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Synode : que faut-il retenir ?

Un article rédigé par Camille Meyer - RND, le 28 octobre 2023 - Modifié le 28 octobre 2023
Un synode à huit clos, un jeûne médiatique imposé à tous les participants, la conversation dans l’Esprit comme méthode. Que s’est-il passé à Rome ?
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Les journalistes tournent en rond ! Oui, après un mois de synode, il y a toujours aussi peu d’informations qui filtrent de la salle Paul VI en dehors des conférences de presse organisées par la Sala Stampa della Santa Sede, la salle de presse du Saint-Siège. « Nous sommes dans l’écoute, la méthode, la coresponsabilité, l’Eglise sur le même chemin » sont sûrement les phrases les plus entendues à Rome depuis un mois. Finalement les pères et mères synodaux ne sont pas les seuls à devoir jeûner médiatiquement, les journalistes aussi. Trois journalistes vaticanistes étaient les invités, vendredi 27 octobre, du Presse Club d’Etienne Pépin et de Pauline de Torsiac, pour tenter de vous expliquer ce qui attend l’Eglise.

"Conversation dans l’Esprit et jeûne médiatique"  

La conversion dans l’Esprit, c’est la méthode utilisée pour ce synode sur la synodalité. Concrètement, chacun leur tour, les participants prenaient la parole sur une thématique retenue. Une fois finit, la table fait silence, puis une nouvelle personne prend la parole. Ce synode sur synodalité veut d’abord écouter, « pas de débat, c'est la version officielle raconte Cyprien Vietjournaliste à I-Média qui a couvert le synode depuis le 4 octobre, peut-être qu'il y a eu quand même quelques accrochages, dont nous n’avons pas eu d'écho direct, après (…) il y a une volonté de ne pas laisser prise à des cristallisations (…) mais le résultat final laissera certainement la place à des divergences ». La méthode laisse dubitatif Jean-Marie Guénois, chef du service religion au Figaro, « eu égard à l’histoire et la tradition intellectuelle de l’Eglise qui justement apprécie le débat. C’est toute l’histoire des Conciles et jamais on n’avait vu qu’il fallait mettre sous le boisseau à ce point les désaccords. »

"La prise de parole de François" 

« L’Eglise est féminine, elle est épouse, elle est mère », le pape François a pris la parole jeudi alors que la lettre au peuple de Dieu était attendue. Fustigeant le cléricalisme qui défigure le visage de l’Eglise par des attitudes machistes et dictatoriales, son intervention paraît rude, « pour ceux qui traitent l'actualité papale du lundi au vendredi, 365 jours par an », explique Jean-Charles Putzolu, rédacteur en chef de la rédaction française de Radio Vatican, « François nous a largement habitué à ces discours qui peuvent parfois choquer et il suffit d'écouter n'importe quelle audience générale. Le cléricalisme et la mondanité, c'est quelque chose qu'il ne supporte pas chez les prêtres et il ne manque jamais une occasion de le dire avec des mots forts (...) pour lui un prêtre mondain va totalement à l'encontre de l'esprit synodal. »

"Que dit la Lettre au peuple de Dieu ?" 

"Il y a l'invention d'un nouveau commandement analyse Jean-Marie Guénois, il faut s'écouter et non plus seulement écouter, "s'écouter en partant du bas (...) il y a une forme de discernement (...) on ne va plus écouter le pape ou les évêques, on va écouter le plus pauvre, c'est ce qui est demandé explicitement dans le texte". Renforcer les synergies dans tous les domaines de la mission avec de la coresponsabilité, c'est le souhait formulé par les pères et mères synodaux dans cette lettre. "Un sujet peut-être pas assez fouillé" lors du Concile Vatican II analyse Cyprien Viet, "les évêques qui avaient participé au Concile s'étaient concentrés sur la collégialité épiscopale. Mais il y avait un peu une zone grise sur les prêtres, sur les diacres, sur les laïcs, sur la responsabilité des autres membres de l'Église, et c'est peut-être ça l'enjeu de ce synode." D'ailleurs le mot "collégialité" n'a pas été prononcé une seule fois ! Jean-Marie Guénois a interrogé la théologienne Catherine Clifford, participante au synode, sur la disparition de ce mot du vocabulaire synodal. "Elle m'a expliqué qu'effectivement ça avait été mis en valeur par Vatican II mais qu'aujourd'hui la question n'était plus tellement celle de la collégialité mais de la synodalité, chaque baptisé a voix au chapitre, c'est ça la nouveauté."

"Un diaconat féminin ?" 

C'est une des interrogations de ce synode. Pour Cyprien Viet, "c'est le serpent de mer depuis le début du pontificat de François. Il y a deux commissions qui se sont réunies et elles n'ont rien donné." Le journaliste d'I-Média estime qu'avant de parler de diaconat féminin, l'Eglise devrait réfléchir sur le diaconat "en tant que tel, il n'a fait l'objet d'aucune encyclique, d'aucun synode, d'aucun cadrage précis". Vatican II a ouvert le diaconat permanent en 1963, "s’il y a des diocèses qui en ordonnent quarante par an, d'autres ne l'ont jamais fait, donc posons d'abord la question du diaconat en général parce qu'il n'y a pour l'instant pas de cohérence globale" 

"Et après ?"

Les conclusions du synode sont attendues dans la soirée, le pape devrait, à l'occasion, prendre la parole. "Finalement l'enjeu du synode c'est l'autorité de l'Eglise, que je traduis même en crédibilité" estime Jean-Marie Guénois. "L'Église sort d'une période où elle s'est affaissée où elle a perdu énormément de son aura. (...) je crains que ce synode, s'il ne débouche pas sur des choses concrètes à la fin, va beaucoup décevoir en interne et en externe.La question de l'autorité, après un mois de discussions, reste floue. Les conclusions attendues ce samedi soir permettront peut-être d'y voir plus claires, à moins que le pape, les pères et mères synodaux ne fassent encore patienter le peuple de Dieu… jusqu'en octobre 2024.

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