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Visite du Pape François à Cagliari : les messages forts

Visite du Pape François à Cagliari : les messages forts

Un article rédigé par Marion Duchene - RND, le 19 juin 2024 - Modifié le 19 juin 2024
Économie, travail, pauvreté, argent, politique, vocation personnelle… Le Saint-Père a évoqué sans langue de bois de nombreux sujets au cours de sa visite pastorale en Sardaigne.
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Le Pape est arrivé dimanche matin à Cagliari en Sardaigne, île italienne durement frappée par la crise économique. Après l’île de Lampedusa début Juillet, il s’agissait du 2e voyage papal en Italie depuis le début de son pontificat.

8h45 : Rencontre avec le monde du travail près du port de Cagliari

Après avoir écouté les témoignages d’un chômeur, d’une responsable de coopérative et d’un jeune berger, le Pape s’est lancé dans son premier discours de la journée, condamnant avec force l’idolâtrie de l’argent. "Là où il n’y a pas de travail, manque la dignité. […], c’est le résultat du choix mondial, d’un système économique qui conduit à cette tragédie : un système économique qui a au centre une idole qui s’appelle l’argent. Et Dieu a voulu qu’au centre du monde il n’y ait pas une idole, mais l’homme, l’homme et la femme, qui fassent avancer le monde par leur travail. Mais maintenant, au centre de ce système sans éthique, il y a une idole, et le monde est devenu idolâtre de ce dieu argent, c’est l’argent qui commande, et toutes les choses qui servent à cette idole. Et qu’est-ce qui se passe ? […] les personnes âgées tombent parce qu’il n’y a pas de place pour eux dans ce monde. […] Et tombent les jeunes qui ne trouvent pas de travail, leur dignité. […] Le travail veut dire dignité, veut dire rapporter du pain à la maison, le travail veut dire aimer. Et pour défendre ce système économique idolâtre, on instaure la culture du rebut, on rejette les jeunes et on rejette les anciens. Et nous devons dire non à cette culture du rebut, nous devons dire que nous voulons un système juste qui nous fasse aller de l’avant. Nous devons dire que nous ne voulons pas de ce système économique globalisé qui nous fait tant de mal." a demandé le Pape devant les milliers de personnes venues l’écouter.

10h30 : Messe sur le parvis de la basilique Notre Dame de Bonaria

Près de 100 000 personnes étaient rassemblées devant le sanctuaire qui a donné son nom à Buenos Aires, capitale de l’Argentine d’où est originaire le Pape. Le Saint-Père a insisté sur le rôle essentiel de la Vierge Marie dans nos vies : "Sur le chemin, souvent difficile, nous ne sommes pas seuls, nous sommes tant, nous sommes un peuple et le regard de la Vierge nous aide à nous regarder les uns les autres de façon fraternelle. Regardons-nous de façon plus fraternelle ! Que Marie nous enseigne à avoir ce regard qui cherche à accueillir, à accompagner, à protéger. Apprenons à nous regarder les uns les autres sous le regard maternel de Marie !". Il a rappelé à tous les fidèles "a puissance de la prière"  : "Ne nous lassons pas de frapper à la porte du cœur de Dieu. Apportons au cœur de Dieu, à travers Marie, toute notre vie, chaque jour".

15h : Rencontre avec les pauvres et les détenus dans la Cathédrale de Cagliari

Dans l’après-midi, le Pape François s’est adressé aux  nombreux pauvres et détenus pris en charge par la Caritas diocésaine, définissant clairement ce qu’était la charité et son rôle dans la société actuelle. Le pape François a aussi noté qu’ "on trouvait parfois de l’arrogance, y compris dans le service des pauvres. […] Certains se mettent en avant […], vont jusqu’à instrumentaliser les pauvres pour leurs intérêts personnels ou de leur groupe. […] C’est un péché grave ! Ces gens-là feraient mieux de rester chez eux". Rappelant que toute la société a besoin d’espérance, il a souligné que "les responsables politiques et civils devaient faire leur part mais en tant que citoyens il faut les soutenir de manière active. Certains membres de la communauté chrétienne sont appelés à s’engager dans le champ politique qui, comme le disait Paul VI est une forme élevée de la charité". Quant à l’Eglise, elle doit "collaborer avec les institutions publiques dans le respect des compétences de chacun. […] La force de la communauté chrétienne est de faire grandir la société de l’intérieur comme un levain ».

