Fête du Livre RCF - page 3

Isabelle FLATEN : Un honnête homme ( Anne Carrière éditions )

Pour la suite de cette première journée de la 37ème Fête du livre de Saint-Etienne, Anne-Marie Vergnon reçoit Isabelle Flaten qui nous présente : «  Un honnête homme «  (éditions Anne Carrière), son 13èmeroman. Derrière ce titre plutôt énigmatique, le lecteur découvre le pari étonnant que s’est donné la romancière :  réécrire l’histoire de Madame Bovary du point de vue de Charles, son mari,  et dresser le portrait d’un homme sensible, en avance sur son temps ! Nous avons tous des souvenirs parfois lointains, souvent scolaires du roman de Flaubert, un des chefs d’œuvre de notre littérature et donc du personnage d’Emma Bovary et de son destin tragique.

Une petite bourgade de province, ses notables, ses domestiques et sa rumeur. Charles Bovary, un jeune homme mal assuré, vient s’y établir à l’issue de ses études, suivant docilement la voie que sa mère a tracée pour son fils unique. Il épouse en premières noces une femme plus âgée que lui et richement dotée. Mais, en âme sensible et dévouée, Charles rêve de grand amour et veut fonder une famille. Dans un exercice virtuose, l’auteure réécrit l’histoire de Madame Bovary du point de vue de Charles et dresse le portrait d’un homme, au XIXe siècle, qui peine à remplir le rôle que la société lui a assigné. Différent et vulnérable dans les sentiments qu’il exprime, dans la place qu’il donne à l’amour et au désir, Charles Bovary émerge d’entre les lignes du récit conté par Isabelle Flaten comme un homme de notre temps.

Le plaisir du lecteur est indéniable et, paradoxalement, Anne-Marie Vergnon souligne que cette histoire de Charles Bovary, « Un honnête homme », donne envie de lire avec un œil renouvelé Madame Bovary de Flaubert. Une belle complicité entre la romancière et la lectrice !

Les entretiens sous le chapiteau RCF Lire à Saint-Etienne nous permettent de donner la parole bien sûr d'abord aux écrivains, mais aussi à celles et ceux qui font vivre toute l'année la lecture et les livres chez nous. Les librairies (organisées à Saint-Etienne avec l'association SASLI) et les médiathèques sont des lieux privilégiés de rencontre en proximité avec toutes les formes de lecture et ceux qui les dirigent ou les animent sont en général des passionnés, eux-mêmes souvent "accros" à la culture et à la lecture !

Philippe Georjon est une des personnalités qui animent la vie culturelle depuis les médiathèques de Saint-Etienne, un réseau historiquement dense et en continuelle adaptation pour suivre les changements des habitudes des usagers, petits et grands, qui utilisent les lieux et leurs ressources de plus en plus diversifiées. Il échange avec Solange Simon et évoque les diverses formes que prennent au fil de l'année les "actions culturelles" pilotées par le réseau des médiathèques de Saint-Etienne. C'est aussi l'occasion de saluer le travail fait sur tout notre territoire en faveur de la lecture et de la vie des livres : libraires, maisons d'édition, médiathèques locales, réseau départemental basé à Montbrison,  bibliothèques pour tous, associations comme Lire à Saint-Etienne etc....

Jean-Claude Mourlevat, fidèle à notre plaine du Forez, est un des plus grands auteurs du livre Jeunesse, récompensé en 2021 par le prix Astrid Lindgren, décerné en Suède et dont on dit qu'il est "le prix Nobel de la littérature de jeunesse". Ses ouvrages sont traduits dans de nombreuses langues !
" Jefferson fait de son mieux" est le second volume des aventures de Jefferson, le hérisson et de son copain Gilbert, le cochon plombier. Simone leur amie, vient de disparaitre mystérieusement. Les voilà partis sur les traces de la lapine dépressive !
Un livre jeunesse à partir de 10 ans, mais qu'on savoure à tout âge : drôlerie, émotions, questions de société : Jef, le hérisson, est devenu aujourd'hui un copain pour beaucoup de lecteurs dans de nombreux pays !

La médiathèque de Saint-Etienne est au coeur de la politique de la lecture de notre ville depuis de nombreuses années.
Au fil du temps, les habitudes des "usagers" changent et les équipes s'adaptent, s'appuyant sur des annexes décentralisées dans la ville, sur les bibliobus, la cinémathèque (qui fête cette année ses 100 ans) et surtout l'engagement des personnels !
Philippe Georjon est le responsables des animations qui jalonnent en permanence la vie des médiathèques stéphanoises, engagées bien sûr dans cette 36ème Fête du livre.
Il répond aux questions de Solange Simon, en ouverture de nos 12heures de direct depuis la place de l'hôtel de ville.

