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Guillaume d'Aboville | La solitude, la plus grande des pauvretés

Guillaume d'Aboville | La solitude, la plus grande des pauvretés

Un article rédigé par Guillaume d'Aboville - RCF, le 10 février 2025 - Modifié le 10 février 2025
Loin des yeux, près du cœurGuillaume d'Aboville | La solitude, la plus grande des pauvretés

LA CHRONIQUE DES ENFANTS DU MEKONG - La plus grande lèpre, c’est la solitude, disait Raoul Follereau. La solitude empêche de voir loin et grand. Aujourd’hui, Guillaume d’Aboville revient sur ce sentiment.

Guillaume d'Aboville ©DrGuillaume d'Aboville ©Dr

Cebu, Philippines. À 400 mètres de la cathédrale de l’Enfant Jésus, les rues sont sombres et mal éclairées. Il est 22h15. Dans une petite ruelle dort seul un enfant de 7 ans. À la merci de tous, au milieu des klaxons et des jeepneys. Son lit : 3 cartons sales ramassés à la sauvette. Son seul objet : un sac plastique de glue liquide, sniffé comme coupe-faim. Le jour, il mendie et vend des cierges aux pèlerins ; l’horizon de sa vie : 3 rues, 1 carton. Il ne connaît rien d’autre.

Retour en France. Une amie aide-soignante me confiait que c’est la même chose en EHPAD. Une personne âgée qui ne peut se mouvoir est souvent restreinte à un horizon de 3 fenêtres : celle de sa chambre, celle du réfectoire, celle de la salle commune. 90 % des personnes en EHPAD ne sont pas visitées et sont livrées à leur solitude.

La solitude est déclenchée par la peur

Ce qui déclenche la solitude, c’est souvent la peur. J’ai peur, nous avons peur. La peur de moi-même : face à ma faiblesse ou à ma détresse, je n’ose sortir de ma caverne. Je garde enfoui ce qui me blesse. Le regard de l’autre m’est insupportable. N’ayons pas peur d’ouvrir grand les portes au Christ, disait Jean-Paul II ! Et puis, la peur de l’autre : je fais semblant de ne pas avoir le temps, je l’ignore en changeant de chemin. Celui qui guette un regard, une discussion de 15 mots me pèse parfois plus qu’un rendez-vous important.

Le syndrome de la poignée de porte.

Une ancienne volontaire d’Enfants du Mékong partie il y a 15 ans en Thaïlande a écrit une pépite : le syndrome de la poignée de porte. Je la cite : "Me voilà, du haut de mes 25 ans, partie servir les pauvres pour un an. Je ne connais pas leur langue, leur culture, leur nourriture, leur religion. Tout m’attire, et pourtant. Pourtant, je suis dans ma petite chambre, la main comme paralysée sur la poignée de porte avec un choix à faire : rester bloquée toute la sainte journée sur cette poignée et rester livrée à moi-même et à mon confort ; ou m’aider de mon autre bras pour ouvrir cette porte et m’ouvrir à la merveille de l’autre. Car j’ai autant besoin de lui pour vivre, servir, me donner et recevoir."

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Loin des yeux, près du cœur
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