16h : rencontre avec le monde de la culture à l’université de théologie de Cagliari

Le Pape a parlé du sentiment de "désillusion",  largement répandu par "une crise économique et financière, mais aussi une crise écologique, éducative et morale. Elle concerne le présent et l’avenir historique, existentiel de l’homme dans la civilisation occidentale et en conséquence dans le monde entier". Face à cela, il ne faut pas avoir "une vision apocalyptique […] qui provoque une sorte de paralysie de l’intelligence et de la volonté". Inutile également de réagir comme "Pilate, en "se lavant les mains" . Une attitude a première vue "pragmatique" mais qui "ignore le cri de justice, d’humanité et de responsabilité sociale et favorise l’individualisme, l’hypocrisie voire une sorte de cynisme ». La seule manière de s’en sortir est de « chercher et trouver des chemins d’espérance, capables d’ouvrir de nouveaux horizons". Le Pape a alors vanté le rôle de l’Université, "lieu de discernement", "lieu où s’élabore la culture de la proximité", " lieu de formation à la solidarité" Il a aussi témoigné de sa confiance dans "les jeunes politiciens""ont une nouvelle manière de penser la politique. Ils parlent autrement […] leur musique est différente de notre musique. N’ayons pas peur ! Ecoutons-les, parlons comme eux. Ils ont une intuition : ouvrons-nous à leur intuition. […] Cela nous aidera d’écouter la musique de ces politiciens, "scientifiques ", et penseurs jeunes" qui "ont une nouvelle manière de penser la politique. Ils parlent autrement […] leur musique est différente de notre musique. N’ayons pas peur ! Ecoutons-les, parlons comme eux. Ils ont une intuition : ouvrons-nous à leur intuition. […] Cela nous aidera d’écouter la musique de ces politiciens, "scientifiques ", et penseurs jeunes"

17h : Rencontre avec les jeunes près du port de Cagliari

Pour son dernier discours de la journée, le Pape François s’est adressé une foule de jeunes sardes. Il a d’abord évoqué le double attentat suicide qui a frappé ce dimanche matin au Pakistan une Église de la ville de Peshawar faisant plus de 70 morts, en condamnant "un choix erroné de haine et de guerre".  Avant d’ajouter : " Seul le chemin de la paix construit un monde meilleur". Le Pape les a exhorté à ne pas céder aux  "marchands de morts", faisant allusion aux trafiquants de drogues qui opèrent "lorsque vous êtes tristes, sans espérance et sans confiance. Ne leur vendez pas votre jeunesse, vous voyez de quoi je parle, vous me comprenez", a-t-il insisté. Les jeunes ont naturellement été appelés à ne pas perdre l’espérance et à mettre toute leur confiance dans le Christ. A ce sujet, le Pape François a évoqué son expérience personnelle, décrivant aux jeunes, avec émotion et complicité, comment sa vocation était venue, soixante ans auparavant : "N’hésitez pas à dépenser votre vie pour témoigner avec joie de l’Evangile, spécialement auprès de ceux de votre âge. Je veux vous raconter une expérience personnelle : hier j’ai fêté le 60e anniversaire du jour où j’ai entendu la voix de Jésus dans mon cœur (applaudissements). Ceci, je ne le dis pas pour que vous fassiez un gâteau, ici, non, je ne le dis pas pour cela ! Mais 60 ans après ce jour, je ne l’oublie jamais. Le Seigneur m’a fait sentir fortement que je devais aller par cette route. J’avais 17 ans. Des années se sont passées avant que ma décision, que cette invitation ne soit concrète et définitive. Tant d’années ont ensuite passées, avec quelques succès et de la joie, mais tant d’années d’échec, de fragilité, de péché : 60 ans sur la route du Seigneur, derrière lui, à côté de lui, toujours avec lui. Je vous dis seulement cela : je n’ai jamais regretté ! Je n’ai jamais regretté ! Mais pourquoi ? Parce que je me sens Tarzan et fort pour aller de l’avant ? Non, non, je n’ai pas regretté, parce que toujours, même dans les périodes les plus sombres, dans les moments de péché, dans les moments de fragilité, dans les moments d’échec, j’ai regardé Jésus et je lui ai fait confiance et il n’a m’a jamais laissé seul. Ayez confiance en Jésus ! Lui, il va toujours de l’avant. Il vient avec nous. Mais écoutez ! Lui, il ne déçoit jamais, il est fidèle ! C’est un compagnon fidèle. Pensez-y – voilà mon témoignage – : je suis heureux de ces 60 années avec le Seigneur"


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