JavaScript is required

Saints Blandine et Pothin

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - le 14 juin 2023 - Modifié le 17 juillet 2023

Le vieil évêque Pothin et la jeune esclave Blandine ont marqué par leur martyre toute l'histoire de l'Eglise de France.

Saints Blandine et PothinSaints Blandine et Pothin

L’histoire de la France chrĂ©tienne comprend aussi son lot de martyrs qui ont participĂ© par le don de leur vie Ă  la croissance de l’Église, selon la cĂ©lèbre parole de Tertullien, « Le sang des martyrs est semence de chrĂ©tiens. » Parmi eux, il y a le groupe des martyrs de Lyon qui ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s sauvagement vers l’an 177. L’unique source historique qui permet de connaĂ®tre les Ă©vĂ©nements est la fameuse Histoire ecclĂ©siastique d’Eusèbe de CĂ©sarĂ©e qui reproduit in extenso la lettre que les chrĂ©tiens de Vienne et de Lyon ont rĂ©digĂ©e pour raconter le martyre de leurs compagnons. Cette lettre est adressĂ©e aux chrĂ©tiens d’Asie et de Phrygie. 

 

 

Des chrétiens sous domination romaine

 


Nous sommes donc aux environs de 177 à Lugdunum, le nom latin de Lyon, sous le règne de l’empereur Marc Aurèle. Étant donné sa position géographique exceptionnelle, Lyon est une ville commerciale importante, la plus importante de la Gaule de l’époque. En juillet, se déroulent des fêtes religieuses païennes qui sont l’occasion aussi d’échanges commerciaux, d’un grand brassage de population et de beuveries festives. C’est durant ces fêtes que les esprits s’échauffent contre les chrétiens, la boisson aidant probablement. On raconte à leur propos toutes sortes de mensonges, des horreurs que la foule crédule avale et propage sans broncher. Les chrétiens se livreraient à des sacrifices humains, ils mangeraient la chair de jeunes enfants, et d’autres calomnies du même genre. Ces bruits se propagent rapidement et la foule commence à s’exciter contre les chrétiens. Elle réclame qu’ils soient poursuivis et punis. La pression populaire est telle que le gouverneur romain est forcé de réagir. Il fait arrêter, mettre en prison et comparaître devant lui tous ceux qui sont soupçonnés d’être chrétiens. Dans cette persécution, selon Eusèbe, 48 martyrs périront. Les 24 chrétiens citoyens romains – 12 hommes et 12 femmes – sont décapités comme le veut la loi. Dix-huit autres meurent en prison des suites des mauvais traitements qu’ils ont subis. Six vont être soumis aux jeux du cirque où ils seront livrés aux bêtes dans le fameux amphithéâtre des Trois Gaules.

 

 

Le premier à être arrêté est évidemment le chef des chrétiens, le vieil évêque du lieu, Pothin, âgé de 82 ans, déjà faible et infirme. Pothin est originaire de Smyrne, la ville de saint Polycarpe qu’il a bien connu. Son nom signifie « Désiré » en grec. Il est arrivé à Lyon vers 122 et est un des fondateurs de la chrétienté lyonnaise. Au moment de son martyre, il est le seul évêque de la Gaule. Il comparaît devant le tribunal au milieu des injures du peuple. Le gouverneur lui demande : « Quel est donc le dieu que servent les chrétiens ? » Pothin lui répond avec dignité : « Tu le connaîtras si tu en es digne. » La colère de la foule se déchaîne alors sur lui. Pothin est battu à coups de pieds et à coups de poings, ceux qui sont loin jettent sur lui tout ce qui leur tombe sous la main, convaincus de venger leurs dieux injuriés par l’athéisme de ce mécréant. Les chrétiens sont en effet considérés comme des athées puisqu’ils ne reconnaissent pas les dieux de la société de leur époque. Le pauvre évêque est ramené mal en point dans la prison et c’est là que, deux jours après, il décède des suites de ses blessures et de son grand âge. C’est le premier martyr.

 

 

Le martyre Ă  l'Ă©preuve d'un courage exceptionnel 

 

 

Tous les chrĂ©tiens comparaissent et sont sommĂ©s d’abjurer leur foi. Certains, une minoritĂ©, abjurent par peur du martyre. Un jeune homme de haut rang dans la sociĂ©tĂ© lyonnaise appelĂ© Vettius Epagathus est choquĂ© par l’injustice de ces procès. Courageux, il sort de la foule et se propose de dĂ©fendre les accusĂ©s comme le permet la loi romaine. Sans Ă©couter sa requĂŞte, le gouverneur l’interpelle et lui demande si lui aussi est chrĂ©tien. Vettius rĂ©pond que oui. Sur ordre du gouverneur, les gardes le transpercent sur le champ de leurs Ă©pĂ©es. C’est alors au tour du diacre Sanctus de passer en jugement. Le gouverneur lui demande : « Quel est ton nom? » Sanctus rĂ©pond : « Je suis chrĂ©tien. » Le gouverneur continue : « OĂą es-tu nĂ© ? » Sanctus rĂ©pond de nouveau : « Je suis chrĂ©tien. » « Es-tu esclave ou libre? » « Je suis chrĂ©tien », martèle Sanctus. Ces rĂ©ponses attisent la colère des soldats qui le fouettent et Ă  le battent, alors que lui continue de rĂ©pĂ©ter : « Je suis chrĂ©tien. » Sur ordre du gouverneur excĂ©dĂ©, il est Ă©crasĂ© entre deux plaques de cuivre chauffĂ©es au rouge, mais il survit. Finalement, il sera livrĂ© aux bĂŞtes avec Maturus et ils mourront dans l’amphithéâtre.
On amène au procès une jeune esclave de 15 ans. Les juges exhortent Blandine de dénoncer ses maîtres, d’avouer les fameux crimes qu’ils sont censés avoir commis. Mais elle répond :

