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Changer le Regard sur le Handicap : témoignage de Pierre Deniziot

Changer le Regard sur le Handicap : témoignage de Pierre Deniziot

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 11 février 2025 - Modifié le 12 février 2025
L'Invité de la MatinalePierre Deniziot témoigne de la place du handicap en politique

C'était il y a 20 ans, jour pour jour, que la loi sur le handicap était promulguée, voulue par le président de l'époque, Jacques Chirac. Le texte posait comme principe une compensation des conséquences d'un éventuel handicap à tout âge de la vie, avec des dispositions sur la scolarité, les revenus, l'emploi ou encore l'accessibilité. Mais quid de la vie publique, de la vie politique ? Témoignage de Pierre Deniziot, atteint d’une forme de nanisme, maire adjoint de Boulogne-Billancourt, conseiller régional en Île-de-France, et neuropsychologue.

Pierre Deniziot © DrPierre Deniziot © Dr

Le 11 février 2005, sous la présidence de Jacques Chirac, était promulguée la loi sur le handicap qui posait comme principe une compensation des conséquences d'un éventuel handicap à tout âge de la vie.

Penser le handicap comme un sujet sociétal

La loi de 2005 a permis de sortir le handicap du champ uniquement médico-social et de la santé pour en faire un sujet sociétal et transversal. Selon Pierre Deniziot, depuis 2005, les collectivités apprennent à avoir le réflexe de penser au handicap dans toute une série de domaines : l’accès à l’emploi, à l’école, au sport, au loisir et à la culture. "Cela a été un vrai changement, une vraie avancée de cette loi qui perdure", témoigne le maire adjoint de Boulogne-Billancourt. La loi a posé notamment les principes de l’accessibilité universelle à l’école. Pierre Deniziot souligne néanmoins les nombreux efforts qu’il reste encore à faire. "La loi a posé les bons principes, mais sans permettre aux collectivités de disposer des moyens pour la mettre en application."

Le changement de regard, je préfère même parler d'état d'esprit, n'a pas encore été totalement réalisé par les Français.

La mise en avant de films de figures médiatiques porteuses de handicap et des Jeux Paralympiques a permis d’opérer le début d’un changement de regard, qui demeure insuffisant pour Pierre Deniziot. "Le changement de regard, je préfère même parler d'état d'esprit, n'a pas encore été totalement réalisé par les Français." Le politicien souligne l’importance de la prise de conscience de chacun dans l’adaptation de la société pour les personnes en situation de handicap. Il dénonce les abus du quotidien des personnes qui stationnent sur des places PMR ou qui s’opposent à la mise en place d’un ascenseur dans des immeubles. "Chacun doit s’interroger sur la place qu'il fait à la différence, la place qu'il fait au handicap, et plus globalement, la place qu'on peut faire à la fragilité. Pour moi, la fragilité, c'est le moteur de l'humanité. Si on a ce regard particulier sur les personnes qui nous sont différentes, de fraternité, de solidarité, alors on échappe à une société déshumanisée où c'est la loi du plus fort qui règne."

Investir le champ politique

Le handicap, selon le Défenseur des droits, reste le premier motif de discrimination en 2023. Pierre Deniziot a décidé de s’investir en politique pour participer à la transformation du regard de la société sur les personnes en situation de handicap. L’élu fait régulièrement face à un défaut de crédibilité dû à son handicap. "Moi, si je me déplace avec un stagiaire ou un collaborateur, les personnes vont avoir tendance à s'adresser au stagiaire ou au collaborateur." Le maire adjoint de Boulogne-Billancourt appelle les personnes en situation de handicap à investir le champ politique en mettant en avant leurs compétences, afin de réaliser la promesse républicaine : l’égalité des droits, la liberté pour tous de choisir sa vie. "Il y a besoin de figures, de symboles pour permettre aux personnes en situation de handicap de franchir le pas."

On regarde plus l’humain que la pathologie.

Pierre Deniziot est également neuropsychologue et ressent de façon moins importante la discrimination dans son cadre de travail. La maladie, la différence, le handicap sont quelque chose de beaucoup plus naturel à l'hôpital. "On regarde plus l’humain que la pathologie." Selon Pierre Deniziot, le personnel des hôpitaux, étant habitué à la différence, en a moins peur, ce qui permet de normaliser le regard sur les personnes en situation de handicap.

Deux sujets essentiels : l’école et le transport

L’école est un point central dans la normalisation et l'insertion des personnes en situation de handicap dans la société. Pour l’élu, il y a une peur et une méconnaissance des personnes qui ne sont pas directement concernées par une situation de handicap. "Il est très important de mettre vraiment l'accent sur la scolarisation pour tous, c'est la mère des batailles. Lorsque l'on a fait sa scolarité avec une personne en situation de handicap, alors non seulement les a priori sont tombés, mais on sait comment gérer, on n'a plus peur de cette différence." Pierre Deniziot précise que cette insertion doit être accompagnée, mais par sa mise en place, elle permettrait aux enfants qui ont connu cette scolarité, une fois adultes, de ne plus avoir peur des différences.

On a investi 2,4 milliards d'euros, mais l'ensemble du réseau n'est pas encore accessible.

Le second point crucial pour l’accès des personnes en situation de handicap à une plus grande autonomie est l’adaptation des moyens de transport. "Sur le réseau francilien, il y avait un réel retard sur l'accessibilité des transports. Sur la période 2016-2024, des moyens ont été mis. On a investi 2,4 milliards d'euros, mais l'ensemble du réseau n'est pas encore accessible." L’accessibilité des transports concerne non seulement les ascenseurs mais également l’adaptation à l’ensemble des types de handicap : mental, psychique, cognitif, sensoriel… "Il faut aussi investir dans l'humain, que les personnes qui travaillent dans les transports n'aient pas peur de la différence, puissent savoir comment accueillir une personne en situation de handicap, comment l'accompagner au mieux." En 2025, sur 300 stations du réseau parisien, seulement 30 seront accessibles pour les personnes en situation de handicap.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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