L'humeur politique de Dominique Breillat

Le 10 décembre, dans ma chronique, j'exprimais mon pessimisme après la chute du régime de Bachar Al-Assad.
Malheureusement, les évènements de ces derniers jours, m'ont donné raison avec l'attaque des partisans du régime déchu et la répression féroce qui a suivi avec notamment des civils alaouites victimes d'exécutions sommaires.
Le nouveau régime issu d'un courant radical sunnite a essayé de donner une image rassurante afin d'obtenir entre autres la levée des sanctions des occidentaux mais les alaouites, principalement les kurdes, les druses et les chrétiens ont pu manifester leur crainte.
Mon pessimisme était malheureusement fondé.

En 1939, Hitler avait convoqué à Berlin, le président tchécoslovaque Emil Hacha et par des menaces sur ce président malade avait obtenu la signature d'un traité permettant à l'Allemagne d'occuper tout le territoire. Face aux menaces du président Trump et de son vice-président, Zelensky a su garder son sang froid et ne pas céder. Pourra-t-il longtemps résister ? Les européens devraient se rappeler le président Émile Hacha et soutenir le président ukrainien.

Après les élections législatives l'Allemagne va connaître l'alternance avec un chancelier chrétien-démocrate. Mais la CDU/CSU est minoritaire et il faudra un gouvernement de coalition. Avec qui ? Die Linke est exclue. L'extrême droite que l'on pouvait craindre devrait faire l'objet d'un cordon sanitaire. C'est vraisemblablement avec les Sociaux-démocrates, très affaiblis, que se formera la coalition.
Le modèle allemand pourrait-il inspirer nos députés français à la recherche d'une coalition stable ? On peut en douter car pour nos élus "vérité en deçà du Rhin, erreur au-delà".

Les désignations des membres du Conseil Constitutionnel sont souvent l'objet de débat. C'est le cas cette année avec la désignation de Richard Ferrand dont les caractéristiques ne plaident pas en faveur d'une indépendance de l'institution. Ancien président de l'Assemblée Nationale, il a été battu aux élections législatives et trouve là un lot de consolation. Les parlementaires pourraient refuser cette nomination mais on peut en douter car il faut 3/5ème des voix des membres des commissions des lois et cela semble bien difficile à atteindre. Heureusement, la désignation de Laurence Vichnievsky et surtout de Philippe Bas rehausse un peu plus l'institution.

Donald Trump aura bien des difficultés à mettre en oeuvre sa politique d'expulsion des migrants clandestins. Il rencontrera des problèmes de logistique, les Etats-Unis ne disposant pas des moyens matériels pour une telle opération. Il devra faire face à des problèmes économiques car ces personnes sont indispensables à l'économie américaine. Enfin il se heurtera à des problèmes juridiques, les Etats et villes démocrates entendant porter l'action sur le terrain judiciaire tant ces mesures s'avèrent pour certaines d'entre elles contraires à la Constitution.

Il y a 80 ans, le 27 janvier 1945, l'armée soviétique libérait le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Hier à la cérémonie commémorative était présent une cinquantaine de survivants mais bientôt, il n'y en aura plus pour dire la réalité de cette horreur. On peut craindre alors que les négationnistes puissent diffuser leurs intolérables mensonges.

Les élections législatives partielles dans les Ardennes et dans l'Isère ont été un échec pour les deux formations politiques radicales : Le Rassemblement National et la France Insoumise. Elles ont montré la lassitude des électeurs face à l'imbroglio politique dans lequel nous nous trouvons depuis Juin et sans doute conforté le Parti Socialiste de ne pas censurer le gouvernement.

Lors de ses vœux, le président Macron a annoncé qu'il demandera aux
Français "de trancher certains sujets". Les commentateurs ont pensé au
recours au référendum ou aux conventions citoyennes. Sans doute le
référendum est-il possible en France. mais il ne peut porter sur n'importe quel sujet et devient très vite une question de confiance pour le chef de l'État. La procédure est complexe et constitue un parcours d'obstacles qu'un président sans majorité n'est pas certain de franchir.
Nous ne sommes pas en Suisse. Finalement la seule façon de consulter les Français serait la dissolution après le 7 juillet mais il y a peu de
chances qu'elle mette fin à notre imbroglio politique.

Depuis 1841, Mayotte est sous souveraineté française et a fait sécession de l'archipel des Comores en 1974, exprimant le voeu de rester française. Son statut a évolué jusqu'a ce qu'elle devienne en 2011 le 101ème département français mais elle a aussi le titre peu enviable de département le plus pauvre de France. Le cyclone Chido, samedi dernier, a mis en évidence la situation dramatique de l'île. On ne peut dire combien il y a eu de victimes, sans doute plus d'un millier. Il faudra un plan d'urgence pour que l'île puisse renaître à la vie. Mais l'état de nos finances le permettra t-il ?

