Cette semaine, Valérie de Marnhac, nous présente : "Les Damnés", un film historique de Roberto Minervini qui retrace les vies de volontaires nordistes engagés dans la guerre de Sécession. Le film obtient le prix de la mise en scène : un certain regard du Festival de Cannes.
Une petite compagnie d'engager volontaires nordistes est envoyée explorer les terres inconnues du Grand Ouest avec la crainte permanente d'y croiser le feu d'autres concurrents sudistes.
Le titre avait été choisi avant le tournage et fait référence à l'expérience religieuse au sens large des personnages et nous invite, chrétiens ou non, à nous interroger sur les liens à notre prochain, sur la voie du salut. Chacun pourra trouver des éléments de réponse dans le film et puis pour opposer l'homme à l'animal : le film commence par un long prologue assez saisissant avec une meute de loups qui déchiquettent leurs proies. C'est donc un film sensoriel et existentiel.
Oublier toutes les scènes de batailles, de combats héroïques que l'on voit au cinéma. Roberto Minervini filme ici l'attente de ces hommes qui guettent le danger et qui avancent au rythme lent de leurs pas et de ceux de leurs chevaux pour ceux qui en ont. La caméra nous place juste derrière eux dans une expérience sensorielle qui devient même existentielle. Le soir, au campement près du feu. Ils se confient sur les raisons de leurs engagements et surgissent alors des paroles profondes et des prises de conscience où la guerre se révèle incompatible à toute humanité.
Le film a été tourné entièrement en extérieur dans les grands espaces du Montana qui servent de décor à la mise en scène. Il s'agit plus qu'un simple décors, la nature est omniprésente. Alors d'abord, c'est un horizon lointain, un peu flou, en arrière fond que les hommes ne savent pas voir et puis elle devient une alliée. Un rouge-gorge devient signe de bon augure, la neige un cadeau du ciel et la confrontation, elle aura bel et bien lieu, mais là aussi, elle ne luira pas de tout archétypes guerriers : pas de chef, pas de plan de bataille, juste des coups de feu échangés à l'aveugle entre un ennemi qui reste invisible.
Minervini a choisi l'Ouest américain pour ce qu'il représente dans la mythologie américaine. C'est à la fois une terre de conquêtes, de pouvoirs, de richesses, s'est là que c'est forgé le mythe du cowboy et celui de la nation toute entière. Minervini voit en germes tous les excès actuels de la psyché du pays, une opposition nord-sud non cicatrisée, une notion du bien et du mal très manichéenne et une masculinité parfois exacerbée.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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