Commentaire liturgique - 34ème Dimanche du Temps Ordinaire CAprès 52 semaines, le cycle de la liturgie se termine par la célébration du « Christ Roi ». La proposition de l’Eglise est une invitation à contempler ce qui au départ était symbole d’infamie et d’échec.
Sur toutes les croix, les premiers chrétiens ont pris l’usage de porter l’inscription en trois lettres « IHS ». Si ces 3 lettres viennent du grec pour nommer « Jésus », très rapidement le monogramme a été transposé en latin « Jesus Hominum Salvator » qui signifie « Jésus est le Sauveur des Hommes ».
La croix devient pour les premiers chrétiens, et désormais pour tous les croyants, non plus objet d’infamie, mais glorification de Celui qui a ouvert un passage vers la Vie.
Reprenons l’évocation du monogramme « IHS ». Nous disions qu’il est abréviation du nom « Jésus », mais une autre traduction a été proposée au premier siècle de l’Eglise qui signifie « In Hoc Signo (vinces) », qui veut dire « Par ce signe tu vaincras ».
Le Christ est bien le premier qui a ouvert le passage. Mais néanmoins la croix reste aux yeux du monde un signe obscur qui n’est pas totalement accessible en dehors du saut de la confiance.
Dans toutes ces situations - où le sens semble définitivement absent - deux réactions peuvent nous traverser, à l’image de celles des chefs, des soldats, et des larrons dans l'évangile.
Il y a d’abord celle du désarroi, du sauve-qui-peut, celle qui propose une impossible fuite en avant : « Sauve-toi toi-même! » « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas et les anges te porteront », disait le tentateur au début de l’évangile de Luc. « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même! » lancent similairement ceux qui tournent Jésus en dérision au pied de la croix.
« Se sauver soi-même! » par ses propres forces, prendre la fuite sans se laisser accompagner: voilà bien un penchant qui - pour différentes raisons - peut nous traverser. D'ailleurs, fuir certaines difficultés de l’existence et « se sauver soi-même », n'est-ce pas la devise de notre monde occidental, qui peine à créer du commun et du collectif ?
Et puis il y a l’attitude du dénommé « bon larron » qui ose cette parole : « Dans Ton royaume souviens-Toi de moi Seigneur ».
Au calvaire, les évangiles ont présenté Jésus crucifié entre 2 larrons. Ces deux brigands nous sont une merveilleuse évocation que le cœur de l’homme peut être bien partagé face au mystère de la mort du Christ : à la fois par des sentiments de révolte face à la mort du Juste et à la fois par des sentiments de compassion face à l’immense don que Jésus fait de sa vie.
Car, comme dit saint Paul, « le Christ s’est fait obéissant » mais « Dieu l’a exalté ». Le « Très Bas » comme dit Christian Bobin est aussi le « Très Haut ».
Invité : Abbé Jean-Pierre Pire, Curé-Doyen de la Ville de Liège, formateur Mess’AJE en catéchèse biblique pour adultes.