L'intelligence artificielle bouleverse nos modes de vie depuis quelques années et s'immisce jusque dans nos foyers ou sur des sujets d'éducation. Quel impact pour les enfants ? Pour bien comprendre, Cécile Mérieux reçoit Bruno Devauchelle.
L'intelligence artificielle s'immisce partout, dans nos modes de vie, mais également plus récemment à l'école. Faut-il avoir peur ou confiance, dans l'IA pour nos enfants ? Ni l'un ni l'autre. Il faut avoir confiance oui, dans la mesure où il y a une facilitation, un apport réel lié à l'intelligence artificielle dans toutes ces formes. En revanche, il faut être très prudent parce que malheureusement, elle est encore largement imparfaite et que pour l'instant nous essuyions pour l'instant le plâtre de la nouveauté.
Il y a plusieurs façons d'utiliser l'IA dans le cadre de l'apprentissage. Tout d'abord, cela consiste en ce que les enseignants utilisent eux-mêmes les moyens de l'intelligence artificielle adaptative et générative pour arriver à aider les élèves à mieux apprendre. Ils les utilisent d'abord pour eux mêmes, pour concevoir leurs cours, des supports. On constate que de plus en plus d'enseignants le font et aussi pour leurs élèves, parce que l'intelligence artificielle adaptative permet aux enseignants de mieux suivre individuellement chacun des élèves à condition que les produits qu'ils utilisent soient des produits pertinents et sécurisés.
Les élèves ont commencé à utiliser l'IA, notamment les lycéens, pour répondre à des travaux à domicile. Donc, cela oblige les enseignants à changer leurs modes de fonctionnement et d'évaluation. Donc, il faut que l'enseignant permette à l'élève de travailler ses réponses, de les confronter et les critiquer, et donc pouvoir se les approprier réellement.
Les usages de l'IA soulèvent la question des capacités cognitives, n'y a t'il pas un risque de les voir se dégrader chez nos enfants ?
Ils pourraient effectivement devenir fainéants et devenir consommateurs. Le vrai problème est là, c'est toute la difficulté de savoir s'ils deviennent consommateurs ou acteurs du monde qui les entoure. Toute la difficulté de l'éducation, c'est aujourd'hui d'amener les élèves à comprendre que ce sont de nouveaux outils pour augmenter la capacité cognitive et non pas les diminuer. Ils cherchent la facilité et ça diminue donc largement leurs facultés de mémorisation, de recherche d'informations.
Pour tenter de lutter contre cela, il faut varier les activités et montrer aux élèves la diversité. Un être humain, c'est un être humain multiple, global. Il n'a pas qu'un cerveau et des yeux, mais il a aussi un corps, de l'affection, de l'émotion. Il faut que les enseignants comprennent que cette complexité humaine, il faut la faire vivre au quotidien, et ne pas réduire l'enfant ou les parents à simplement du temps devant les écrans dont ils ne savent même pas parfois ce qu'ils font avec. Nous avons besoin d'équilibre et d'amener les jeunes à comprendre l'équilibre complet dans lequel ils vivent, de la variété des activités possibles et donc éviter en particulier sur le plan émotionnel et relationnel que les enfants ne se laissent capter par des machines alors que c'est l'humain qui est important et c'est la relation humaine qui prime. Celle-ci doit être vraiment travaillée au sein des familles, mais aussi à l'intérieur de l'école.
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