L'humeur politique de Dominique Breillat RCF - page 6

Nous avions évoqué la semaine dernière la dégradation du service postal avec la suppression du timbre rouge. La Poste récidive cette semaine en mettant en place la distribution du courrier seulement un jour sur deux. C'est une expérimentatation dans 68 communes mais on peut deviner la suite. Il y aura généralisation puis un jour on supprimera tout simplement la distribution de tout courrier.

Le 1er janvier voit la dégradation du service public postal avec la suppression du timbre rouge pour les lettres prioritaires. Désormais il faudra utiliser son ordinateur ou aller à un bureau de poste. Mais comment ferons ceux qui n'ont pas d'ordinateur ou qui sont en milieu rural sans bureau de poste ? C'est l'illustration de la fracture numérique et de la fracture entre monde rural et monde urbain. Et qu'on ne nous invoque pas l'environnement pour justifier une telle dégradation.

Jusqu'à maintenant, tout ce qui comptait en matière de musées était à Paris et les provinciaux devaient toujours faire le voyage à la capitale. L'expérience du Louvre-Lens qui vient de fêter son anniversaire est une magnifique réussite qui a cassé nos mauvaises habitudes. Un musée exposant des œuvres majeures du Louvre dans une ville de province qui n'est pas une métropole, accueillant plus d’ouvriers et d'employés que les autres musées français, c'est un modèle dont il faut continuer à s'inspirer et plutôt dans des villes négligées que dans les grandes métropoles provinciales.

Les députés ont approuvé à une très large majorité le 24 novembre, la constitutionalisation du droit à l'avortement. Mais la procédure est très loin d'être terminée et il faudra d'une part l'accord du sénat et sutout d'uatre part, il faudra une ratification par référendum, or un référendum est toujours incertain. Il y aura sans doute encore quelques péripéties.

La proposition de loi d'Aymeric Caron pour l'interdiction des corridas doit être discuté jeudi. On verra sans doute l'absence de compromis si caractéristique de la France. Mais si les propositions du Sénat pour encadrer plus strictement la chasse venaient à leur tour à être discutées au parlement, nul doute que l'absence de cet esprit de compromis se manifesterait de façon encore plus exacerbée.

Les activistes qui pour délivrer leur message se sont attaqués à des chefs d'oeuvres du génie artistique oublient que ceux-ci appartiennent aussi à notre terre. Ils n'ont pas conscience que leur action est contre productive.

La maire de Poitiers s'est trouvée confrontée à la question de la désobéissance civile. Se rendant à Saint-Soline pour participer aux manifestations, elle pénétrait dans une zone interdite et elle a été frappée d'une amende de 135€.
La veille, le préfet de la Vienne avait saisi le tribunal administratif de l'attribution d'une subvention à l'association Alternatiba organisant des ateliers de désobéissance civile.
Le préfet se fondait sur la loi séparatisme et la maire de Poitiers contestait son interprétation. On peut s'attendre à ce que bientôt, la Cour européenne des droits de l'homme vienne dire ce qu'est la désobéissance civile, la loi de 2021 étant l'objet de grandes discussions.

Démocratie modèle avec ce bipartisme et des alternances régulières, le
Royaume-Uni semblait le régime politique idéal. Mais actuellement il s'enfonce dans les crises: politique, économique et sociale. Risdhi Sunak devient le cinquième premier ministre depuis le catastrophique Brexit. Pourra-t-il sauver le pays du désastre? Il va être soumis à des pressions pour de nouvelles élections. Elles seraient désastreuses pour les conservateurs. Il va tente de durer. Mais le pourra-t-il? On peut en douter.

Il y a très exactement un an, le président Macron lançait au Futuroscope l'idée d'états généraux de la justice. Le rapport rendu le 8 juillet dressait un tableau accablant de notre système judiciaire. Pourtant chaque année la Commission européenne pour l’efficacité de la Justice du Conseil de l'Europe du Conseil de l'Europe alertait sur notre situation et le 5 octobre cela a été le même constat. Nous sommes les mauvais élèves de l'Europe. Les mesures préconisées par les états généraux seront-elles efficaces? Et surtout seront-elles même mises en oeuivre? On peut en douter car la justice ne fait pas partie depuis bien longtemps des préoccupations majeures de nos gouvernants.

