L'humeur politique de Dominique Breillat RCF - page 9

La rencontre entre Joe Biden et Emmanuel Macron a sans doute permis d'apaiser les tensions franco-américaines. Mais même si Joe Biden n'est pas Donald Trump, il n'en reste pas moins que les Etats-Unis penseront toujours d'abord à leurs intérêts avant ceux de leurs alliés. Et c'est l'attitude de tout Etat, y compris la France bien sûr, que de penser d'abord à soi.

Parmi les propositions formulées par Anne Hidalgo, figure le vote à 16 ans, une proposition qu'elle n'est pas la seule à faire et qui interviendra sans doute dans la campagne présidentielle. Si aujourd'hui, le vote à 18 ans instauré par Valéry Giscard d'Estaing est devenu la règle dans le monde, beaucoup plus rares sont les États ayant mis en place le vote à 16 ans. Une telle réforme suscitera certainement un débat passionné. Peut-être faudrait-il parfaire l’expérience au niveau des élections municipales. Mais avant tout, il faudra revoir l’enseignement si délabré de l’éducation civique pour ces jeunes électeurs potentiels

Non sans courage, Emmanuel Macron tente d'affronter, par des gestes symboliques les atrocités de la Guerre d'Algérie. A l'occasion de la commémoration de la dramatique répression de la manifestations du 17 octobre 1961, il a considéré que "les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon étaient inexcusables pour la République ». Mais Papon n'est-il pas un bouc émissaire facile car ni le ministre de l'intérieur, ni le premier ministre, ni le chef de l'Etat d'alors ne l'ont désavoué le laissant en fonction encore cinq ans. Il est vrai que cette reconnaissance d'atrocités ne peut se faire qu'à petits pas voulant éviter toute polémique.

Dans son discours commémorant les 40 ans de l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter a rendu hommage à ceux qui en avaient été les artisans et soulignant que abolition transcendait les clivages politiques car s’il y avait des personnalités de gauche, il y avait aussi des personnalités de l'opposition, évoquant entre autres Pierre Bas, Bernard Stasi, Philippe Seguion et le courage politique de Jacques Chirac qu'on ne souligne jamais assez sur ce sujet. Ils votèrent pour l'abolition contre la majorité de leur camp faisant leurs les propos de Jean Jaurès en 1908: " la peine de mort « est contraire à ce que l'humanité, depuis deux mille ans, a pensé de plus haut et a rêvé de plus noble. Elle est contraire à la fois à l'esprit du christianisme et à l'esprit de la Révolution".

L'attitude ambiguë de Sandrine Rousseau à l'égard de la candidature de Yannick Jadot est regrettable. La logique d'une primaire est que les concurrents battus s'engagent à soutenir le candidat vainqueur. C'est pour avoir oublié ce principe pourtant simple que l'élection primaire connaît un discrédit. En ne soutenant pas de façon claire et nette Yannick Jadot, Sandrine Rousseau met en danger la candidature de Yannick Jadot mais surtout le principe même des élections primaires qui pourtant semblent un progrès de la démocratie

L'éclatement du spectre politique allemand rend difficile la formation d'un gouvernement. Celui-ci ne pourra être qu'un gouvernement de coalition. Or, tout semble devoir dépendre de l'attitude des libéraux. Accepteront-ils une coalition avec Scholz, et les Verts ou bien favoriseront-ils une coalition avec la CDU et les Verts même si ceux-ci semblent éloignés des chrétiens-démocrates ? La représentation proportionnelle donne un pouvoir fort aux petits partis, indispensables pour former une majorité, la démocratie n'y gagnant pas forcément. A Berlin les négociations risquent être difficiles et longues.

Le 21 septembre est la journée mondiale de la paix dans le cadre des Nations Unies. On ne peut dire qu'elle ait un retentissement exceptionnel alors qu'elle devrait se manifester par un jour de trêve mondiale. Ne devrait-on pas aussi revenir à l'idée de trêve olympique ? Les jeux de Tokyo n'ont pas vu les divers combattants du monde arrêter leurs actions. Mme Hidalgo ne pourrait-elle prendre une intiative forte à cet égard pour les jeux de Paris ?

Le départ catastrophique des États-Unis et de leurs alliés conduit à s'interroger sur une autre intervention occidentale, celle de la France au Mali. Avec leur puissance matérielle, les grands États atteignent leur objectif dans un premier temps. Puis la mise en place d'un système durable que l’on veut démocratique échoue car le conflit s'enlise et le temps joue pour ceux qui ont été battus initIalement. C'est ce que nous avons vu en Afghanistan. La France devrait en tirer très vite les leçons au Mali sinon elle risquerait de connaître la même humiliation que les Américains.

