
Valérie de Marnhac présente aujourd'hui le film Un parfait inconnu, biopic sur l'artiste Bob Dylan, réalisé par James Mangold. Le personnage principal est joué par Timothée Chalamet, qui interprète les titres du célèbre chanteur.
L’événement au cinéma cette semaine c’est le film de James Mangold sur Bob Dylan, icône de la musique populaire américaine. Son titre : Un parfait inconnu.
Je dois vous avouer que j’y allais un peu à reculons, n’étant ni particulièrement fan de sa musique (pardon pour les inconditionnels !) ni passionnée par la légende qu’il représente. Mais intriguée quand même par l’homme, depuis qu’il a reçu le Prix Nobel de littérature en 2016, décerné pour la première fois à un chanteur, ce n’est pas rien… !
Au final, le film m’a séduit pour plusieurs raisons. D’abord, il se concentre sur une période très courte, les 4 années de ses débuts, entre 1961 et 1965, alors qu’il était encore « un parfait inconnu » et juste avant le succès mondial de son sixième album. Avant cela, il débarque à New-York de son Minnesota natal, avec un objectif (et c’est une des jolies scènes du film) : chanter à son idole Woody Guthrie, une chanson écrite tout spécialement pour lui.
La deuxième élégance du film, c'est qu'il ne cherche pas à rendre le chanteur sympathique mais plutôt à décrire en creux le "mystère Dylan". Un homme tout en contradictions, à la fois provocateur et secret, contestataire mais fuyant la célébrité. Mangold l’aborde à partir de ses relations avec ses proches : les autres musiciens, ses femmes, ses amis. Avec de très beaux personnages secondaires : dont Joan Baez, jouée par Monica Barbaro, qui est une révélation totale, elle irradie littéralement à l’écran. Ensuite, Pete Seeger, joué par Edward Norton, qui devient le mentor de Dylan, une figure très bienveillante et rassurante, il incarne la tradition folk la plus pure, avec son petit banjo dont il joue. Et lui, sent chez Dylan quelque chose qui les dépasse tous, et qui fait écho aux aspirations de changements de la jeunesse américaine.
On est en pleine guerre du Vietnam, le président Kennedy s’est fait assassiner à Dallas en 1963. Et dans le domaine musical, c’est l’avènement du rock et de l’électrique Beaucoup plus qu’un biopic sur un chanteur, le film est le tableau - magnifiquement reconstitué - d’une époque en pleine ébullition, artistique et politique, la charnière entre deux mondes, l’un qui s’éteint et l’autre qui nait sous les mots de Bob Dylan.
Les morceaux choisis sont souvent joués en intégralité. Ce qui permet d’apprécier les paroles très poétiques et symboliques de ses chansons. On le sait Bob Dylan s’est converti ensuite au christianisme, mais plus tard, vers la fin des années 1970. Dès ces premiers textes, on sent sa dimension spirituelle profonde, l’influence de thématiques bibliques universelles comme la justice ou l’équité. On ne l’a pas encore cité mais l’acteur qui joue Bob Dylan, c’est Timothée Chalamet.
Il lui prête aussi sa voix chantée, ses doigts à la guitare et son souffle à l’harmonica. C'est une très belle performance qui garde toute la complexité du personnage, tout en lui apportant une présence et un charisme certains. Ce qui lui vaut à juste titre d’être nommé aux Oscar pour le prix de meilleur acteur aux côtés de Ralph Fiennes dans Conclave et de Sebastian Stan dans la très troublante interprétation d’un Donald Trump jeune, du film The Apprentice.
Pour les statuettes, il faudra attendre début mars pour connaitre les
vainqueurs. Mais le film lui sort dès aujourd’hui. Il s’intitule Un parfait
inconnu, signé James Mangold.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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