Françoise Bourdon est une auteure qui fédère un très large public, touché par des histoires mettant en avant de beaux personnages, situées dans nos terroirs et faisant revivre avec émotion notre passé.
Elle nous a confié qu'elle est maintenant proche de notre ville de Saint-Etienne et a choisi d'y faire vivre son héroïne Alexandrine. Courageuse et résiliente, elle va quitter son travail de passementière pour suivre son destin et construire son avenir. Et c'est à Lyon qu'elle découvre le monde de la gastronomie et celui des "mères" qui s'imposent alors dans l'univers jusqu'alors masculin de la grande cuisine. Le Pilat, notre ville, nos traditions sont donc la toile de fond de ce beau roman, plein d'humanité, qui nous fait parcourir la longue vie d'Alexandrine, la stéphanoise.

La 36 ème Fête du livre de Saint-Etienne se termine et il est déjà temps de faire un premier bilan !
Une nouvelle équipe autour de la commissaire générale Axelle Redon, un parrain Daniel Picouly, particulièrement impliqué, les libraires et les éditeurs au rendez-vous, le festival "Les mots en scène" , une si originale initiative stéphanoise, un public heureux de se retrouver sous le soleil, les premières impressions sont positives !
Et les élus en charge de la culture, Marc Chassaubéné et Jean-Pierre Kotchian se réjouissent avec l'équipe de RCF et nos amis de "Lire à saint-Etienne" de ces moments de respiration et de partage autour des livres et de la culture !

Jean-François Kahn est sans doute un des plus intrépides et infatigables journalistes des 50 dernières années dans notre pays ! Le secont tome des ses mémoires nous fait parcourir les années de la fin du siècle dernier, puisqu'elles démarrent en 1983 ! Un style "ébouriffant", des portraits ciselés des grands de ce monde et des acteurs de notre vie publique, une soif de liberté et d'indépendance, des aventures de presse mouvementées avec le lancement de "L'évènement du jeudi" et de "Marianne", des collaborations innombrables, une passion pour l'histoire et la chanson...
Jean-François Kahn nous a fait l'honneur de clôre nos 12 heures de direct sous le chapiteau de RCF : sa voix, son enthousiasme, sa verve et son humanité nous font un bien fou ! Merci Monsieur Kahn !

Jean-Pierre Siméon est un des grands poètes d'aujourd'hui et s'engage pour que la poésie retrouve une vraie place pour chacun de nous. Pédagogue et militant, il a créé "Le printemps des poètes" qui, depuis plus de 2O ans, anime notre vie culturelle avec de très nombreuses initiatives ! Il dirige également la collection de poésies des éditions Gallimard.
"Une théorie de l'amour" est un recueil immédiatement accessible pour tous les lecteurs : de forme très variée, les textes nous ouvrent à l'émotion, au sourire, aux images, à la beauté, avec la simplicité de l'essentiel.
La voix de Jean-Pierre Siméon résonne avec conviction sous le chapiteau de RCF : la poésie eu coeur de la ville et de la Fête, une belle reconnaissance !

Luc Dansert est le président de la SASLI (Seule Association Stéphanoise de Libraires Indépendants). Il dirige depuis 20 ans la librairie "Des bulles et des hommes" spécialisée dans la bande dessinée. Ses collègues libraires indépendants, nombreux et très actifs dans notre ville, ont donc décidé d'unir leurs forces et leurs compétences pour être encore mieux au service des clients lecteurs. Ils coopèrent au quotidien, prennent des initiatives originales en particulier en adressant à des confrères des acheteurs d'un livre qu'ils n'ont pas en stock et sont bien sûr les interlocuteurs privilégiés de l'équipe de la Fête du livre
Bravo à la SASLI, une association sans doute unique en France, au service de la lecture !

Christian Chavassieux nous présente sont dernier roman paru chez Phébus.
" Mon très cher cueilleur de roses" s'ouvre sur l'arrivée dans une belle maison de campagne de la narratrice, une écrivaine qui vient d'hériter de manière surprenante de " La Malvoisie " . Dans ce havre de paix, elle se voit bien écrire son prochain roman ! Antoine est le gardien des lieux et le jardinier amoureux des roses. Ce paisible retraité va se confier à notre écrivaine et l'on ira de surprise en surprise ! Le livre imaginé sera-t-il finalement écrit ? Peut-on pardonner l'horreur ? Un roman magnifiquement écrit et des questions qui touchent au plus profond le lecteur !

"Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m'as dit ça, un jour, mon père. Tu vas rater ta vie. Tu m'as dit ça aussi. De toutes mes forces, j'ai voulu faire mentir ta malédiction."
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C'est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer.
Avec ce roman d'une rare intensité, Gaëlle JOSSE interroge nos choix, nos fragilités et le cours de nos vies. Un livre magnifique !