 

 

Non, nous ne faisons aucun mal, nous ne faisons rien d’autre que de nous aimer les uns les autres, de vivre fraternellement, d’être justes, purs, charitables. Est-ce lĂ  notre crime ? » On la torture pour obtenir qu’elle abjure, elle se contente de rĂ©pĂ©ter : « Je suis chrĂ©tienne, je ne fais aucun mal.  

 

 

En prison, Blandine subit de nombreux sévices, mais au grand étonnement des gardiens, elle survit à tous les mauvais traitements.
 

 

Finalement, le dernier groupe de chrĂ©tiens est amenĂ© Ă  l’amphithéâtre des Trois Gaules pour ĂŞtre mis en pâture aux bĂŞtes sauvages. Une dernière fois, le gouverneur tente une ultime conciliation. Il s’adresse aux condamnĂ©s : « Écoutez-moi, vous les athĂ©es. Vous, les chrĂ©tiens, vous offensez nos dieux et vous attirez sur nous leur colère. Jurez simplement par CĂ©sar et je vous relâcherai. » Quelques condamnĂ©s, peu nombreux, flanchent et prononcent le serment Ă  CĂ©sar. Ils sont libĂ©rĂ©s sur le champ. Les autres restent fermes dans leur foi : « Très bien, dit le gouverneur, vous avez choisi les fauves, le feu et l’épĂ©e. » S’abattent alors de terribles tortures sur les martyrs en prĂ©sence d’une foule qui hurle son approbation, mais aussi son Ă©tonnement : « Qui sont donc ces chrĂ©tiens? Ils affrontent la mort de plein grĂ© et avec joie. » Le chrĂ©tien Attale est grillĂ© sur une chaise de fer. Il s’adresse Ă  la foule qui l’accable : « Ce ne sont pas les ChrĂ©tiens qui mangent les hommes, c'est vous ; quant Ă  nous, nous Ă©vitons tout ce qui est mal. » Maturus et Sanctus subissent le mĂŞme sort pendant toute une journĂ©e : coups de verges, rĂ´tissages au fer rouge, attaques par des bĂŞtes et enfin Ă©gorgĂ©s. 

 

 

Après la souffrance, le rayonnement de la Foi

 

 

Quand on présente Blandine aux bêtes sauvages, celles-ci ne lui font aucun mal. On la ramène en prison. Quelques jours plus tard, on la ramène au cirque avec un jeune chrétien de 15 ans, Ponticus. Elle l’encourage à tenir bon jusqu’au bout. Tous deux subissent de nouveau le fouet et les attaques des animaux. Rapidement, Ponticus rend son âme à Dieu, mais Blandine, malgré toutes ses blessures, est toujours vivante. On l’emballe alors dans un filet et on la jette en pâture à un taureau enragé qui la pourfend de ses cornes. Malgré son corps ensanglanté et meurtri, Blandine apparaît rayonnante de la paix du Christ au point que un témoin du supplice déclare : « Elle ressemble à quelqu’un qui est invité à des noces et non à quelqu’un qui est jeté aux fauves. » C’est un soldat qui met fin à ses souffrances avec son épée.

 

Les martyrs de Lyon ont Ă©tĂ© accusĂ©s d’athĂ©isme et ceux qui les ont tuĂ©s ont rĂ©alisĂ©, sans le savoir, la prophĂ©tie de JĂ©sus : « Vient l’heure oĂą quiconque vous fera mourir croira rendre hommage Ă  Dieu » (Jn 16, 2). Le corps des martyrs a Ă©tĂ© exposĂ© dans les rues de Lyon pendant plusieurs jours, sous bonne surveillance. Le pouvoir romain veut empĂŞcher qu’ils reçoivent une sĂ©pulture convenable par peur de la rĂ©surrection. Au bout d’une semaine, les dĂ©pouilles sont brĂ»lĂ©es et leurs cendres jetĂ©es dans le RhĂ´ne… comme si cela pouvait empĂŞcher notre Dieu tout-puissant de les ressusciter au dernier jour ! Avec toutes ces atrocitĂ©s, le pouvoir romain pense arriver Ă  bout de la foi des chrĂ©tiens. Nous savons aujourd’hui qu’il n’en a rien Ă©tĂ©. Le courage, la joie et la certitude de la rĂ©surrection qui ont animĂ© les chrĂ©tiens martyrs de Lyon ont impressionnĂ© profondĂ©ment ceux qui les condamnaient. Rien n’a pu empĂŞcher la foi de se rĂ©pandre dans toute la Gaule jusqu’à arriver finalement Ă  ce que la France soit appelĂ©e « fille aĂ®nĂ©e de l’Église ».

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints
©RCF
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.