Vannes
20 ans après la loi sur le handicap, quel bilan peut-on faire de l'inclusion des enfants à l'école ? Si des progrès ont été constatés depuis l'adoption de la loi, permettant notamment aux enfants en situation de handicap d'être scolarisés comme les autres, l'inclusion totale n'est pas encore atteinte. Camille de Foucauld, membre du thinktank VersLeHaut, fait un état des lieux au micro de RCF et Radio Notre-Dame.
Il y a 20 ans les parlementaires adoptaient la loi sur le handicap avec un objectif simple : «l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées». En 2025, l’heure est au bilan, et notamment à l’école, souvent décrite comme la mère des batailles. A la dernière rentrée, 500 000 élèves en situation de handicap étaient inscrits en scolarisation ordinaire, contre 120 000 en 2005. Pourtant les objectifs fixés par la loi ne sont pas encore pleinement atteints. Camille de Foucauld, membre du think tank VersLeHaut, propose des nouvelles pistes de réflexion, parmi lesquelles une remodélisation du métier d’accompagnant d’enfants en situation de handicap (AESH).
Pour accompagner les enfants en situation de handicap à l’école, le système actuel compte sur la présence d’AESH : accompagnants d’enfants en situation de handicap. Pour autant, ce modèle est à bout de souffle. Les AESH viennent à manquer avec pour cause une grande précarité de l’emploi. Camille de Foucauld y voit notamment un décalage entre les compétences demandées et les salaires proposés. “ C'est un métier qui demande quand même des compétences très exigeantes et une bonne formation. Mais en moyenne, les AESH sont payés 850 euros par mois. Ils sont largement en CDD et il est très rare qu’ils travaillent à temps plein”. Comme d’autres métiers de service à la personne, la profession n’attire plus.
C'est un métier qui demande quand même des compétences très exigeantes et une bonne formation. Mais en moyenne, les AESH sont payés 850 euros par mois.
La pénurie d’AESH a des conséquences directes sur l’intégration des enfants en situation de handicap dans les écoles ordinaires. Les listes d’attentes dans les établissements scolaires s’éternisent. En moyenne en France, il faut compter 3 à 6 ans pour les enfants en situation de handicap. Les enfants sont donc à la charge des parents pendant la journée. Camille de Foucauld a pu observer le phénomène se reproduire encore et encore. “Ce sont souvent les mères qui sont pénalisées et qui sont privées de leur emploi.” Si le think tank préconise “une politique publique d’accès à l’emploi des parents d'enfants en situation de handicap”, cela n’en résout pas moins la faible attractivité du métier d’AESH.
Pour pallier la pénurie d’AESH, le think tank VersLeHaut préconise un nouveau modèle de fonctionnement. Il imagine un métier d’AESH “au sein de la fonction publique territoriale”. L’objectif serait de repenser l’intégration des enfants en situation de handicap à l’école, passant d’une compensation à une accessibilité. Camille de Foucauld illustre son propos “Le meilleur exemple pour ça, ce serait d'imaginer qu'un enfant qui est malentendant dans une classe soit pas le seul à apprendre la langue des signes, mais que toute la classe entière l'apprenne de manière à l'inclure dans ses relations avec la classe.” En clair, les AESH ne travailleraient plus qu’avec l’enfant en situation de handicap mais également avec le reste de la classe.
L'inclusion se limite encore trop à des solutions compensatoires qui viennent pallier les difficultés après coup là où elle devrait encourager une pédagogie de l’accessibilité.
Une telle proposition nécessiterait un investissement de la part de l'Etat, à un moment où le budget vient difficilement de passer. Pour autant, Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées en France, annonce un comité interministériel pour "accélérer" la pleine mise en place de la loi de 2005.
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