Mgr Cador revient sur la fermeture de la Maison Jacques Fihey à Coutances qui accueillait des prêtres âgés depuis 2020. L’occasion d’évoquer l’accompagnement des prêtres retraités dans le diocèse.
RCF : La maison Jacques Fihey à Coutances qui accueillait des prêtres âgés depuis 2020 est en train de fermer, les derniers résidents partent en ce début du mois de février. Pourquoi vous avez dû prendre cette décision ?
Mgr Cador : C’est un crève-cœur d’être arrivé à cette décision, mais c’était une évidence. Quand un nouvel évêque arrive dans un diocèse, la Conférence des évêques de France propose de faire un audit sur la situation du diocèse et l’une des premières choses qui est apparue, c’est la difficulté à faire vivre cette maison. À l’origine, la maison est faite pour recevoir 19 prêtres. Or, actuellement nous étions arrivés à 11 personnes présentes dans cette maison avec un coût de fonctionnement exorbitant qui ne permet pas de continuer. Ce qui est douloureux, c’est qu’après avoir vécu un début difficile, on avait trouvé un équilibre de vie agréable pour les prêtres, entre les prêtres eux-mêmes et avec les personnes qui y travaillaient. De fait, actuellement, les prêtres âgés comme beaucoup dans la société civile essayent de rester chez eux le plus longtemps possible. Dans les années qui viennent, on sait qu’on n’arrivera pas à remplir cette maison et que même si on y arrivait elle serait de toute façon une charge financière très lourde. Oui, il est normal qu’on fasse tout ce qu’on peut pour qu’on aider les prêtres à vivre la dernière étape de leur vie dans les meilleures conditions possibles, mais l’évolution des mentalités et des situations fait que ce n’est pas du tout dans cette maison qu’on pourra le réaliser.
Comment accompagner les 3000 prêtres âgés de plus de 75 ans en France ?
RCF : À quoi les prêtres aînés du diocèse tiennent-ils selon vous ? Comment souhaitent-ils que leur fraternité entre prêtres s’exprime ?
Mgr Cador : En discutant avec eux et à entendre ceux qui les connaissent mieux, ils ont un grand désir d’autonomie et en même temps un désir de rester en lien avec la vie du diocèse, des communautés, de leur famille, et il faut trouver un équilibre entre tout ça. C’est vrai qu’avec la petite équipe des 11 prêtres avec le personnel et le responsable de la maison Alain Debeaupuis, diacre permanent, ils avaient réussi à faire un très beau travail d’animation et de vie commune. Notre souci, en fermant cette maison, a été de trouver au cas par cas des solutions pour respecter leur souhait : une autonomie la plus grande possible et une vie communautaire. Ils ont été répartis dans différentes maisons : à l’EHPAD du Bon Sauveur à Picauville, à l’EHPAD Anne Leroy à Saint-Lô, à l’EHPAD du Saint-Cœur de Marie à Avranches où il y a une vie spirituelle importante, à l’EHPAD de Marigny, et à la maison de retraite au village du Mont-Carmel à Avranches où il y a une vie de prière et de communauté avec les religieuses présentes.
RCF : Y a-t-il une personne référente dans le diocèse qui s'occupe des prêtres retraités ?
Mgr Cador : Oui, Alain Lecaplain, diacre permanent, est au service de tous les prêtres qui ont besoin d’un soutien, particulièrement les anciens. Je voudrais d’ailleurs saluer, dans la fermeture de la maison, le travail de proximité et d’attention assuré par le binôme des deux Alain, qui ont été très proches et très à l’écoute de chaque situation.
Ils n’ont pas laissé de côté leur engagement sacerdotal, ils sont prêtres jusqu’à la moelle
RCF : Finalement, les prêtres aînés vont continuer leur mission au milieu des autres résidents, ils pourront célébrer la messe pour certains.
Mgr Cador : Oui, en fonction des lieux et des demandes, mais comme ça se fait ailleurs actuellement, dans des maisons de retraite où il y a des prêtres déjà présents de façon individuelle. Tous ceux qui le peuvent sont souvent très engagés dans la célébration de l’eucharistie ou dans la participation de groupe de réflexion. Moi, ce qui m’édifie quand j’écoute ces anciens, c’est qu’ils ont toujours au cœur leur dimension sacerdotale. Ils n’ont pas laissé de côté leur engagement sacerdotal, ils sont prêtres jusqu’à la moelle. Et j’ai même senti à cette occasion que pour certains, il y a eu un déclic, un nouveau départ en mission. Ils pourraientt dire : « Maintenant, on est fatigués, laissez-nous tranquilles ». Non, ce souci, de dire l’évangile, d’en vivre et d’en témoigner au milieu des autres, les habitent profondément. Pour moi, c’est un sacré exemple de vieillissement au bon sens du terme.
Le programme du pèlerinage au Cameroun, l’annonce de deux nouveaux diacres permanents pour le diocèse... Écoutez la suite de l’interview.
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