Devant le recul des troupes russes face à la contre-offensive ukrainienne on peut se demander jusqu'où ira Vladimir Poutine dans son action militaire. Les référendums bien encadrés ayant conduit à un rattachement de territoires ukrainiens à la Russie, il pourra arguer que son combat est défensif et que l’arme atomique peut être utilisée. Le Pape Français l'a supplié d'arrêter cette "spirale de violence et de mort". Puisse-t-il être entendu

Le paysage politique de l'Union européenne va être bouleversé avec les élections législatives suédoises et italiennes. Avec le renfort de la Hongrie et de la Pologne, la Suède et l'Italie vont rendre bien difficiles les solutions aux crises qui touchent actuellement l'Europe.

La reine Elizabeth II et l'ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorvatchev nous ont quittés ces derniers jours. Ils ont été traités bien différemment par les médias et les dirigeants politiques. Il y a eu des pages et des pages dans la presse et de multiples émissions à la radio et à la télévision pour Elizabeth II. Cela a été presque un silence total pour Gorbatchev. Des funérailles grandioses pour la reine, des obsèques bien modestes pour l'ancien président. Pourtant dans quelques années on évoquera le rôle capital du dirigeant russe alors que celui de la reine aura été beaucoup plus limité.

C'était cette semaine la rentrée du nouveau ministre de l'éducation nationale Pap Ndiaye. C'est toujours un moment important lorsque l'on est nouveau ministre. Il y a eu des symboles avec l'inauguration du groupe scolaire Jules-Géraud Salliège, portant le nom, cas unique en France pour une école publique, d'un homme d'Église. Il fut l'honneur de cette Église pendant le régime de Vichy. Mais Pap Ndiaye va devoir affronter de grandes difficultés et notament la condition matérielle des enseignants. Et il est peu probable que les mesures annoncées suffisent à rendre "le plus beau métier du monde" attractif.

Lors d'une réunion dans le cadre de la campagne au sein du parti conservateur pour succéder à Boris Johnson, on a demandé à Liz Truss qui semble favorite dans les sondages face à Rishi Sunak: "Macron ami ou ennemi". Et elle a répondu de façon peu courtoise "Le jury est toujours en train de délibérer". Cela augure mal des futures relations franco-britanniques. Et ce serait plutôt à nous Français de poser la question "Liz Truss, amie ou ennemie ?".

Les journalistes français ont toujours eu de graves problèmes avec les langues étrangères, n'ayant que peu de respect à leur égard. On le constate avec les patronymes étrangers soit prononcés de façon franchouillarde, soit stupidement à l'anglaise. Le tour de France en a été un bel exemple et aucun n'a prononcé correctement le nom du vainqueur Jonas Vingegaard. Nos journalistes devraient suivre un recyclage linguistique.

Depuis la révision constitutionnelle de 2008 un président ne peut effectuer plus de deux mandats successifs. Ainsi Emmanuel Macron ne pourra être candidat en 2027. Mais qui représentera son camp? La première ministre Elisabeth Borne, mais il faudrait qu'elle quitte ses fonctions auparavant pour être libre. On ne peut imaginer Jean Castex qui après les déboires électoraux semble avoir renoncé à toute action politique. En revanche Edouard Philippe semble tracer son sillon avec son groupe Horizons. Mais n'y aura-t-il pas tel ou tel jouant le même jeu qu'Emmanuel Macron auprès de François Hollande ? La compétition sera intéressante.

La parité semble être présente en France. 21 femmes sur 42 dans le gouvernement avec une femme première ministre. Mais la réalité est différente. Sur 32 ministres, il n'y a que 12 femmes et, à l'exception de Catherine Colonna, elles ont des portefeuilles mineurs. En revanche sur les 9 secrétaires d'Etat il n'y a qu'un seul homme. Les "jupettes" sont de retour. A L'Assemblée nationale le nombre de femmes a diminué par rapport à 2017 et sur les 8 présidents de commission six sont des hommes, les deux femmes ayant les commissions les moins prestigieuses. La parité est encore loin d'être vraiment atteinte.

Emmanuel Macron avant les élections législatives avait proposé une partie, sinon plus de représentation proportionnelle .
Il pourrait sans doute compter sur le soutien de la NUPES et du RN qui la demandent également.
Et pourtant, il convient d'être prudent. Si elle permet une meilleure représentation des forces politiques, elle empêche l'émergence d'une majorité au parlement.
L'exemple israélien le démontre où on va voter pour la cinquième fois en 4 ans.
L'instauration de la représentation proportionnelle risque fort de fracturer un peu plus notre pays.