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Augustin Pons à la rencontre des chrétiens du Sahel

Augustin Pons à la rencontre des chrétiens du Sahel

RCF, le 11 février 2025 - Modifié le 12 février 2025
TémoinAugustin Pons, à la rencontre des communautés chrétiennes du Sahel

Difficile "d'atterrir" après une telle expérience ! Augustin Pons a traversé le Sahel et l'Afrique du Nord à la rencontre des communautés chrétiennes. Un périple qui lui a permis de voir un autre visage de l'Église : pauvre, souvent minoritaire et parfois persécutée mais aussi dynamique et même, dans certaines régions, en plein essor. Et autant d'hommes et de femmes, de prêtres, religieuses ou religieux, témoins de l'abandon à la Providence divine.

Après une année au Caire, Augustin Pons a effectué une traversée du Sahel à la rencontre des communautés chrétiennes - Photo : DRAprès une année au Caire, Augustin Pons a effectué une traversée du Sahel à la rencontre des communautés chrétiennes - Photo : DR

Une année au Caire à apprendre l’arabe suivie de deux mois à travers le Sahel. À vingt-quatre ans, Augustin Pons a éprouvé sa foi sur les routes d’Afrique du Nord. "Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ?... Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ?" (Mt 5, 46-47) Ce verset de l’évangile de Matthieu résume assez bien ce qui habite le jeune homme épris de rencontres. Au micro de Véronique Alzieu, il raconte comment ce voyage a marqué sa relation au Christ et aux autres.

"Témoin d’espérance", le label de l’AED Jeune pour soutenir les projets itinérants de foi et d'aventure

À l’été 2024, Augustin Pons est parti deux mois à la rencontre des communautés chrétiennes du Sahel. Un périple réalisé grâce à l’Aide à l’Église en détresse (AED). Avec son label "Témoin d'espérance", l'AED apporte un soutien institutionnel et financier à des jeunes chrétiens porteurs d'un projet itinérant, alliant foi et aventure. Aide au financement, accompagnement de la communication, conseils pratiques et suivi tout au long du voyage : l'AED s'engage aux côtés de jeunes désireux d'aller à la rencontre des communautés chrétiennes dans le monde.

> En savoir plus sur le site de l’AED

L’amour de la langue arabe

C’est la raison pour laquelle Augustin Pons a voulu apprendre l’arabe : pour le goût des autres. "La seconde langue la plus parlée en France, à la fois très proche et complètement différente, avec une grammaire qui est absolument magnifique, sans doute une des plus belles du monde ! C’est l’étranger proche, quoi !" Son périple au Sahel a suivi une année d’apprentissage intensif de la langue, au Caire. Tout aussi désireux d’approfondir sa foi, il y a fréquenté l’Institut dominicain d’études orientales (Ideo) et le couvent des dominicains. "Je me rappelle du triduum pascal là-bas, c’était très fort ! On était portés par toute la ferveur spirituelle de l’Égypte en général, que ce soit du côté islamique ou chrétien."

Passionné par la langue arabe, intéressé par la région du Sahel, riche de son expérience en Mauritanie, où il a vécu avec sa famille, Augustin Pons a fait des rencontres qui l’ont profondément marqué. Par exemple, le Père Jesus Callero au Tchad. "C’est quelqu’un qui est là mais sans le facteur explicatif de la vie chrétienne et de la spiritualité c’est complètement impossible de comprendre qu’est-ce que fait cette personne là-bas !" Depuis son retour d’Afrique, le jeune homme peine à "atterrir". "Je pense que j’étais très, très heureux sur la route en fait parce que c’était tellement fort de rencontrer des personnes qui sont dans une vie entièrement donnée chaque jour." Aujourd’hui, à l’APA (Association pour l'amitié), où il vit en colocation solidaire, il lui arrive de dîner avec des "arabisants" kabyle, tadjik d’Afghanistan, marocain…

 

"L’amour inconfortable"

