C'est un vrai défi. Face à la raréfaction des vocations sacerdotales, il devient de plus en plus difficile pour les évêques de nommer un curé dans chaque paroisse. Dans le diocèse de Moulins, 4 paroisses (sur 16) en sont dépourvus. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'elles n'ont aucune vitalité pastorale. Tour d'horizon des solutions mises en place localement, avec le concours de laïcs engagés.
Le prêtre est celui qui, par l'imposition des mains de l'évêque, a reçu la mission d'annoncer l’Évangile, en célébrant l’eucharistie, en pardonnant les péchés, en instruisant et guidant le peuple qui lui est confié. Le diocèse de Moulins en compte 42 (dont 8 retraités et 1 hors-diocèse).
Le curé, quant à lui, est un prêtre placé à la tête d'une paroisse par son évêque. Il a un rôle d'animateur des différents ministres ordonnées sur sa paroisse (diacres, catéchistes....) et des salariés (secrétaire, agents d'entretien....). Aux côtés de l'EAP (l'équipe d'animation pastorale), il gère le budget de la paroisse, s'occupe des chantiers, gère les plannings. Ce rôle fait appel à des qualités d'organisateur.
Il ne faut donc pas confondre les deux termes : L'un étant un état définitif reçu lors de l'ordination (prêtre), l'autre (curé) étant une fonction, déterminée dans le temps.
Le 2 juin dernier, la communauté paroissiale de Dompierre Sur Besbre et sa région est sous le choc. Le Père Jean-Paul Chantelot, 74 ans, décède brutalement, après la célébration des vêpres. Le Père Jean-Philippe Morin, actuel vicaire général dont la liste des missions est déjà longue, est appelé à la rescousse : "Ayant un peu de disponibilités en week-end, j’ai proposé à Mgr Beaumont de devenir administrateur de la paroisse. Ayant déjà effectué cette mission deux années sur la paroisse Saint-Vincent, je savais que cela donnait la possibilité de relancer des équipes, de redonner un élan pour permettre par la suite une prise en charge pastorale plus habituelle". Concrètement, le Père Jean-Philippe est présent tous les week-ends pour les célébrations des messes, ainsi que pour les baptêmes assez nombreux sur la paroisse. En semaine, il rencontre l’EAP et coordonne le travail des différentes équipes.
J’ai expérimenté la grande joie – et la grande chance – de pouvoir compter sur des laïcs engagés. Toutes les personnes appelées à une mission : catéchèse, jeunes, funérailles, animation liturgique, mariages, baptêmes, etc. ont répondu favorablement. Cela manifeste que la mission pastorale est véritablement d’appeler, d’articuler les missions, d’avoir le souci du tout mais pas de tout et de permettre à chacun de trouver la bonne place où il pourra donner le meilleur de lui-même.
A quelques kilomètres plus au sud, les frères de Saint Jean, qui occupent et animent l'ancien prieuré de Saint Germain des Fossés quittent les lieux en 2023, pour venir gonfler les rangs d'autres communautés. Par conséquent, deux paroisses se retrouvent sans curé. Pour Saint Joseph des Thermes, le Père Yves Molin est nommé curé, mais pour Saint Germain des Fossés, Mgr Beaumont fait appel à la congrégation de la mission, qui anime la maison du missionnaire à Vichy. Le Père François Hiss est nommé prêtre desservant : "Lorsque l'évêque m'a proposé la possibilité de Saint Germain des Fossés, il y avait une certaine urgence pour répondre. Ma Congrégation a compris cette urgence. Après avoir vécu en pays de mission tout au long de mon ministère, puis chapelain à l'abbaye de Chantelle je savais que le travail serait bien différent". Le Père François n'a pas les pouvoirs canonique d'un curé, mais, pour lui "le quotidien s'inscrit d'abord dans les pas du curé précédent. Les chrétiens connaissaient et appréciaient ce curé. Tout est plus facile quand l'héritage pastoral est marqué par la confiance et le respect. Le soin constant du curé de Vichy [NDLR : Actuellement, Le Père Lâm TRAN, qui administre la paroisse de Saint Germain] facilite grandement la tâche. D'autant que les équipes de laïcs ont été bien formées. La chance de cette paroisse est de conserver une taille humaine. On n'administre pas, on essaie de conserver à la mission la joie de vivre une bonne nouvelle".
Autre lieu, autre solution. Il y a quelques mois, le diocèse de Moulins fait savoir que le Père Yvain Riboulet, curé des paroisses de la Sainte Famille et du Bon Pasteur doit prendre du repos. Mgr Beaumont use alors d'une possibilité canonique rarement utilisée, le canon 517§2 : La paroisse est confiée à l'EAP (l'équipe d'animation pastorale), sous la coordination du diacre Pierre Guillerot. Ce dernier se dit "très serein, car nous travaillons en équipe". Équipe, c'est le maitre mot que Pierre Guillerot s’emploie à défendre dans cette organisation : "C'est essentiel que ce soit un travail de groupe, la vie en Église doit se faire avec les laïcs. C'est un partage des taches pour apprendre à vivre ensemble, à s'organiser ensemble, suivant les dons, les capacités et le temps que chacun peut donner à la paroisse". Actuellement, l'EAP de la paroisse du bon pasteur est constitué de 6 personnes et ce sont les prêtres du secteur montluçonnais qui président les Eucharisties. La paroisse de la Sainte Famille, quant à elle, a été confiée au Père Joseph Touré, en tant qu'administrateur (il était auparavant vicaire de cette même paroisse, et de celle du Bon Pasteur)
Comme l'explique Mgr Beaumont, "la nomination d'un administrateur, d'un desservant, ou d'une équipe de laïcs, en lieu et place d'un curé de paroisse, n'a pas vocation à durer dans le temps, mais dans l'état actuel des choses, nous misons sur la "montée en puissance" des équipes déjà en place (les EAP, les conseils de paroisses, les laïcs engagés....). Il faut faire vivre notre territoire pastoral avec les forces et les faiblesses de chacun, sans nier les réalités. Le conseil presbytéral va s'emparer prochainement du sujet, en proposant des formations aux prêtres sur des thèmes comme la délégation des tâches, la prise de responsabilité, la gestion de la fatigue...."
L'évêque de Moulins se dit aussi prêt à imaginer des diocèses dans lesquels toutes les paroisses n'auront pas un curé, mais il faudra "que ce ne soient pas toujours les mêmes. Il pourrait y avoir une sorte de tournus". Revoir la carte des paroisses ? Faire venir d'autres prêtres étrangers ? Ces questions ne sont pas sur la table pour l'instant.
Et le prélat de conclure : "Dans tous les cas, une chose est sure : L'Espérance ne déçoit pas ! Il faut prier pour les vocations, pour que le Maître nous envoie les ouvriers pour sa moisson"*.
*Le diocèse de Moulins compte actuellement 2 séminaristes.
Prière pour les vocations
« Seigneur, aide toutes les familles à prier et à vivre dans l’amour.
Donne-nous les prêtres, les diacres, les vocations religieuses, les consacrés et les laïcs engagés dont notre diocèse a besoin.
Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église, prie pour nous.
Saints et saintes du Bourbonnais qui nous avez précédés dans la foi, priez pour nous. »
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