La mise en place de la passe sanitaire - formulation qui devrait être retenue pour respecter la langue française - apparaît bien comme l'instauration d'une obligation sanitaire qui ne veut pas dire son nom. Mais avec ses multiples obligations et multiples exceptions, elle donne une impression bien souvent de manque d'unité difficile à comprendre par le citoyen. N'eut-il pas été plus logique d'affirmer très vite une obligation sanitaire. Après tout depuis le loi du 30 décembre 2017, 11 vaccinations obligatoires existent déjà. Mais il aurait alors fallu un travail pédagogique dans lequel nos gouvernants n'excellent pas toujours.

Très bientôt les élus et notamment les maires vont devoir affronter la caravane des solliciteurs de signatures pour l'élection présidentielle. Alors qu'ils ont bien d'autres choses à faire ils auront du mal à éconduire des demandeurs hésitant souvent à le faire par respect des différents prétendants. Mais peut-on trouver un meilleur système pour limiter démocratiquement le nombre des candidats?

Épargnée par son insularité la Nouvelle-Calédonie a été le dernier territoire au monde à connaître la grippe espagnole en juillet-août 1921 il y a un siècle. Alors qu'on ignorait un vaccin contre cette maladie, la pandémie aura duré trois ans et demi et fait plus de 50 millions de victimes. Un siècle après ses dernières victimes tirons en les leçons en cette période de Covid-19.

Il y a un an une double explosion à Beyrouth faisait au moins 214 victimes et plus de 6 500 blessés. Aujourd'hui le Liban s'enfonce dans une crise économique faisant que plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté. S'y ajoute la crise sanitaire gravissime. Après avoir cherché à former un gouvernement pendant 9 mois Saad Hariri a renoncé et l'homme le plus riche du pays a été mis à la tête du gouvernement. Réussira-t-il à résoudre ces crises? On peut être bien circonspect.

Ceux qui ont regardé l'épreuve de judo féminin des moins de 63 kgs ont été émus en entendant La Marseillaise. Mais Clarisse Agbénégnou doit sa victoire à ses qualités personnelles forgées par sa famille franco-togolaise admirable. Et je regrette qu'avec La Marseillaiuse on n'ait pas entendu Terre de nos aïeux, l'hymne togolais. Alors écoutons-le !

La liberté de manifestation est un bien précieux en démocratie. Encore faut-il savoir manifester. Ceux qui ont voulu s'opposer aux règles sanitaires, et ils en avaient le droit, l'ont pour certains fait de façon inadmissible en arborant une étoile jaune. Un tel comportement est une insulte aux victimes de la Shoah. Que ces manifestants apprennent à respecter la dignité de ceux qui ont souffert dans l'une des plus grandes tragédies de l'histoire.

Ce qui vient de se passer en Allemagne et en Belgique pourrait tout aussi bien survenir en France. Rappelons-nous la vallée de la Roya il y a quelques mois. Que nos nouveaux élus communaux, départementaux régionaux s'emparent très vite de cette question en procédant à un inventaire systématique des risques encourus par tous nos territoires. Cela doit être leur priorité si nous ne voulons pas connaître les drames allemand et belge.

L'annonce doit être faite que l'élection présidentielle aura lieu les 10 et 24 avril 2022. On ne pouvait faire plus mauvais choix, se situant en période de vacances de printemps. Veut-on battre de nouveaux records d'abstention. Que n'a-t-on pris le temps depuis 2017 pour remédier aux multiples imperfections techniques de cette élection. C'est bien dommage.

Suite à la répartition des sièges au Conseil régional, quatre départements ont moins de sièges que ce que leur démographie leur accorde en raison d'un mode de scrutin inique. Tous sont situés dans le Nord de la Région. Monsieur le Président faites en sorte que l'Assemblée des régions de France propose une réforme du mode de scrutin dans un sens équitable.

Parmi les multiples explications relatives à l'abstention on peut citer les dysfonctionnements dans la distribution des professions de foi et bulletins aux électeurs. La diminution très forte du courrier, l’ouverture de la distribution postale à la concurrence a conduit à la dégradation du service postal. Il serait temps que les autorités considèrent qu'il y a une partie du service postal qui s'inscrit dans une fonction régalienne et que soient prises les mesures pour assurer une efficacité qui faisait dans le passé la marque du service postal français. Mais en aura-t-on la volonté ?

Parmi les causes de l'abstention dimanche, certains ont évoqué l'ignorance par les électeurs de nos régions et de nos départements, de leurs compétences, du mode de recrutement des conseils. Ce n'est que la conséquence de l'état de délabrement de l' Enseignement moral et civique. Le programme pour les lycées se garde bien d'évoquer la constitution ou les collectivités territoriales. Et pourtant à la fin du lycée, l'élève va pouvoir voter.

Après la gilfle au Président de la République et les deux personnalités politiques enfarinées, il ne faudrait pas que l'on s'habitue à ces violences sur nos élus. Il suffira d'appliquer fermement le droit pénal et de soumettre les auteurs à un suivi psychologique réel. Encore faut-il que les magistrats aient les moyens matériels de le faire.