Evangile du 29 novembre Guy MALBRANCKECommentaire de l’évangile de Matthieu ch 8, 5-11
Osons-nous supplier Jésus pour un frère souffrant ? « Seigneur, dis seulement une Parole et
mon serviteur sera guéri ».
Etonnante, la foi de ce centurion, de cet occupant romain, de ce païen, comme d’ailleurs de
tous les étrangers aux croyances juives du temps de Jésus ; voici un homme qui n’est pas enfermé
dans une vision limitée de Dieu qui lui conviendrait et ne le ferait plus se remettre en cause…, une
vision qui l’empêcherait de se convertir… à une vision de Dieu, autre.
C’est un païen, un étranger, un membre d’une force d’occupation qui dirige une centaine
d’hommes ; lui peut voir en Jésus non pas un guérisseur, un thaumaturge qui satisferait ses
propres besoins, mais ceux de son serviteur qui souffre ; ce serviteur est sans doute un moins que
rien aux yeux de tous, mais pas pour ce centurion ; ce dernier voit en Jésus quelqu’un qui a
autorité sur la vie, quelqu’un qui manifeste un au-delà de l’homme, un au-delà de nos visions
étriquées sur le sens à donner à notre monde, sur le sens à donner à la vie.
La foi de ce centurion en Jésus est telle qu’il se joue du qu’en dira-t-on de ses subordonnés
romains et de ce que les juifs pourront penser de toute cette affaire ; il ose ! et de plus, il se
trouve indigne que Jésus entre sous son toit, ce que Jésus était prêt à faire ; pour ce serviteur
souffrant, Jésus s’apprêtait à transgresser la règle de l’impureté en entrant dans la demeure d’un
païen ; rappelons-nous que Jésus a bravé l’interdit de la Loi en entrant chez Zachée et en
mangeant avec les publicains, avec tous ces exclus par les religieux juifs si respectueux des règles,
mais pas des hommes.
Et voici que Jésus admire la foi qu’a ce païen en Lui ; cette foi le conduit à lui faire grâce, à
accéder à sa demande suppliante d’intercéder pour son serviteur paralysé et qui souffre
terriblement. La demande vécue dans la foi en Jésus ne peut qu’entrainer sa grâce, et ensuite
notre gratitude, notre action de grâces, nos remerciements pour les grâces reçues.
En relisant les chapitres 13 à 17 de l’évangile de Jean, je relève l’insistance de Jésus à ce que
nous demandions au nom du Père ou au nom de Jésus, qui ne font qu’UN : « Tout ce que vous
demanderez au Père en mon nom, Il vous le donnera », « Quand vous me demanderez quelque
chose en mon nom, moi, je le ferai » et « Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon
nom : demandez et vous recevrez ».
Demander en son nom, n’est-ce pas demander en union de cœur avec celui à qui nous
demandons. Alors, demandons à ce centurion, un saint sûrement, demandons à cet homme, si
étranger à nos façons de voir et peut-être de penser, d’intercéder pour que nous entrions de plus
en plus dans ce cercle vertueux du cœur à cœur quotidien avec Jésus ; ce cœur à coeur
augmentera notre foi et la purifiera ; alors nos demandes d’intercessions pour un frère souffrant
ou pour ce monde qui souffre terriblement, seront de plus en plus confiantes dans les grâces que
Jésus veut donner au cœur de ce monde de péchés et de souffrances. Et entrons dans la gratitude
pour les merveilles qu’Il a faites, qu’il fait et qu’Il veut faire en nous, parmi nous et autour de
nous !