LE POINT DE VUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - Retour sur le projet de loi sur la fin de vie, un véritable serpent de mer qui connaît encore quelques rebondissements… Elisa Rojas, une avocate et militante féministe franco-chilienne, s’est clairement opposé au projet de loi sur la fin de vie qui devrait être de nouveau examinée en mai.
Les défenseurs acharnés de l’euthanasie vont-ils finir par le comprendre ? Les opposants à « l’aide active à mourir » ne sont pas tous des grenouilles de bénitier. J’en veut pour preuve la récente tribune publiée dans Le Monde par Elisa Rojas. Cette avocate et militante féministe franco-chilienne, que l’on ne peut sérieusement pas classer parmi les piliers d’église ni taxer de conservatisme, s’est clairement opposé au projet de loi sur la fin de vie qui devrait être de nouveau examinée en mai.
Elle milite pour les droits des personnes handicapées, et met ainsi en garde contre les dérives constatées notamment au Canada, où la loi votée initialement pour les cas extrêmes s’est élargie dangereusement aux maladies et handicaps graves. Elle s’offusque du concept de « mort digne », mantra sans cesse agité par les défenseurs de l’euthanasie. Avec un pragmatisme implacable, elle relève que l’accès insuffisant aux soins palliatifs en France ainsi que la méconnaissance des dispositifs existants sont le véritable problème que personne ne semble décidé à affronter, préférant tuer le débat en assenant la mort aux plus vulnérables, aux plus fragiles.
Le Premier ministre a créé la surprise en annonçant que le projet de loi initial, maintes fois reporté en raison de la valse des gouvernements, serait scindé en deux textes : l’un sur les soins palliatifs, et l’autre sur « l’aide active à mourir », arguant que « ce n’est pas la même question ». Sa ministre de la Santé, Catherine Vautrin, véritable girouette idéologique ayant renoncé à ses convictions passées pour entrer au gouvernement, a tenté de lui mettre des bâtons dans les roues en réclamant un projet de loi qui reste concentré en un seul texte. Sans complexe ni peur d’être débusquée pour ses basses manœuvres, elle n’a pas craint d’affirmer qu’avec deux textes distincts le risque était que « celles et ceux qui ne veulent pas de la fin de vie voteront contre ». Mais François Bayrou semble bien décidé à éviter le « en même temps » périlleux et froidement calculé par les pro-euthanasie.
Au Vatican, une source fiable glisse que lors de sa venue à Paris en janvier, le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, aurait obtenu la promesse du Premier ministre français de chercher à amoindrir la nocivité de cette loi. Si ce dernier a forcément accepté d’avaler quelques épaisses couleuvres en accédant à Matignon, il y a fort à penser qu’il a décidé, sur ce dossier, de rester fidèle à ses convictions. C’est ce même engagement qui anime le Dr Claire Fourcade, présidente de la Société française des soins palliatifs, convaincue elle aussi qu’il ne faut pas mêler l’accompagnement des malades en fin de vie et la question de « la mort provoquée » dans un même et un unique texte, car « donner la mort n’est pas un soin ». Ce combat, dont elle parle cette semaine dans les colonnes de Famille Chrétienne, est nourri de son accompagnement au long cours des patients, loin de toute idéologie. On n’est pas à l’abri de nouveaux rebondissements, mais le pire n’est pas toujours sûr !
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- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
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- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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