Evangile du 1er avril Pierre GIAUMEMes amis, demain aura lieu la messe des rameaux et plus qu’une semaine avant la veillée Pascale. Je ne sais pas pour vous mais moi j’ai l’impression que ce carême est, une nouvelle fois, passé très voire trop vite car il est déjà quasiment l’heure d’établir le bilan des bonnes résolutions prises cette année… Personnellement je dois m’en confesser, je n’ai certes pas réalisé tout ce que j’avais prévu. Mais j’ai quand même envie de voir le verre à moitié plein, histoire aussi de me donner du courage pour tâcher de faire perdurer ces fameuses bonnes résolutions tout au long de l’année !
Bientôt la fin de notre carême donc, et bientôt la fin de son passage sur terre pour Jésus comme nous l’explique cette page d’évangile. Saint-Jean y écrit en effet : « à partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer ». On sent bien que nous sommes à un tournant de l’histoire et que la menace commence clairement à se préciser. J’imagine que sa vie publique, commencée à Cana vraisemblablement trois ans auparavant, a dû sembler aussi très courte à Jésus. Trois années à parcourir la Galilée, la Samarie, la Judée pour évangéliser, convaincre, semer et aussi réaliser des miracles comme celui de la résurrection de Lazare évoquée au début de ce passage du jour. Trois années c’est à la fois long et court. Nous fêtions ce mois-ci l’anniversaire des trois ans du premier confinement lié au COVID-19. Cela me paraît à la fois très lointain et pas si vieux.
Quoi qu’il en soit, l’heure de Jésus arrive à grands pas puisque la décision des chefs juifs semble irrévocable. A ce propos, j’oublie régulièrement de remettre ma lecture du nouveau testament dans son contexte géopolitique de l’époque à savoir : l’oppression exercée par les Romains sur le peuple hébreux. Et quelque part, je peux tout-à-fait imaginer la crainte de ces derniers et en premier lieu de leurs chefs, que les Romains viennent détruire leur « Lieu saint » et « leur nation » par la faute de Jésus. Ceci dit avouons-le, cette crainte était peut-être aussi une excuse, un prétexte, permettant de justifier leur souhait de se débarrasser d’un Jésus différent, dérangeant, encombrant.
Un point m’interpelle dans cet évangile, c’est que Jésus semble vouloir se cacher. Est-ce qu’il cherche à gagner du temps car il fallait en effet que sa mort coïncide avec la Pâque juive, dont il devait être la parfaite réalisation ? Ou bien a-t-il tout simplement peur de ce qui va lui arriver ? Peut-être avait-il aussi l’envie et le besoin de se ressourcer au calme avec ses disciples dans un lieu retiré. Et quoi de mieux que le désert de Judée pour faire cela. Je trouve que ce temps de pause avant la tempête (et quelle tempête !) le rend très humain. Si Jésus était pleinement homme, il devait probablement ressentir des émotions humaines : joie, tristesse, peur, colère, surprise, dégoût. Nous en avions d’ailleurs eu la preuve dimanche dernier lorsqu’il a découvert que son ami Lazare était mort. Je cite ainsi Saint-Jean : « Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé ». Et quelques versets plus loin : « Alors Jésus se mit à pleurer. »
J’évoquais le bilan de notre propre carême au début de mon propos. Le texte du jour nous invite probablement à regarder ces quarante jours de conversion à la lumière de notre relation à Jésus. Sommes-nous de ceux qui veulent l’éradiquer de notre vie comme les chefs des juifs, ou du moins ne pas trop s’en occuper, en ne le suivant que dans ce qui nous plait ou ce qui nous convient ? Ou bien sommes-nous de ceux qui, bravant la peur, acceptent vraiment de recevoir ce cadeau de vie qu’il veut nous offrir ? Sommes-nous de ceux qui sont prêts à le suivre jusqu’au bout ? Des questions qui méritent d’être posées avant d’entrer justement dans la semaine sainte !
Je vous souhaite une belle journée et une belle semaine sainte mes amis.