Le 17 juillet 2024, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont rendu public dans un rapport que l’abbé Pierre, fondateur d’Emmaüs est accusé d’agressions sexuelles ou des faits d’harcèlement sexuel sur plusieurs femmes entre 1970 et 2005.
Ces trois organisations ont "mandaté un cabinet expert de la prévention des violences, le groupe Egaé, pour mener un travail d’écoute et d’analyse", suite au témoignage d’une femme en 2023 déclarant avoir subi une agression sexuelle de la part du père Henri Grouès. Cette enquête a révélé sept témoignages de femmes dont une mineure, toutes "font état de comportements pouvant s’apparenter à des agressions sexuelles ou des faits de harcèlement sexuel commis par l’abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005. L’une d’entre elles était mineure (16-17 ans) au moment des premiers faits. Selon le groupe Egaé, il est raisonnable de penser qu’il y a d’autres personnes concernées, dans des proportions difficiles à estimer." a reporté le document officiel.
Le rapport d’enquête commence par rappeler les définitions de la loi française au sujet du harcèlement et de l’agression sexuelle. "Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante." Article 222-33 du code pénal "Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise ou, dans les cas prévus par la loi, commise sur un mineur par un majeur." Article 222-22 du code pénal
Les différents entretiens ont fait ressortir une divergence entre l’image de l’abbé Pierre et ses agissements envers ces femmes. "J’ai l’habitude de me défendre. Mais là, c’était Dieu. Comment vous faites quand c’est Dieu qui vous fait ça ?" a confié au groupe Egaé une des personnes entendues. Une sidération, une emprise lors des faits c’est alors emparé des victimes "C’est l’abbé Pierre, je ne peux rien faire". Deux livres Le saint et la pécheresse de Sanda Slag et l’abbé Pierre de Jean-Christophe d’Escaut ont relaté ces comportements. Cette situation était connue de plusieurs personnes du mouvement Emmaüs. "Je leur en ai parlé. C’était dans le bureau où l’abbé Pierre avait essayé de me bloquer. Ils m’ont dit « On pensait qu’il s’était calmé ». Ils m’ont dit que je n’étais pas la seule dans les secrétaires d’Emmaüs International.", nous étions en 1992. Dans le cadre de l’enquête, "une salariée de l’époque a indiqué que la consigne était donnée à ses collègues féminines de ne pas aller voir l’abbé Pierre seules. Elle dit être toujours allée le voir en étant accompagnée au moins d'une autre collègue et précise qu’il ne s'est jamais rien passé."
La conférence des évêques de France a rappelé dans un communiqué "L’abbé Pierre a eu, dans notre pays et dans le monde, un impact remarquable ; il a éveillé les consciences sur la responsabilité de tous à l’égard des personnes en précarité, et a renouvelé le regard que notre société porte sur les plus pauvres. Mais sa position ne saurait dispenser du travail de vérité nécessaire, que vient de réaliser Emmaüs avec clarté et courage, en se mettant à l’écoute des personnes plaignantes et en menant cette enquête dont le rapport vient d’être publié. Et qu’elle tient à assurer les personnes victimes de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre, et redit sa détermination à se mobiliser pour faire de l’Église une maison sûre."
@EmmausInter_fr, @emmaus_france et la @Fondation_AP rendent publics des faits graves commis par l’abbé Pierre.
— FondationAbbéPierre (@Fondation_AP) July 17, 2024
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