Abd al Malik, Qu'Allah bénisse la France et Juliette GrécoD’origine congolaise, Abd Al Malik est né Régis Fayette-Mikano le 14 mars 1975 à Paris et part vivre à Brazzaville à l'âge de deux ans. Son père est diplomate et le changement est radical pour Régis quand ses parents se séparent.
Il revient alors en France en 1981 et se trouve dans une situation de déclassement social au sein du quartier sensible du Neuhof à Strasbourg. Sa mère élève seule ses sept enfants dans un environnement propice à la délinquance. Et Régis n'y échappe pas. Selon son propre témoignage dans son récit autobiographique Qu’Allah bénisse la France, il deale, vole, joue les voyous avec pour modèle les caïds du grand banditisme, sans jamais se faire prendre.
Paradoxalement, il suit en parallèle de brillantes études au collège Saint-Anne à Strasbourg puis au lycée Notre-Dame des Mineurs et enfin à l'Université Marc-Bloch en Philosophie et Lettres classiques jusqu'en licence. Il mène ainsi une double vie à laquelle il n'arrive pas à trouver de sens et est sans cesse partagé entre l'idée de s'éloigner de plus en plus de son quartier et l'envie de se brûler les ailes. Il trouve alors la réponse dans la spiritualité. Né dans une famille de confession catholique, c'est à travers l'islam que Régis Fayette-Mikano développe sa foi.
À Quinze ans, il se convertit à la religion musulmane et se fait désormais appeler Abd al Malik, qui signifie « serviteur de Dieu ». Comme tout Néophyte avide de connaissances, il ressent le besoin d'intégrer un groupe religieux. Mais celui qu'il rejoint, s'inscrit dans la mouvance radicale du Tabligh, laquelle fait l'objet de vives critiques y compris au sein de l'islam. Passant d'un extrême à un autre, Abd al Malik se met à prêcher la bonne parole dans les cités. Son discours manichéen le plonge dans un islam obscurantiste.
En cachette, accompagné de son frère et d'amis du quartier, il se met à rapper pour témoigner de la situation des quartiers et dénoncer les injustices et fonde d'ailleurs le groupe New African Poets (NAP). Il se détourne finalement du Tabligh, lorsqu'en son nom on le somme d'arrêter la musique. NAP sort en 1994 un maxi autoproduit, Trop Beau Pour Être Vrai et se fait une notoriété nationale avec l'album La Racaille Sort un Disque en 1996, La Fin du Monde en 1998 avec de prestigieuses collaborations : Shurik'N (IAM), Rocking Squat (Assassin), Faf Larage et, enfin, l'opus A l'Intérieur de Nous, deux ans plus tard.
Dans le milieu du rap, Abd al Malik fait des rencontres qui vont changer le cours de sa vie. Par le biais du producteur Sulee B Wax (ex-Little MC, groupe de rap des premières heures), le jeune artiste rencontre une certaine Nawell, qui n'est autre que la chanteuse R&B Wallen. Ils tombent amoureux l'un de l'autre et, non sans mal face aux préjugés racistes (il est noir, elle est d'origine marocaine), se marient en 1999. De cette union naît, en 2001, leur fils Muhammad. Toujours en quête de spiritualité, malgré une première mauvaise expérience, Abd al Malik découvre au travers de lectures le soufisme. Il entre alors dans la confrérie Al-Qadiria al-Butchichia et apprend l'amour au sens large et l'acceptation de l'autre auprès de son maître spirituel Sidi Hamza al Qâdiri Boutchichi. Abd al Malik trouve enfin sa voie et se métamorphose en véritable disciple de l'amour universel franchissant les barrières séparant les races, les religions, les hommes et les femmes.
En 2008, entouré par l'équipe de Gibraltar, soit Gérard Jouannest, son frère Bilal et le batteur Régis Ceccarelli, ainsi que du légendaire arrangeur Alain Goraguer, Abd al Malik conçoit l'album panoramique Dante. Celui-ci comprend notamment le single « Roméo et Juliette » avec la complicité de Juliette Gréco, une relecture du classique de Claude Nougaro « Paris mais... » et de Serge Reggiani (« Le Marseillais ») et un hommage au poète Aimé Césaire. Abd al Malik est devenu, au fil du temps, la seule personne à avoir le droit de lire à Juliette Gréco des extraits des livres d’Albert Camus.