Au cours du Congrès du 15 mars 2019, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait convenu d'entamer "la rédaction d'un texte soulignant le caractère incontournable du concept de la dignité de la personne humaine au sein de l'anthropologie chrétienne et en illustrant la portée ainsi que les implications positives au plan social, politique et économique, en tenant compte des derniers développements du thème dans la sphère académique et de ses compréhensions ambivalentes dans le contexte d'aujourd'hui." Cinq ans plus tard et après de nombreuses modifications la déclaration "Dignitas Infinita" sur la dignité humaine est publiée ce lundi 8 avril. Ce document est découpé en quatre parties. Afin d'éviter toute confusion dans l'utilisation du mot "dignité", les trois premières parties mentionnent les idées fondamentales et théoriques. La dernière analyse les situations problématiques actuelles où la dignité humaine n'est pas reconnue à sa juste place.
Dans "Laudate Deum" publié le 4 octobre 2023, le Pape François définit la "Dignitas infinita" comme un principe "inaliénable, fondée dans son être même, appartient à chaque personne humaine, en toute circonstances et dans quelque état ou situation qu'elle se trouve. Ce principe, pleinement reconnaissable même par la seule raison, fonde la primauté de la personne humaine et la protection de ses droits. L'Eglise, à la lumière de la Révélation, réaffirme et confirme sans réserve cette dignité ontologique de la personne humaine, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu et rachetée dans le Christ Jésus. C'est de cette vérité qu'elle tire les rasions de son engagement envers les plus faibles et les moins dotés de pouvoir, en insistant toujours sur le primat de la personne humaine et la défense de sa dignité en toutes circonstances."
La dignité humaine repose sur trois convictions majeures. La première est une "image indélébile de Dieu". La dignité ne s'établit pas que sur l'âme mais sur l'unité indivisible de la personne, "la Révélation, la dignité de l'être humain provient de l'amour de son Créateur, qui a imprimé en lui les traits indélébiles de son image."
La deuxième conviction repose sur le mystère de l'Incarnation. En se faisant homme, Jésus Christ a apporté la "reconnaissance de la dignité de toute personne et aussi et surtout des personnes qualifiées d'indignes".
Le troisième principe montre que la finalité de l'être humain est la communion avec Dieu : "l'aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l'homme à communier avec Dieu."
Dans l'emploi de l'expression "dignité personnelle (droit de la personne)", est exclu toute être n'étant pas en "capacité de raisonner", par conséquent l'enfant à naître, les personnes âgées non autonome, les handicapés mentaux ne possèdent aucune dignité. L'Eglise parle de "dignité humaine" comme un principe "intrinsèque" demeurant en "toutes circonstances et que sa reconnaissance ne peut en aucun cas dépendre du jugement sur la capacité d'une personne à comprendre et à agir librement". Aujourd'hui, dans notre civilisation, nous employons plus facilement "droit de la personne" que "dignité humaine". L'emploi du mot "droit" permet "une multiplication arbitraire de nouveaux droits, dont beaucoup sont souvent en conflit avec ceux qui ont été définis à l'origine et qui sont fréquemment mis en conflit avec le droit fondamental à la vie." Sans standards objectifs, ce concept est soumis à "l'arbitrage et aux rapports de force les plus divers".
La déclaration "Dignitas infita" revient sur les grandes violations de la dignité humaine de notre monde contemporain. Nous y retrouvons la pauvreté : "l'une des plus grande injustice du monde contemporain", la guerre : "les guerres, les violences, les persécutions pour des raisons raciales ou religieuses, et tant d'atteintes à la dignité humaine se multiplient douloureusement en de nombreuses régions du monde", les migrants : "leur dignité est bafouée dans leurs pays, mais leur vie même est mise en danger car ils n'ont plus les moyens de fonder une famille, de travailler ou de se nourrir" et la traite des personnes avec cette accusation du Pape François: "je réaffirme que la traite des personnes est une activité ignoble, une honte pour nos sociétés qui se disent civilisées".
Ce texte mentionne les "abus sexuels laissant de profondes cicatrices dans le cœur de celui qui les subit: il se sent, en effet, blessé dans sa dignité humaine". Il s'attarde sur les "violences contre les femmes qui sont un scandale mondiale, de plus en plus reconnu."
L'Eglise se positionne contre l'avortement, la GPA, l'euthanasie et le suicide assisté. Elle rappelle que "la dignité de tout être humain a un caractère intrinsèque qui vaut depuis le moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle." et rajoute que "la pratique de la maternité de substitution porte atteinte, ne même temps, à la propre dignité de la femme qui y est contrainte ou qui décide librement de s'y soumettre et que l'enfant a le droit d'avoir une origine pleinement humaine et non artificielle".
Ce document critique la théorie du genre et le changement de sexe car "le corps de l'homme participe à la dignité de l'image de Dieu." Toutefois, l'Eglise rappelle que "chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect, avec le soin d'éviter toute marque de discrimination injuste." Pour l'Eglise, la théorie du genre écarte l'Homme de Dieu: "la vie humaine est un don de Dieu, qui doit être accueilli avec gratitude et mis au service du bien, vouloir disposer de soi, comme le prescrit la théorie du genre, sans tenir compte de cette vérité fondamentale de la vie humaine comme un don, ne signifie rien d'autre que de céder à la tentation séculaire de l'être humain se faisant Dieu et entrant en rivalité avec le vrai Dieu d'amour."
L'Eglise se prononce sur la question du numérique et de ses progrès, ces derniers peuvent "renforcer la création d'un monde dans lequel se développe l'exploitation, l'exclusion et la violence, qui peuvent aller jusqu'à porter atteinte à la dignité de la personne humaine." Le numérique "doit servir la dignité humaine et non lui nuire et si elle doit promouvoir la paix plutôt que la violence, la communauté humaine doit être proactive en abordant ces tendances dans le respect de la dignité humaine et en promouvant le bien."
Ce document de l'Eglise apparait 75 ans après la promulgation de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est perçu comme une voie où de "nombreux pas en avant" ont été faits. Aujourd'hui, le Pape François incite à l'élévation de la dignité de toute personne humaine en le faisant avec "espérance".
"Je demande à chaque personne de ce monde de ne pas oublier sa dignité que nul n'a le droit de lui enlever." disait le Pape François dans l'encyclique Laudato Si.
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