
C’était il y a 3 ans jour pour jour : le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine lançait ses troupes à l’assaut de l’Ukraine. 3 ans et près d’un million de victimes des 2 côtés de la frontière plus tard, quel bilan et quels espoirs ? Explications avec le père Mykola Hryvnak, prêtre ukrainien à Marseille.
Quel regard portez-vous sur ce conflit qui dure désormais depuis 3 ans ?
Ce conflit dure en fait depuis 2014, et il durait déjà depuis des siècles. Les conflits ont toujours existé avec la Russie qui veut nous détruire et nous envahir pour avoir des territoires et pour que les Ukrainiens disparaissent du monde. On a l'indépendance depuis 1991 mais la Russie n'était pas d'accord avec ça.
Comment avez-vous reçu les récentes déclarations et tractations entre Donald Trump et Vladimir Poutine : humiliation ou espoir de la fin de la guerre ?
Il y a plusieurs visions et avis des politiciens et des analystes, mais pour nous les chrétiens qui se réunissent dans la prière pour notre peuple et notre pays, c'est le signe qu'il ne faut pas espérer dans les hommes. Un prophète a dit "maudit ceux qui mettent leur espoir dans hommes", car ils peuvent trahir. Nous pouvons seulement espérer en Dieu, qui est notre force et notre rocher. Et on peut se demander : une fin de la guerre, oui mais comment ? La Russie n'a rien fait pour reculer et nous allons peut-être perdre des territoires. Le peuple ukrainien a perdu beaucoup de soldats et beaucoup de sang a coulé. On espère que ce ne sera pas pour rien.
Vous célébrez le rite greco-catholique pour les exilés ukrainiens à Marseille : comment vivent-ils cette situation ?
On s'inquiète, et cette inquiétude nous pousse à prier plus fort, plus profondément et plus souvent. On peut faire deux choses : prier et aider. C'est pour ça qu'on organise un événement ce dimanche : les catholiques fêtent "mardi gras" avant le Carême, nous, nous allons vendre un repas pour collecter de l'argent au profit de l'armée ukrainienne. Hier, nous avons béni une voiture achetée par les paroissiens de Nice, Cannes et Marseille pour le front, afin que les soldats puissent transporter des blessés. Le fils d'une paroissienne est notamment sur le front.
Quels espoirs avez-vous ?
Notre espérance est en Dieu. Dieu peut aussi influer sur le monde par les gens, donc on attend que Dieu envoie peut-être quelqu'un pour faire quelque chose en politique. Après, on continue de prier. Même si on n'est pas très assurés de notre avenir, notre dernière chance, c'est notre espérance en Dieu.
Pour ouvrir l'année jubilaire sur l'espérance à Marseille, votre femme a peint la croix du jubilé : qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Nous sommes très honorés de cette demande du diocèse de faire la croix jubilaire, et c'était très fort pour nous de vivre cette année de l'espérance, pour les Ukrainiens qui espèrent la fin de cette guerre. En ce qui concerne l'espérance, nous sommes toujours en chemin...
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