Nouveauté : un atlas des plantes sauvages de l'OrneOn peut dire que les atlas sont aujourd’hui des publications scientifiques mises à disposition du grand public. Autrefois, il s’agissait de documents austères, au mieux illustrés par quelques dessins et regorgeant de termes scientifiques. L'AFFO a souhaité faire une sorte de dictionnaire des plantes sauvages accessible et agréable, avec des articles faciles à lire et abondamment illustrés.
Bonjour Anne-Sophie, vous avez souhaité nous parler d’une la prochaine publication d’un atlas des
plantes sauvages de l’Orne, fruit de plus de vingt ans de travail de votre association, c’est
certainement un événement marquant !
On peut dire que les atlas sont aujourd’hui des publications scientifiques mise à disposition du grand
public. Autrefois, il s’agissait de documents austères, au mieux illustrés par quelques dessins et
regorgeant de termes scientifiques. Nous avons souhaité faire une sorte de dictionnaire des plantes
sauvages accessible et agréable, avec des articles faciles à lire et abondamment illustrés qui
permettent d’apprendre et de comprendre plein de choses sur la botanique. Nous allons donc
partager les connaissances acquises dans le cadre du programme d'inventaire de la flore de l'Orne
réalisé entre 2003 et 2023.
Vous nous avez parlé, lors d’une ancienne chronique, de l’abbé Letacq qui avait fait ce genre
d’inventaire à lui tout seul il y a plus d’un siècle…
C’est la chance formidable du département de l’Orne en effet, que de disposer d’un inventaire des
plantes sauvages réalisé par Arthur-Louis Letacq, qui a la particularité d’avoir aussi réalisé ces
inventaires pour les mammifères, les oiseaux, les poissons, les amphibiens, les mousses, les crustacés,
etc. Nous sommes donc en mesure d’analyser l’évolution de la biodiversité de notre département
depuis plus d’un siècle. J’en profite pour vous dire que l’Orne a beaucoup de chance encore
maintenant, car le coordinateur de cet atlas, qui s’appelle Joachim Cholet, est un digne successeur de
notre abbé Letacq et de sa capacité de travail ! Ce regard sur l’évolution historique permet aussi
d’apporter les informations qui devraient aider à élaborer les politiques publiques. Dans le cadre des
projets d’aménagement, certains choix de préservation pourront être faits par les décideurs, grâce à
la localisation précise des stations de plantes rares ou en voie de disparition. Nous avons par exemple
identifié 94 plantes qui n’ont pas été revues depuis plusieurs décennies, suggérant leur possible
disparition de notre territoire. Il faut le plus possible arrêter les destructions de certains milieux
naturels qui conduisent à cette érosion de biodiversité.
Concrètement, vous pouvez nous détailler comment on se lance dans un tel ouvrage qui suppose
des années de travail ?
Déjà, au niveau méthodologique, nous ne sommes pas seuls ! La majorité des régions de France, à des
échelles diverses, sont pourvues d’atlas, c’est une démarche nationale : l’Atlas de la Flore de la Seine-
Maritime et de l’Eure (2015) Atlas du Calvados (2017), Atlas de la Manche (en cours). Le flore d’Ile de
France est parue en 2011 et se décline depuis en atlas départementaux.
Dès l’origine, l’Association faune et flore de l’Orne (AFFO) et le Conservatoire botanique national de
Brest (CBNB) se sont engagés ensemble dans le projet. Les deux structures ont mutualisé leurs
compétences scientifiques et techniques et l’AFFO a notamment investi sa capacité à mobiliser les
acteurs. Imaginez ce que cela représente, en termes d’organisation, que d’animer un réseau de 200
botanistes bénévoles pour réaliser les inventaires dans les 505 communes de l’Orne, avec un
minimum de deux journées d’inventaire par commune. Nous sommes en effet restés aux 505
communes traditionnelles du département telles qu’elles étaient définies en 2002. Concrètement,
c’est assez amusant. On se donne rendez-vous tôt le matin au pied de l’église du village et l’inventaire
commence toujours par le cimetière,