À l’APA, comme c’était le cas au Sahel, Augustin Pons éprouve "la différence et l’inconfort" - ou plutôt "l’amour inconfortable". "L’amour, ça suppose une différence, explique-t-il. Il y a plus d’amour à aimer quelqu’un qui est très différent qu’à simplement se sentir confortable avec quelqu’un qui nous ressemble. Ce n’est pas ça l’amour. L’amour, c’est sortir de soi. Et sortir de soi, ça suppose d’être face à quelqu’un qui est vraiment différent." Augustin Pons a grandi dans une famille chrétienne. Il considère que c’est assez "tard" pour quelqu’un qui vient d’une famille catholique pratiquante, mais c’est à l’âge de 20 ans qu’il a changé son rapport à la foi. Il a "commencé à avoir une vie de prière et notamment de méditation plus réglée" après une retraite de cinq jours consacrée aux exercices spirituels de saint Ignace. 

La première partie de son voyage était consacrée à la rencontre avec une Église marginalisée au Tchad. "Au départ je voulais traverser le Sahel d’Est en Ouest mais des raisons diverses, notamment Boko Haram et Aqmi et compagnie, m’ont empêché de réaliser ce projet." Les communautés chrétiennes qu’il a rencontrées lui ont montré le visage d’une Église "jeune, qui est en essor fou. C’est aussi une Église pauvre qui par sa pauvreté a quelque chose de très prophétique, de très spectaculaire !"

Une Église persécutée aussi, à l’extrême nord du Cameroun. "Je suis allé dans un camp de réfugiés au Nord-Cameroun. Cela fait dix ans qu’ils ont été chassés de leurs terres par Boko Haram. L’ONU a cessé de fournir des vivres, ils n’avaient plus de quoi manger au moment où j’y étais… Sur leurs économies, ils ont construit une nouvelle église." Le jeune homme a été frappé par "le contraste total avec notre Église de France, ou notre Église d’Occident en général. On a envie de ramener ce message, de décaler le regard, le discours un peu décliniste, ou un peu étrange, aussi très politique d’une certaine frange du catholicisme…. En fait en Afrique on a une Église jeune, pauvre et prophétique, qui est en train de faire des saints, et des martyrs tous les jours aussi."

 

Envisager sa vie non pas comme un projet que l’on construirait soi-même mais comme un chemin un peu dans l’inconnu en suivant simplement le Christ

 

Une soif d’abandon ?

De Dakar à Paris, pour la seconde partie de son périple, Augustin Pons a rencontré "l’Église de l’émigration". Des prêtres, des religieuses et religieux "qui accompagnent ce grand phénomène de migration sur la route atlantique en remontant de Dakar jusqu’à l’Espagne". Par exemple à Fnideq, près de Ceuta, vit une communauté de cinq prêtres "alors qu’il n’y a pas de chrétiens ! Leur vocation est une mission de présence", décrit Augustin Pons.

"Ce qui m’a frappé dans tous les gens que j’ai rencontrés - religieux, prêtres, religieuses - c’est qu’ils étaient là un peu comme s’ils étaient là par hasard, confie Augustin Pons. Ils étaient là parce qu’ils sont chrétiens et parce que le Christ leur a demandé d’être là, c’est tout. Il y avait quelque chose de très beau et de très pur aussi, dans une sorte d’obéissance totale qui ne s’appuie pas sur une certaine image qu’on a de soi…" 

Est-ce cet "abandon à la Providence" qui étreint le jeune homme, alors qu’il tente de trouver du travail pour être consultant en stratégie ? Est-il attiré par cette "manière d’envisager sa vie non pas comme un projet que l’on construirait soi-même mais comme un chemin un peu dans l’inconnu en suivant simplement le Christ" ? "Je ne vous cache pas, confie Augustin Pons, que j’étais dans une démarche au Caire, comme dans ce voyage de questionnement, de discernement vocationnel."

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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