Le pape François a surpris les pères et mères synodaux, hier après midi, en prenant la parole au début de l'ouverture de la 18ème séance du synode alors que tout le monde attendait la publication de la Lettre au peuple de Dieu.
Les femmes dans l'Église, un sujet qui est revenu à de nombreuses reprises dans les témoignages recueillis cette semaine. Un sujet attendu par les fidèles et dont le pape s'est emparé. Jésus n'est entré dans « aucun des schémas politiques de son temps: ni pharisiens, ni sadducéens, ni chrétiens, ni pharisiens, ni esséniens, ni zélotes, explique le Saint-Père au début de son intervention. Pas de « corporation fermée », il [Jésus] reprend simplement la tradition d'Israël : « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. » « Le peuple de Dieu, saint et pêcheur » dit François est infaillible, voilà ce qui le caractérise « lorsque vous voulez savoir ce que croit la Sainte Mère l'Église, allez voir le Magistère, car c'est sa tâche de vous l'enseigner, mais quand vous voulez savoir comment l'Église croit, allez voir le peuple fidèle. »
La fibre maternelle de la foi
Une foi transcrite par les hommes mais transmise dans un langage féminin. Pour François, «l'Église est une Mère et ce sont précisément les femmes qui la reflètent le mieux. (l'Église est une femme), mais aussi parce que ce sont les femmes qui savent attendre, qui savent découvrir les ressources de l'Église, du peuple fidèle (...) ». Les prélats, issus de ce peuple de fidèle, ont reçu « généralement » cette foi de leurs mères ou de leurs grands-mères. C'est aussi pour cela que « la femme du peuple saint et fidèle de Dieu est le reflet de l'Eglise. L'Eglise est féminine, elle est épouse, elle est mère.» souligne le pape.
Les attitudes machistes et dictatoriales défigurent le visage de l'Église
François ne ménage pas ses mots, ils fustigent la maltraitance du peuple de Dieu « lorsque les ministres vont trop loin dans leur service (.) ils défigurent le visage de l'Église par des attitudes machistes et dictatoriales. Il est douloureux de trouver dans certains bureaux paroissiaux la « liste des prix » des services sacramentels à la manière d'un supermarché. Ou bien l'Église est le peuple fidèle de Dieu sur le chemin, saint et pécheur, ou bien elle finit par être une entreprise de services variés. Et quand les agents pastoraux empruntent cette deuxième voie, l'Église devient le supermarché du salut et les prêtres deviennent de simples employés d'une multinationale. Voilà la grande défaite à laquelle nous conduit le cléricalisme. Et c'est bien triste et scandaleux (il suffit d'aller dans les ateliers de tailleurs ecclésiastiques à Rome pour voir le scandale de ces jeunes prêtres essayant des soutanes et des chapeaux ou des aubes et des robes en dentelle). »
Le pape va plus loin en disant que le cléricalisme est « un fléau«, une « forme de mondanité«. Et « le peuple saint et fidèle de Dieu, conclut-il, continue avec patience et humilité, supportant le mépris, la maltraitance et la marginalisation du cléricalisme institutionnalisé ». Une prise de parole qui a surpris les pères et mères synodaux et qui a jeté un froid dans l'Assemblée.