La France semble encore en campagne électorale. Certains imaginant une élection présidentielle anticipée ou encore une dissolution après le 7 juillet 2025. Mais il est certain que les élections municipales de 2026 sont fermement fixées dans le calendrier et déjà, on s'y prépare. A Paris, Anne Hidalgo a annoncé qu'elle renonçait à un troisième mandat. Mais qui pour lui succéder ? Les socialistes sont divisés avec Rémy Féraud adoubé par la Maire et Emmanuel Grégoire, ancien premier-adjoint. L'opposition n'est pas plus unie avec Rachida Dati, certains parlant aussi de Gabriel Attal. La campagne sera sans doute agitée et nous offrira des belles péripéties.

En 1787, les rédacteurs de la constitution américaine avaient imaginé un système d'équilibre des pouvoirs afin d'empécher la suprématie d'un organe. Pourtant, avec la victoire de Donald Trump, cet équilibre semble rompu. L'exécutif, bien évidemment est entre ses mains après une victoire induscutable puisqu'il a non seulement la majorité des grands électeurs mais aussi celle des suffrages populaires, ce qui n'avait pas été le cas en 2016. Mais les Républicains dominent aussi le Congrès ayant la majorité à la Chambre des Représentants et au Sénat. Donald Trump, cependant, se heurtera à la constitution ne pouvant la modifier tant la procédure est difficile. Il ne reste plus comme contre-pouvoir que les États puisque nous sommes dans un État fédéral. Et les Démocrates vont être dans l'attente des midterm elections en 2026.

Poitiers est sous le choc après la mort du jeune Anis, 15 ans, victime colatérale d'une fusillade le 31 octobre dans le quartier des Couronneries. Anis "était un lycéen gentil et bienveillant qui aimait le sport". Les commentaires sur ces évènements ont été bien trop rapides notamment ceux du ministre de l'intérieur, allant jusqu'à évoquer la présence de 4 à 600 cents personnesn ce qui était tout à fait faux.
Le narcotrafic qui touchait les grandes villes s'étend maintenant aux villes moyennes voire aux petites villes. Le ministre a annoncé une mobilisation générale mais elle nécessitera des crédits et dans le contexte financier actuel cela semble illusoire. Nous aurons sans doute encore à pleurer d'autres Anis.

Il y a quelques décennies, le guide Michelin rouge qualifiait les villes instaurant le stationnement payant de villes mendiantes. Mais aujourd'hui, c'est surtout l'État qui est devenu mendiant. La ministre de la culture vient d'en apporter l'illustration en suggérant un droit d'entrée dans les cathédrales et églises. Une telle proposition est tout à fait contraire à la loi de 1905 qui pose notamment le principe de gratuité concerant l'utilisation des lieux de cultes. En outre, ce serait une atteinte grave à la liberté de conviction religieuse que devrait sanctionner le Conseil constitutionnel.

Le ministre de l'intérieur a décidé qu'il y aurait un local de rétention administrative pour les étrangers dans la Vienne. Il a osé choisir Rouillé où Vichy avait établi "un centre de séjour surveillé" où des détenus ont pour certains été fusillés à Biard ou sont partis mourir à Auschwitz. Il y a des lieux qui devraient être, totalement, absolument protégés, respectés. Il y a malheureusement d'autres lieux dramatiques : Drancy, Rivesaltes...
Peut-on espérer que le ministre respecte enfin la mémoire des martyrs de Rouillé ?

Le Prix Nobel de la Paix a été décerné vendredi dernier à une organisation japonaise peu connue en France, Nihon Hidankyo, organisation fondée par les survivants des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki en 1945. Il a voulu alerter sur la menace que font peser l;es armes atomiques dans les conflits aujourd'hui. On pouvait penser que le comité aurait désigné un lauréat en lien avec le conflit au Proche-Orient, comme l'UNRWA. Mais son choix s'avère tout aussi actuel car les menaces de l'utilisation de l'arme atomique sont présentes principalement dans la guerre russo-ukrainienne après les déclarations le 25 septembre de Vladimir Poutine, dans le conflit entre Israël et l'Iran ou très récemment dans le conflit entre les deux Corées après les menaces du leader nord-coréen Kim Jong-un. Oui! il n'y a plus de tabou nucléaire aujourd'hui et le Comité Nobel a eu raison de le rappeler.

Une fois de plus le Liban est au coeur des conflits du Proche-Orient et il apparaît bien seul. La France semble le seul pays à se préoccuper du drame qu'il vit et c'est vrai que nous lui sommes indéfectiblement attachés tant nos liens notamment culturels sont forts. On comprend mieux que le président Macron ait profité du Sommet de la Francophonie pour demander l'arrêt des opérations afin que le Liban ne soit pas un "nouveau Gaza". On regrettera que notre classe politique une fois de plus, n'ait pas été capable de faire preuve d'unité. On ne peut que dire avec Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, "Onze mois. Assez! Personne ne peut plus supporter cela. L'humanité doit l'emporter. Cessez-le-feu immédiatement !