Inaugurée et bénie en septembre 2015, la Maison Ozanam s’inscrit dans le projet de réaménagement urbain de la nouvelle ZAC Clichy-Batignolles au nord-ouest du 17e arrondissement de Paris, sur l’ancien terrain de la SNCF. Située derrière l’avenue de Clichy, à la croisée d’un nouveau et d’un ancien quartier, cette maison d’accueil, liée à la paroisse Sainte-Marie-des-Batignolles, est un trait d’union entre les différentes populations locales d’origines diverses.
Emmanuel Michon est paroissien de Sainte-Marie-des-Batignolles, il a participé au projet depuis le début et fait partie du conseil d’administration de la maison. Il revient sur les origines du projet et du nom de la maison.
"Nous avons fait ce choix avec Mgr Nahmias. Nous avons choisi le bienheureux Frédéric Ozanam parce qu’il a eu la conviction qu’il fallait relever les manches et faire quelque chose. Il ne suffit pas de parler de Dieu, il faut aller vers les autres" Son bilan ? "Je suis heureux de voir que ça vit ! C’était un vrai pari de s’implanter dans ce nouveau quartier. C’est une population mixte, cosmopolite, les jeunes ne sont pas tous baptisés, ou sont d’autres religions, notre vocation est de les accueillir pour ce qu’ils sont. =" Patronage, aide aux devoirs, activités avec les familles, les projets sont variés. "La présence de Dieu crée du lien entre les jeunes", assure Emmanuel Michon.
Pour les cinq ans de la maison, les responsables ont souhaité un geste fort dans leur lieu. La venue des reliques de Saint François d’Assise fera de cet anniversaire un évènement inoubliable.
"Ce reliquaire, ce n’est pas banal, c’est inhabituel de voir un manteau ! J’espère que cela permettra d’apporter un nouveau souffle au bout de cinq ans. Ici, tout a été crée de toutes pièces, il faut voir comment nous allons continuer à faire vivre cette maison . Une communauté va-t-elle se créer?" se demande-t-il, "pour le moment c’est la paroisse qui la fait vivre."
Hasard de calendrier ou signe de la providence, cette fête coïncide avec la publication de l’encyclique du Pape François sur la fraternité ce dimanche 4 octobre, jour de la célébration de saint François d’Assise. "Avec le confinement, c’est le seul événement qui a pu aboutir !" se réjouit Philippe Dilasser, lui aussi membre du conseil d’administration de la maison Ozanam. "Je suis très touché, ce saint qui vient à nous colle bien à notre maison d’autant plus que cela tombe la veille de la sortie de l’encyclique "Tutti fratelli (tous frères)". La fraternité, c’est ce qui se vit ici, par l’accueil et l’esprit de service."
Arrivée un an après l’ouverture de la maison, Chloé Eid, la directrice adjointe s’émerveille :
" 5 ans, c’est beau ! Cet anniversaire, c’est l’occasion de voir l’évolution de tout ce qu’on a pu faire avec les jeunes, de voir à quel point ils ont grandi, physiquement et spirituellement. En raison des mesures sanitaires actuelles, c’est moins festif que ce que l’on a imaginé, mais cela permet d’aller à l’essentiel. La présence du reliquaire nous recentre sur notre mission qui est de se mettre au service de ceux qui en ont besoin. Avec les jeunes, nous avons beaucoup travaillé sur la figure de saint François, mais jamais je n’aurais pensé accueillir son manteau ici."
Pour la petite histoire… C’est une relique qui a traversé les siècles et connue de nombreuses péripéties : ce manteau, François d’Assise l’avait donné à la reine Elisabeth de Hongrie en gage de leur lien spirituel. Le roi Saint Louis l’a reçu ensuite en cadeau et il a été gardé précieusement en France par diverses communautés de spiritualité franciscaine. Il se trouve aujourd’hui au couvent des Capucins, rue Boissonade à Paris, dans le quartier Montparnasse. Le Frère Eric Bidot, ministre provincial des frères mineurs capucins de France a lui-même apporté le reliquaire, fier de pouvoir à son tour offrir et partager la joie et la charité du "poverello"
"Le manteau à cette dimension de protection, du prendre soin et du partage. Les responsables souhaitaient un geste fort à l’occasion des cinq ans d’existence de la maison. François a toute sa place dans un anniversaire comme celui-là." "Ce manteau, d’un gris profond, est présenté dans des bras qui le donne, c’est un encouragement à la conversion ", conclut-il.
"Je voulais faire quelque chose de sobre", commente la sculptrice, qui se retrouve pour la première fois à travailler avec un vêtement. "Il est plié, ça ne paraît pas, mais c’est grand !" (2 mètres de long sur 80 cm de large).
Aiguillée par l’archiviste pour bien comprendre l’histoire du manteau, elle conçoit "une sorte de dépositaire". "L’art du reliquaire", précise-t-elle, c’est de "savoir montrer". Sans mauvais jeu de mots, "j’ai réalisé un porte-manteau, une ostension non-ostentatoire" . Parmi les premiers visiteurs, une classe de primaire. Isabelle Chalençon, enseignante à l’école privée Sainte-Marie des Batignolles, située à quelques rues de la maison Ozanam, est venue avec ses élèves de CE2. "Nous avons un projet d’école sur toute l’année scolaire autour de Saint François d’Assise. Je voulais les emmener voir les reliques pour que cela les interpelle"
Après un temps d’échange et de recueillement dans la Chapelle, les enfants rassemblés devant l’arbre peint sur le mur du grand hall d’accueil livrent leurs premières impressions.
"Je m’attendais à voir un manteau long, dans une vitrine, du coup comme ce n’était pas, c’était bizarre", avoue Albane, étonnée.
"Je croyais qu’il était plus grand, plus chaud, je ne m’attendais pas à voir un bout de tissu", ajoute Paul.
"J’ai ressenti de la joie", partage Keira, "c’est pas tous les jours qu’on voit un manteau comme ça"
"J’ai ressenti un homme gentil, voir son manteau, ça m’a donné l’idée de l’homme qu’on ne peut pas voir réellement mais que je peux imaginer", confie quant à lui Oscar.
Animations pour les jeunes, temps de prière et de rencontre, les propositions n’ont pas manquées pendant ces deux jours. Un anniversaire qui s’est terminé par une messe présidée par l’archevêque de Paris Mgr Aupetit.
Ces journées marquent également le début de l’année pastorale pour la paroisse autour du thème de Laudato Si, encyclique sur le thème de l’écologie intégrale qui fête aussi ses 5 ans cette année.
Saint François d’Assise, homme de paix et amoureux de la nature, proclamé "patron des écologistes" par Jean-Paul II en 1979, n’a donc pas fini de nous interpeller sur la fraternité et la Création.
Sa cape, dont l’étoffe, authentifiée comme médiévale, doit être laissée dans l’obscurité pour une conservation optimale, retournera ce dimanche déjà à la fraternité des Capucins.
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