Il y a une piĂšce de théùtre et un film dont lâintrigue tourne autour du prĂ©nom : de nos jours, peut-on appeler un enfant Adolphe ? Dans la piĂšce, lâidĂ©e dâappeler le futur bĂ©bĂ© Adolphe est un canular mais lâhistoire tourne vite au cauchemar. Cela mâa fait penser Ă une question similaire : peut-on devenir saint quand on sâappelle Adolphe ? Poser la question, câest y rĂ©pondre. Oui, câest possible. On peut sâappeler Adolphe, ĂȘtre allemand et ĂȘtre saint ! Câest le cas du bienheureux Adolf Kolping, fĂȘtĂ© aujourdâhui 4 dĂ©cembre, dont je vais vous raconter lâhistoire.
Adolph Kolping est nĂ© le 8 dĂ©cembre 1813 Ă Kerpen prĂšs de Cologne dans une famille pauvre de 5 enfants. Son pĂšre est berger et dĂ©sire permettre Ă ses enfants dâaller Ă lâĂ©cole au maximum. Mais Ă 13 ans, le petit Adolf doit aller travailler pour soutenir sa famille. Il choisit le mĂ©tier de cordonnier et est mis en apprentissage. Il dĂ©couvre le milieu ouvrier et est choquĂ© par les conditions dans lesquelles cette population est obligĂ©e de vivre. Il se pose des questions sur son mĂ©tier car il ressent lâappel au sacerdoce. GrĂące Ă lâaide dâune bienfaitrice, il peut retourner Ă lâĂ©cole en 1837. Il a 24 ans et est de santĂ© fragile. Il passe son baccalaurĂ©at au lycĂ©e âMarzellengymnasiumâ de Cologne et peut entrer au sĂ©minaire. Ă 31 ans, il est ordonnĂ© prĂȘtre le 13 avril 1845 dans lâĂ©glise des FrĂšres Mineurs Ă Cologne et nommĂ© vicaire Ă Wuppertal-Elberfeld. Dans le village dâElberfeld, le pĂšre Kolping dĂ©couvre une Ćuvre toute nouvelle, fondĂ©e par un enseignant du lieu, un certain Johann Gregor Breuer. Il sâagit dâune association de compagnons, une communautĂ© rĂ©sidentielle des travailleurs. Le pĂšre Kolping en devient le directeur spirituel quâon appelle le praeses. Câest ainsi quâil se rend compte que cette association paraĂźt ĂȘtre une bonne rĂ©ponse aux problĂšmes sociaux qui se manifestent Ă lâĂ©poque avec lâindustrialisation et la transformation radicale du monde du travail quâelle entraĂźne. Il succĂšde Ă Johann Breuer Ă la prĂ©sidence de lâ« Association catholique des compagnons » en 1847. Ă partir de ce moment, il consacre toute son Ă©nergie Ă aider la jeunesse ouvriĂšre Ă travers les associations de compagnons.
En 1849, le pĂšre Kolping est nommĂ© vicaire de la cathĂ©drale de Cologne. Il en profite pour crĂ©er lâ« Association des compagnons de Cologne ». Il travaille Ă la crĂ©ation dâune fĂ©dĂ©ration avec les autres associations de compagnons qui existent, et ils en crĂ©ent de nouvelles pour aider les jeunes artisans et apprentis.
En 1854, le pĂšre Kolping fonde un journal hebdomadaire, le Rheinische VolksblĂ€tter (« Journal du peuple rhĂ©nan »), qui devient rapidement l'un des organes de presse les plus populaires de l'Ă©poque. Pour cela, le pĂšre Kolping se fait journaliste et Ă©crit de nombreux articles. Il dĂ©fend le pouvoir temporel du pape, il fustige les erreurs du libĂ©ralisme mais aussi des idĂ©es marxistes de rĂ©volution. Il pousse les catholiques Ă sâengager dans le monde :
Il dĂ©pend de notre christianisme actif, a-t-il Ă©crit, que le monde revienne Ă lâordre chrĂ©tien. Nous ne devons pas limiter ce christianisme actif aux murs des Ă©glises, aux chambres des malades ou Ă nos sphĂšres familiales, mais nous devons . . . lâintroduire dans la vie
Il est considéré comme un des fondateurs du catholicisme social et politique en Allemagne.
MalgrĂ© sa santĂ© dĂ©ficiente, le pĂšre Kolping accepte, en 1858, la charge de prĂ©sident gĂ©nĂ©ral des quelque 180 associations caritatives de RhĂ©nanie. Câest un travail harassant qui pĂšse sur sa santĂ©. En 1862, il va Ă Rome rencontrer le pape Pie IX. Le pape lâencourage dans son travail social et lui offre une chasuble prĂ©cieuse. La mĂȘme annĂ©e, le pĂšre Kolping est nommĂ© recteur de lâĂ©glise des Minorites de Cologne. Les « Minoriten » sont le nom quâon donne en Allemagne aux frĂšres minimes, fondĂ©s par saint François de Paule.
MalgrĂ© ses problĂšmes de santĂ©, le pĂšre Kolping se rend Ă TrĂšves en septembre 1865 pour inaugurer une nouvelle rĂ©sidence de compagnons. LĂ , il est pris dâune insuffisance respiratoire et est obligĂ© de sâaliter dans la rĂ©sidence. Il y meurt le 8 dĂ©cembre 1865, le jour de son 52Ăšme anniversaire. Il est inhumĂ© Ă Cologne dans lâĂ©glise des Minorites.
LâĆuvre dâAdolphe Kolping est immense. Ă sa mort, il y avait 400 associations de compagnons dans le monde. En 1891, le pape LĂ©on XIII publie sa fameuse encyclique Rerum novarum dans laquelle il confirme des intuitions du catholicisme social du pĂšre Kolping comme le syndicalisme chrĂ©tien.
Aujourdâhui, la fondation Kolping â la Kolpingwerk â rassemble quelque 500.000 membres rĂ©partis en 6.000 associations locales, appelĂ©es familles Kolping.
Adoplh Kolping a Ă©tĂ© bĂ©atifiĂ© par le Jean-Paul II le 27 octobre 1991, lâannĂ©e du 100Ăšme anniversaire de la publication de Rerum novarum, une coĂŻncidence voulue comme lâa soulignĂ© le pape dans son homĂ©lie.
Voici comment Jean-Paul II conclut son homélie en remerciant le Seigneur :
Remercions le Seigneur ressuscitĂ© qui, Ă un moment opportun de l'histoire, a appelĂ© son serviteur Adolph Kolping Ă ĂȘtre un serviteur fidĂšle et prudent de âl'Ă©vangile socialâ : de l'Ă©vangile des droits des travailleurs, de l'Ă©vangile de la dignitĂ© du travail humain
Certains reprochent Ă Dieu son silence. Or, depuis 2000 ans, Dieu nous parle par les saints. Les saints sont des messages de Dieu, des rĂ©ponses de Dieu aux crises de notre temps. Pour le comprendre, mettons-nous Ă leur Ă©coleâŠ
Chaque mardi Ă 12h30, rediffusions jeudi Ă 5h et 22h & samedi Ă 1h et17h, sur 1RCF Belgique.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !