’essentiel : la foi et l’amour du prochain", explique Tatiana Sleptsova, notre chroniqueuse, juriste de profession et vice-président de l’Association cultuelle de l’église Sainte Philothée à Montpellier.
Si l’austérité domine, certaines traditions populaires apportent des couleurs et de la chaleur à cette période. En Russie et en Ukraine, la Maslenitsa, fête joyeuse précédant le début du Carême, est une semaine de festins où l’on déguste des blinis, symboles du soleil, avant d’entrer dans la sobriété.
En Serbie et en Bulgarie, il est d’usage d’accrocher des "martenitsa" (petits bracelets de laine rouge et blanche) aux arbres au début du Carême, un geste associé au renouveau du printemps et à la purification.
Le Carême est vécu comme une ascèse, mais aussi comme un chemin vers la Résurrection. Après quarante jours d’effort, la Semaine Sainte marque l’ultime étape de cette traversée spirituelle.
En Serbie ou en Macédoine du Nord, les églises s’emplissent de fidèles venus assister aux offices poignants du Jeudi saint et du Vendredi saint. Le Samedi saint, la veille de Pâques, la ferveur atteint son paroxysme. En Russie, des milliers de croyants affluent dans les églises pour la Vigile pascale, une nuit illuminée de bougies et de chants jubilatoires.
Dans les pays slaves, cette célébration se prolonge souvent par un festin joyeux où l’on partage le fameux Koulitch, un pain brioché décoré, et les œufs teints en rouge, évoquant le sang du Christ et la vie nouvelle.
Comme le résume le métropolite orthodoxe de Budapest et de Hongrie Hilarion Alfeyev, théologien, compositeur et évêque orthodoxe russe : "Le Carême est un effort, mais il nous ouvre à une joie plus profonde, celle de Pâques, où tout est lumière et victoire."
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