L’année 2020 a été éprouvante pour tout le monde, et l’Eglise catholique ne fait pas exception. En un an, les paroisses ont perdu près de 90 millions d’euros – 60 millions pendant le premier confinement, puis 30 millions lors du second. À titre de comparaison : en 2019, la totalité des dons courants à l’Eglise, qui comprend l’argent du Denier, des quêtes, du casuel (cérémonies, mariage, baptême) et des offrandes de messes s’élevait à 530 millions d’euros. Cette année, les dons courants à l’Eglise atteignent environ 440 millions d’euros, soit 17% de moins que l’année dernière. Les dons liturgiques (quêtes, casuel et offrandes) représentent 53% des ressources courantes de l’Eglise (hors legs). Dans ce domaine, pour les paroisses, la perte est de l’ordre de 30 à 40%.
Le choc économique est accentué par une baisse du nombre de donateurs qui se poursuit depuis 12 ans, avec un recul plus important depuis 2017. Un problème soulevé par Ambroise Laurent, secrétaire général adjoint de la CEF en charge des questions économiques, sociales et juridiques, puisqu’en 2019 le Denier représentait 39% des ressources annuelles totales de l’ensemble des diocèses – soit 244 millions d’euros. Il ajoute, "nous n’avons pas eu des aides, mais une aide comme toutes les associations et entreprises ou organismes qui emploient du personnel, nous avons pu bénéficier d’un régime dit "d’activité partielle" pour maintenir l’emploi dans notre périmètre. À ce titre, l’Eglise qui emploie 8000 salariés en France a reçu au total 5 millions d’euros". Des problèmes économiques qui s’ajoutent à un "choc spirituel" lié à la fermeture des églises, ou à l’impossibilité de se rassembler.
Rattraper 90 millions d’euros en quelques semaines semble impossible. Mais le secrétaire général adjoint de la CEF en charge des questions économiques, sociales et juridiques, Ambroise Laurent, reste optimiste : "L’espoir ça serait qu’on arrive à effacer un tiers à la moitié de la perte, c’est-à-dire 30 à 45 millions d’euros afin de limiter autour de 50 millions la perte finale". Aujourd’hui, l’Eglise catholique va devoir puiser dans les réserves, qui sont "le fruit de la générosité des fidèles qui nous ont précédé et la bonne gestion de nos finances. Les diocèses vont aider les paroisses à redémarrer". Il précise cependant que ces réserves ne sont pas importantes et que s’ils peuvent se permettre cela cette année, devoir le faire une deuxième année serait très difficile. Malgré les difficultés financières, Ambroise Laurent insiste sur le fait que les salaires des prêtres ou des évêques ne bougeront pas, et que l’Eglise souhaite éviter les suppressions de messes, ou du catéchisme. Les économies seront principalement faites sur les travaux et sur la vente d’actifs, notamment immobiliers.
Après cette année de crise sanitaire, l’Eglise catholique cherche à récolter des fonds notamment pour "redonner aux paroisses les moyens de redémarrer leurs activités début 2021 : de réouvrir le catéchisme, la soupe, l’accueil, les célébrations de semaine" explique Ambroise Laurent. L’objectif pour cela est d’élargir le nombre de donateurs, avec une volonté de trouver de nouveaux donateurs parmi les jeunes: "Cette campagne "Merci" s’ordonne notamment autour d’un nouveau canal : le don par sms. En envoyant DON au 92 377, un jeune ou un moins jeune doit pouvoir donner de 5 à 20 euros", précise le secrétaire général adjoint de la CEF. Ce type de dons invite au "don humble et facile" selon Vincent Neymon, secrétaire général adjoint de la CEF, directeur de la communication qui ajoute "ce don par SMS invite aussi au premier don, et par expérience nous savons que dans la collecte de fonds ce premier don est essentiel parce que c’est un pied à l’étrier, celui qui va en provoquer d’autres". Cet accent mis sur l’appel aux dons des jeunes peut paraître surprenant puisque cette catégorie de personnes fait partie des plus touchées par les conséquences de la crise sanitaire, mais Ambroise Laurent en est persuadé: " 5 €, 10€, 20€, ça se trouve encore. La motivation n’est pas tant d’aller chercher au fond de ses poches, c’est de se dire qu’est-ce que je signifie par ce don ? Quelque part au fond de mon cœur, et quelque part à la place de ma prière, je viens d’exprimer qu’il est plus joyeux de donner que de recevoir." La campagne du Denier s’intitule "Merci" pour remercier les donateurs fidèles qui apportent leur soutien à l’Eglise, ainsi qu’un merci aux plus jeunes pour leur premier soutien financier apporté aux paroisses.
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