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Comment vivre le Carême ? "tout faire par amour pour que le cœur s'agrandisse"

Comment vivre le Carême ? "tout faire par amour pour que le cœur s'agrandisse"

Un article rédigé par Yves Thibaut - 1RCF Belgique, le 5 mars 2025 - Modifié le 5 mars 2025
16/17Comment vivre le Carême ? "tout faire par amour pour que le cœur s'agrandisse"

C'est le grand jour pour les catholiques qui empruntent un chemin de jeûne et de privations qui les amènera à Pâques d'ici à 40 jours. Le mercredi des Cendres est l'ouverture du temps du Carême. Le Père Christophe Cossement, prêtre diocésain et curé des unités pastorales de Colfontaine et de Frameries - également formateur au séminaire à Namur - nous donne des pistes pour vivre ce temps de façon fructueuse. 

Le père Christophe CossementLe père Christophe Cossement

Un engouement nouveau 

Observez-vous un engouement pour cette longue période que sont amenés à vivre les fidèles ? 

Il me semble que jadis, on entrait dans le Carême en traînant les pieds, à reculons ou en essayant de minimiser ou de se dire que c'était finalement un temps comme un autre. Or aujourd'hui, je vois qu'il y a vraiment un attrait nouveau pour le Carême. L'autre jour, une paroissienne me disait «on voudrait savoir comment vivre le Carême ?». Je vois que même sur YouTube bon nombre de vidéos sortent, il y a un nouvel élan.

Sans doute est-ce lié au fait que le christianisme devient résolument minoritaire dans la société. On a besoin de se motiver, de savoir comment vivre ce temps exceptionnel. On sait bien qu'on ne sera plus porté par l'ambiance culturelle qui ne nous suffit pas.
 

Un temps de compassion avec le Christ

Le Carême n'est pas seulement une période de pénitence. Au commencement, qu'en était-il ?

Ce qu'on a comme trace, c'est le désir de vivre les jours saints en union avec le Christ, donc spécialement les Jeudi, Vendredi et Samedi saints. Il s'agissait d'accompagner le Christ dans sa Passion, et d'une certaine façon de la vivre dans la compassion en souffrant avec lui. 

Plus tard ce temps sera lié avec le jeûne du Christ au désert. Curieusement, dès le début du christianisme, le désir d'imiter le Christ au désert durant 40 jours s’installe. Au concile de Nicée, en 325, le temps du Carême sera fixé pour les communautés chrétiennes. On le faisait d'abord, pour les catéchumènes qui s'engageaient pour se préparer au baptême et affronter le lot des tentations. Ensuite, la communauté a voulu être solidaire avec les catéchumènes et vivre ce combat collectivement. L’autre aspect, c’était celui de la pénitence pour les pécheurs qui se repentaient d'un péché public et qui allaient être réintégrés à l'Église (après avoir apostasié, commis un adultère ou un meurtre, par exemple).

Ces derniers temps, on pouvait avoir tendance à faire du Carême quelque chose d'un peu ridicule. Et je pense que c'est maintenant qu'on retrouve le sens de l’ascèse qu'on avait mise de côté. Il y a toute une richesse ascétique que l'Eglise orthodoxe a beaucoup mieux gardé que l'Eglise catholique. On redécouvre cette habitude maintenant
 

Le Carême, un temps pour choisir de mourir à soi-même ?

Aujourd'hui il y a des baptêmes d'adultes, parfois nombreux. Tous les chrétiens vont renouveler l'engagement de leur baptême lors de la veillée Pascale. Le baptême, c'est comme dit Saint Paul aux Romains : mourir avec le Christ pour ressusciter avec Lui. Je pense que ces 40 jours nous permettent d’apprendre à mourir avec le Christ.
 

Les tentations et leur remède

Qu'est-ce qui peut nous aider d'ailleurs à prendre conscience de ce à quoi nous sommes appelés à mourir, chacun individuellement pour sa propre existence ?

C'est vrai que c'est vraiment difficile d'oser se regarder soi-même, en face, sans se raconter des histoires. Au fond, le premier dimanche de Carême, on va lire le récit de la tentation de Jésus au désert et les trois tentations qui nous sont rapportées par les évangélistes. C'est vraiment la clé, me semble-t-il, pour comprendre ce que nous devons affronter dans notre vie au quotidien.

Devant les 3 tentations que le diable présente au Christ, le jeûne, l'aumône et la prière sont des remèdes. Tout d’abord pour affronter le manque, l'exigence d'être satisfait, il y aura le jeûne. Jeûner pour apprivoiser la faiblesse. Et puis, pour affronter la tentation de la vanité, de l'orgueil, de se comparer aux autres, de réussir un peu tout seul dans son coin, il y aura l'aumône. L’aumône, c'est vouloir réussir avec les autres et pas tirer son épingle du jeu.

La lecture des tentations est la clef pour comprendre ce que nous devons affronter dans notre vie. 

L'aumône c'est le fait de vraiment partager une grande ouverture du cœur. Donc, ce n'est pas seulement le superflu qu'on doit donner. Je disais aux jeunes de ma paroisse : "en jeûnant, vous allez faire quelques économies forcément, mais il ne s'agirait pas de les prévoir pour soi. Au contraire, c'est une façon de donner à celui qui a moins, qui a eu moins de chance que moi dans la vie, et que je veux soutenir. 

Des efforts individuels et collectifs

Rappelons aussi que l'Église n'impose rien pour le temps du Carême. Et dans le fond, comment peut-on chacun discerner ce qui est bon pour notre cheminement spirituel individuel durant ces 40 jours ?

En effet, c'est peut-être ça qui a été parfois un peu déroutant, c'est qu'il n'y a pas de règle imposée. C'est un peu à chacun de se lancer dans un vrai effort. Donc je pense qu'il faut que ça coûte. Et en même temps, il s'agit aussi de se donner des défis réalisables. Il faut se lancer très généreusement, résolument, et en même temps rester tendu vers l'avant. Le but, c'est de revivre avec le Christ et de tout faire par amour pour que notre cœur s'agrandisse. 
 

Il faut se lancer très généreusement, résolument, et en même temps rester tendu vers l'avant. Il faut que ça coûte.

Comment prendre aussi un nouveau départ avec la communauté chrétienne, surtout quand si on s'en est éloigné ?

C'est une très bonne idée d'insister sur cette dimension communautaire ! Durant le Carême, les personnes plus éloignées de la pratique dominicale peuvent se dire «je retourne à la messe du dimanche", sans me poser la question de ce que ça pourrait m'apporter, mais parce qu'il y a Dieu. Et je vais avec les autres. Tout d'un coup, je découvre qu'ils sont contents de m'accueillir, ils m'attendaient et ils ont besoin de mon soutien. On peut aussi rejoindre un groupe de lecture de la parole de Dieu. Voilà un moyen de se motiver, parfois même avec son conjoint.

Retenons aussi que les dimanches, on ne fait pas pénitence. D'autres escales sont celles du 19 mars (fête de Saint-Joseph) et celle de l'Annonciation le 25 mars. 
 

Le 16/17 ©1RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
16/17
Le 16/17 ©1RCF
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