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"Mon petit frère" de Jean-Louis Foournier

"Mon petit frère" de Jean-Louis Foournier

Un article rédigé par Christophe Henning - RCF, le 30 novembre 2023 - Modifié le 30 novembre 2023
L'Actualité littéraire"Mon petit frère", de Jean-Louis Fournier

« Tu n’étais pas exubĂ©rant, tu n’étais pas excentrique, tu n’étais pas extravagant, tu n’étais pas extraverti, tu n’étais pas excessif, tu n’étais pas extraordinaire, tu n’étais pas exceptionnel. Mais tu n’étais pas banal. Â» Quand Jean-Louis Fournier parle de son frère cadet Yves-Marie, c’est toujours avec une infinie tendresse et une pointe d’espièglerie. Que voulez-vous, le parolier de Pierre Desproges ne va quand mĂŞme pas se ranger des voitures. A 84 ans, le trublion cathodique ne va pas se priver d’un portrait en l’emporte-pièce, lui qui a dĂ©jĂ  croquĂ© sa femme, son chat Art DĂ©co, son père alcoolique, sa vache la Noireaude, sa mère du Nord et ses fils, ceux qui demandaient toujours « OĂą on va papa ? Â» rĂ©cit couronnĂ© par le prix Femina 2008.

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Mais son frère est mort, il n’avait qu’une annĂ©e de moins que l’auteur. Peut-ĂŞtre Ă©tait-ce la seule possibilitĂ© pour que Jean-Louis s’adresse Ă  Yves-Marie, on a parfois de ses pudeurs… En fait, ils sont si diffĂ©rents que les frangins sont faits pour s’entendre. L’un est polytechnicien, l’autre comique, l’un est bavard comme une pie, l’autre silencieux et mĂ©ditatif. En creux, c’est aussi son autoportrait que Jean-Louis Fournier nous dessine : « C’est pas Ă©vident d’avoir un frère surdouĂ©, on passe vite pour le sous-douĂ© de la famille. Â»  Et encore : « Tu Ă©tais le premier en tout. Tu as mĂŞme Ă©tĂ© le premier Ă  mourir. Â»

On imagine la complicité de toute une vie pour les deux frères…

Et tous ces souvenirs en commun, que Jean-Louis Fournier Ă©voque avec un brin de nostalgie : « C’était bien, le passĂ©, on pouvait se parler. On n’avait pas d’écouteurs sur les oreilles. Â» Il raconte simplement ce lien fort qui les tenait tous les deux. Ils sont tout Ă  la fois diffĂ©rents, complĂ©mentaires, complices : « Yves-Marie n’aimait pas les conflits. Il Ă©tait patient, paisible, pacifique. J’étais la mer dĂ©chainĂ©e sur la cĂ´te sauvage de Quiberon. Il Ă©tait le lac LĂ©man par temps calme. Â» Si tout les oppose, ils sont pourtant insĂ©parables, peut-ĂŞtre mĂŞme pour cela : « Je voulais ĂŞtre remarquĂ©. Son but Ă  lui Ă©tait de passer inaperçu. Â» FacĂ©tieux, Fournier l’écrivain allait parfois sur le terrain de Fournier le scientifique, histoire de s’amuser, encore et toujours : « Au dĂ©but d’un livre, j’ai Ă©crit : l’arithmĂ©tique appliquĂ©e et impertinente vous donne de faux problèmes mais des solutions justes Â», affirmait-il, prenant son frère Ă  tĂ©moin. Qui lui ne dit mot : « Si c’était un son, il aurait Ă©tĂ© un silence avec un sourire… Â»

Un livre souvenir, un hommage au frère, un livre émouvant et drôle à la fois

Jean-Louis Fournier nous a habituĂ© Ă  cette tendre dĂ©rision, Ă  cet humour parfois vachard qui masque mal un cĹ“ur grand comme ça. Au travers de courts textes entrecoupĂ©s de photos en noir et blanc, les souvenirs remontent Ă  la surface comme de bulles de sourire. Le gamin dĂ©lurĂ© est aujourd’hui Ă©crivain malicieux qui n’a rien oubliĂ© de ces histoires de famille : « Quand on nous parlait de notre mère, Ă  Yves-Marie on disait ta chère mère, Ă  moi on disait ta pauvre mère… Â» Il admire sans jalouser, il taquine sans mĂ©chancetĂ©, il veut se faire remarquer, Jean-Louis Fournier, mais il sait tout ce qu’il doit aux autres, Ă  sa famille : « J’aime bien qu’on m’aime, ça me permet de m’aimer un peu. J’avoue, je suis très sensible aux compliments, j’en ai besoin, ils me rassurent. Â» soyez donc rassurĂ©, Monsieur Fournier, vous nous faites encore rire, et vous savez nous attendrir. C’est comme ça qu’on vous aime. 

Mon petit frère, Jean-Louis Fournier, publié aux éditions Philippe Rey.

Émission L'Actualité littéraire © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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