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Corinne Bitaud | Salon de l’agriculture : quelle alternative aux pesticides ?

Corinne Bitaud | Salon de l’agriculture : quelle alternative aux pesticides ?

Un article rédigé par Corinne Bitaud - RCF, le 4 mars 2025 - Modifié le 4 mars 2025
Le point de vue de 7h20Corinne Bitaud | Salon de l’agriculture : quelle alternative aux pesticides ?

LE POINT DE VUE DE CORINNE BITAUD- Aujourd’hui, Corinne Bitaud revient sur les méthodes de production agricole. Le Salon de l’Agriculture s’est terminé dimanche dernier, et les observateurs ont relevé une certaine "sérénité" après les tensions de l’an dernier, dans un contexte de crise agricole.

Corinne Bitaud © DrCorinne Bitaud © Dr

Les difficultés financières des exploitants agricoles demeurent. Fallait-il pour autant en rendre responsables les agences et offices chargés de faire appliquer le droit, ce même droit qui garantit la protection des plus vulnérables et constitue l’honneur d’une société civilisée ? Fallait-il remettre en cause les politiques environnementales, notamment l’objectif de réduire de moitié l’usage des pesticides ?

Trouver une alternative aux pesticides

Concernant les pesticides, la nouvelle loi agricole affirme : "Pas d’interdiction sans solution". Mais peut-on vraiment se réfugier derrière un slogan ? Sinon, des esprits mal intentionnés pourraient en conclure qu’il suffit de ne pas chercher de solution pour ne pas en trouver, et ainsi éviter toute interdiction. Pourtant, lorsqu’elle est soutenue, la recherche apporte des alternatives crédibles à de nombreux défis liés à la protection des cultures. Les résultats obtenus grâce aux "plantes de service" en sont un bon exemple. Ces plantes coopèrent avec les cultures en attirant des insectes auxiliaires ou en repoussant les ravageurs, réduisant ainsi le besoin d’insecticides. Elles peuvent aussi empêcher la croissance des adventices (ce qui limite l’usage des herbicides) ou encore stimuler directement la croissance des cultures.

Par exemple, les potentilles arbustives attirent les syrphes et les chrysopes, grands consommateurs de pucerons, protégeant ainsi les cultures horticoles. En maraîchage, associer du piment ou du trèfle blanc à l’aubergine ou au chou permet d’éloigner les altises, ces petits insectes qui perforent les feuilles. Et ces pratiques ne sont pas de simples astuces de jardiniers amateurs : elles relèvent de véritables méthodes professionnelles. Un réseau de chercheurs, Bioreg (Biodiversité pour la régulation naturelle des bioagresseurs), travaille depuis plusieurs années sur ces solutions et développe de nouvelles approches. Des plateformes numériques, soutenues par les instituts techniques agricoles et l’INRAE, les diffusent. Une application, Baco, accompagne désormais les professionnels dans la mise en œuvre du biocontrôle.

Une difficulté à généraliser ces pratiques

Toutefois, généraliser ces alternatives n’est pas simple. Elles exigent une grande maîtrise technique et il n’existe pas de solution miracle : il faut combiner plusieurs méthodes et les adapter presque au cas par cas. Cela demande du temps… et de l’argent. Tant que notre critère principal pour choisir nos aliments restera le prix le plus bas, ces alternatives resteront marginales. Les produits alimentaires consommés à domicile, ceux dont nous pouvons choisir l’origine, ne représentent plus que 9 % de la consommation effective des ménages, contre 20 % en 1960. Dans ces conditions, il est irréaliste d’espérer soutenir une production respectant les standards environnementaux que nous exigeons.

Il est urgent de reconnecter nos exigences écologiques à nos choix alimentaires. L’alimentation représente près d’un quart de notre empreinte carbone : le problème ne se limite pas aux pesticides. Les agriculteurs ne peuvent produire que ce que nous leur achetons. Consommons moins, consommons mieux, rémunérons mieux les producteurs. Nous améliorerons ainsi notre santé, celle de notre planète et la situation sociale des agriculteurs, qui nous nourrissent et font vivre nos espaces ruraux.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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