Vannes
Jeudi dernier, le cabinet ministériel de Véronique Louwagie, chargée de l’artisanat avait rendez-vous en visio-conférence avec les représentants des boulangers. Parmi les quatre représentants se trouve David Fèvre, boulanger à Le Tallud dans les Deux-Sèvres. Ils ont pu échanger sur les difficultés des boulangers ruraux et certaines solutions ont même été proposées.
Ce jeudi 6 février, la réunion est au cœur des discussions dans la boulangerie de David Fèvre, « on a été très écouté quand même, débrief l'artisan auprès de son client. Une heure de rendez-vous hein ». Initialement, l’entretien devait durer 30 minutes, mais les représentants des boulangers ont réussi à capter l'attention du cabinet ministériel pendant plus d’une heure. Le boulanger de la commune de 1 900 habitants est donc satisfait.
Il a notamment pu demander de mettre en place une commission flash, « c’est-à-dire une commission sur 3 mois, où on va réunir toutes les forces, tous les acteurs qui sont dans la bouche alimentaire, des experts-comptables, des gens de l’URSSAF [Union de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales], pour qu’on trouve une solution pour que les entreprises survivent. » Justement, ce dimanche 9 février, la composition d’un groupe d'études de 40 députés de toute la France a été publiée. C’est une première étape avant la commission flash espérée par les artisans.
Si les premières actions de l’Etat sont rapides, c’est que la mobilisation des boulangers est forte. Tout est parti d’un sondage publié par David Fèvre sur les réseaux sociaux. En deux jours, 3 200 professionnels ont répondu et décrit leurs difficultés. Ce qui ressort, ce sont : des problèmes économiques, des difficultés d'embauches, un manque de reconnaissance ou encore une santé mentale à bout de souffle. Le mouvement prend donc de l’ampleur puisqu’une pétition est également mise en ligne par un autre boulanger. Celle-ci a déjà récolté près de 1 200 signatures.
Le sujet a également été relayé par le député de la troisième circonscription des Deux-Sèvres, Jean-Marie Fiévet. Au point qu’en deux semaines, le mouvement est entendu par le gouvernement. Et les échanges avec le ministère chargé de l’artisanat vont continuer. L’objectif pour les représentants des boulangers, c’est de montrer la réalité de la profession. Les représentants des boulangers constituent donc un dossier avec une vingtaine de lettres envoyées par des boulangers de toute la France. Chacun décrit ses conditions de travail, et selon David Fèvre les mêmes problèmes ressortent :
Une bonne marge, mais pas de rentabilité dans l’entreprise, à cause de toutes ces taxes, des augmentations de salaires, de la hausse des prix des matières premières. On constate qu’en moyenne les artisans se sortent moins de 1 000 euros par mois. Ils sont moins payés que leurs salariés. Il y a un problème.
De leur côté, les clients croisés sont attachés à leurs artisans locaux. C’est le cas de Stéphanie, « moi, j'achète mon pain, mes viennoiseries chez le boulanger. Je suis moi-même issue du milieu artisan-commerçant. Donc, il faut faire marcher nos petits commerçants qui habitent dans nos campagnes. »
Discours similaire du côté d’Arnaud, habitant Le Tallud. « Je viens ici parce que c’est une boulangerie où tout est fait maison, [...] le pain est très bon, donc je préfère venir ici que dans des boulangeries industrielles. »
D’après un sondage de l’IFOP et de la CNBPF (Confédération Nationale de la Boulangerie et Boulangerie-Pâtisserie Française) publié en novembre 2023, 52% des personnes achètent leur pain le plus souvent chez un boulanger artisanal. Mais, plus d’un Français sur quatre affirme plutôt acheter des produits industriels vendus dans les hypermarchés ou supermarchés ou hard discount (Aldi, Netto…) (28%). À cela, s'ajoutent également les chaînes de boulangeries de type Marie Blachère (9%).
Pour mettre plus en valeur les produits artisanaux, David Fèvre souhaite qu’un label soit mis en place, « Faut l’afficher ça … produit fait maison. Mais je ne veux pas que l’artisan paie pour qu’on dise que c’est fait maison. Donc, j’ai dit au cabinet de la ministre que l’État pouvait faire un logo en disant : ici, produit fait maison, ici, produit venu de l’industrie. »
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