Thierry Poyet, enseignant à l'université de Clermont, mais stéphanois d'origine, nous avait proposé "La petite stéphanoise", son premier roman à succès, en 2019.
Il nous revient aujourd'hui avec "Il faut tuer Wolgang Müller". Le livre s'ouvre sur l'assassinat d'un nonagénaire, Wolgang Müller, par un octogénaire ... Un meurtre complètement surprenant ! Une jeune journaliste, Julienne Bancel, la petite-fille du meurtrier, enquête sur l'histoire de Wolgang qui, après la guerre, a choisi de rester à Clermont. Pourquoi n'est-il pas rentré en Allemagne ? Est-il un bourreau nazi ? Peut-on pardonner et "tourner la page" ?
Une enquête étonnante et pleine de rebondissements, des questions pour chacun de nous !

Vingt ans après, Daniel Picouly était à nouveau le Parrain de la Fête du Livre de Saint Etienne cette année. Un parrain comme les Stéphanois les aiment, souriant, disponible, désireux de rencontrer les visiteurs.
Son nouveau roman, "Les larmes du vin", publié chez Albin Michel, lui permet d'évoquer ses souvenirs, de son enfance à aujourd'hui, mais c'est, cette fois, par le prisme particulier des rencontres avec le vin qu'il le fait. L'auteur se fait, avec humour et fantaisie, l'observateur des effets du vin sur chacun d'entre nous, un éloge de la mesure, de l'équilibre et de la modération.
C'est toujours un régal que d'écouter Daniel Picouly. En amoureux des mots, il aime reprendre des anecdotes, parfois tendres, parfois cocasses. Et le public ne boude pas son plaisir.

Paul Fournel est de retour sur ses "terres stéphanoises" pour ce numéro d"A plus d'un titre, enregistré en public sous le chapiteau de RCF à la Fête du livre de Saint-Etienne (d'où parfois le carillon du tram en fond sonore...).
Il nous présente son dernier livre "Attends voir" (éditions POL).
Un livre assez insaisissable, faux polar à l'enquête incertaine et complètement jubilatoire pour le lecteur embarqué, jubilation qu'on retrouve d'ailleurs lorsque son auteur parle de son livre ! "Délivré de toute forme de logique, Attends voir déroule ses incompréhensions ludiques et terreurs sans objet. On croirait le passage au réel d'un monde virtuel auquel on ne comprend rienmais ans lequel on circule bien volontiers " !

Brigitte Giraud était présente à la Fête du Livre de Saint Etienne pour son nouveau roman autobiographique "Vivre vite", édité chez Flammarion. Un magnifique livre avec lequel elle souhaite clore une période de 20 ans, commencée avec l'achat d'une maison improbable qu'elle a décidé de vendre.
L'acquisition de cette maison a correspondu avec le décès de son compagnon, Claude, le 22 juin 1999. La sidération provoquée par cette disparition avait donné naissance à un premier livre "A présent", publié chez Stock en 2001. Avec "Vivre vite" Brigitte Giraud souhaite en finir avec la litanie des "si" qui auraient pu éviter au tragique de percuter leur existence. C'est aussi l'occasion pour elle de réaliser un portrait de Claude, de leur vie de couple, de leur vie de famille.
"Vivre vite" était encore parmi les 8 livres conservés par les Goncourt sur leur liste du 4 octobre. C'est le jeudi 3 novembre que sera connu le lauréat pour 2022.

Gérard Lindeberg nous propose le 3ème tome de ses mémoires" : "Avec mon enfance", après "Avec Rocard" et "avec la Loire".
Au Creusot, dans les années difficiles de l'après-guerre, Gérard est une enfant d'ouvrier, marqué par la honte d'être du peuple. Il nous fait revivre les joies et les difficultés de son enfance, il fait les portraits de ses parents et de ses proches, avec leurs ombres et leurs beautés.
C'est aussi l'histoire de "l'émancipation républicaine" : grâce à ses enseignants, le fils d'ouvrier destiné à entrer à l'usine comme tous les siens, va passer le concours de l'école normale et devenir enseignant, avant de s'engager pour la justice et l'humanisme au cours de sa carrière politique.
Un livre plein d'émotion, de sourires et d'espoir !

Jean-Marie Quemener, Hélène Gestern et Jean-Paul Delfino ont été les finalistes du 32ème prix Charles Exbrayat ! Un prix décerné par plus de 350 lectrices et lecteurs de notre région. Jean-Paul Delfino était souffrant et malheureusement absent, mais sa traductrice en italien a pu nous parler de son livre. Tous les trois sont en lice pour le prix Exbrayat des lycéens, décerné par une centaine d'élèves au printemps !
Un échange en profondeur, des livres très différents, mais tous les trois avec une volonté de résister aux idées reçues... Des auteurs qui ont touché les lecteurs, puisque les votes ont été très partagés, Hélène Gestern l'ayant finalement emporté pour "555" (éditions Arlés) devant Jean-Marie Quemener pour "Sombre éclat" (Plon) et "Isla negra" (H. d'Ormesson)