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Syndrome de l’imposteur : ces doutes qui accompagnent la réussite

Syndrome de l’imposteur : ces doutes qui accompagnent la réussite

Un article rédigé par Anaïs Binghinotto et Melchior Gormand - RCF, le 6 février 2025 - Modifié le 8 février 2025
Je pense donc j'agisSyndrome de l’imposteur : ces doutes qui accompagnent la réussite

Le succès ne rime pas toujours avec épanouissement. Derrière les promotions, les diplômes et les projets, nombreux sont ceux qui vivent avec un sentiment d’illégitimité. Cette impression de ne jamais être à la hauteur, malgré les preuves du contraire, porte un nom : le syndrome de l’imposteur. Pourquoi ces doutes surgissent-ils au cœur de la réussite ? Quels mécanismes psychologiques les entretiennent et comment s'en libérer ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.

Le syndrome de l'imposteur se manifeste souvent en entreprise © cottonbro studio / PexelsLe syndrome de l'imposteur se manifeste souvent en entreprise © cottonbro studio / Pexels

Dévalorisation, manque de confiance et impression de ne pas être à sa place, le syndrome de l’imposteur est un frein au bien-être et à une bonne santé mentale. Avoir le sentiment de ne pas faire assez, de ne pas être à la hauteur ou de ne pas être légitime sont des pensées récurrentes qui minent la confiance des personnes touchées par ce syndrome.

Pauline Freiermuth, psychopraticienne et autrice du livre Non au syndrome de l'imposteur ! En finir avec la dévalorisation, évoque plutôt un "complexe, car ce n’est pas une maladie"

Syndrome de l'imposteur : qu'est-ce que c'est ?

Le syndrome de l'imposteur se manifeste surtout dans le monde professionnel, où les attentes sont importantes et la compétition rude. Il touche particulièrement les femmes, "75 % d’entre elles contre 50 % des hommes", révèle une étude des assises de KPMG citée par Pauline Freiermuth. Il peut aussi faire partie de plusieurs aspects de la vie personnelle, comme "se demander si on est à la hauteur pour être le témoin de mariage de son amie", raconte la psychopraticienne. Ce complexe se manifeste aussi chez des personnes qui veulent bien faire et veulent donner le meilleur de ce qu’elles ont, jusqu’à oublier que leur place est méritée.

Pauline Freiermuth décrit quatre facteurs possibles qui peuvent faire émerger cet état d’esprit.

  • Premièrement, l’origine éducative, où dès l’enfance, la personne vit dans un climat de reproches et de limites et entend de façon répétée des phrases comme "tu es nul, tu n’y arriveras jamais". À l’inverse, un enfant survalorisé, qui a toujours été considéré comme le meilleur peut se questionner sur sa vraie valeur.
  • Ensuite, la psychopraticienne évoque la cause sociétale à l’apparition du syndrome. "Pour les personnes en manque de confiance en elles, être dans une société compétitive, où tout le monde s’observe les uns les autres et doit se challenger, c’est compliqué", explique-t-elle Pauline Freiermuth.
  • Enfin, la société impose de multiples normes "un homme qui a de l’ambition, qui veut faire carrière et fait des discours mordants, c'est perçu comme la norme, alors que si c’est le cas d’une femme, son comportement lui est reproché", se désole la psychopraticienne. "Quand une femme se comporte comme un homme, on va lui dire qu’elle n’est pas à sa place." Cette sensation peut aussi apparaître lorsqu’une femme travaille dans un milieu très masculin.
  • Le dernier facteur est au cœur des enjeux actuels : les réseaux sociaux, où chacun se met en scène et se montre sous son plus beau jour. Cela peut faire apparaître des complexes chez les personnes fragiles qui se comparent.

Pour celles et ceux qui souffrent de ce syndrome, une tâche demandée semble une montagne.

Le syndrome de l'imposteur se manifeste le plus souvent chez les personnes autodidactes, celles qui ne se sentent pas à leur place par manque de diplômes. Entourées de personnes dont les compétences ont été attestées académiquement, elles ne reconnaissent pas leur valeur d’avoir appris en travaillant dur, "sur le tas". Les travailleurs indépendants y sont aussi confrontés : isolés et en manque de validation par des pairs, ils se retrouvent dans un doute permanent.

Un "cycle de l’imposteur" est observé par Pauline Freiermuth. Dès qu’une personne reçoit une nouvelle tâche à effectuer, une grosse angoisse monte en elle, "la mission semble une montagne" décrit-elle. "Face à cela, la personne génère deux réponses : la procrastination ou le perfectionnisme. Dans tous les cas, la tâche sera bien réalisée car la personne a les capacités de la réaliser."

Face à ce sentiment d'imposture, comment changer de posture ? 

"À 61 ans et des années d’enseignement en tant que maîtresse, je lutte encore contre le syndrome de l’imposteur, et ma fille aussi", raconte Anne, une auditrice. Ce sentiment de dévalorisation peut-il s’estomper un jour ? Pauline Freiermuth désigne quatre façons de sortir la tête de ce cercle vicieux.

  • Pour commencer, ce complexe peut s’estomper naturellement par un "effet d’expérience", où la personne prend confiance après avoir réalisé la tâche. La psychopraticienne met tout de même en garde : "Face à une nouvelle expérience, le syndrome peut revenir."
  • Ensuite, elle préconise de faire un pas de côté, car le travail peut devenir une obsession. "Levez la tête, essayez de regarder ce que vous avez accompli au lieu de vous focaliser sur ce qu’il manque", propose-t-elle.
  • Elle insiste aussi sur le fait de "dire oui" lorsque quelqu’un formule une demande. "Si votre N+1 vous a demandé de faire ce travail, il faut lui faire confiance, c’est que vous en êtes capable", insiste-t-elle.
  • Enfin, si cela traine dans le temps, Pauline Freiermuth conseille de se faire accompagner par une thérapie, et de faire part de gratitude à l’encontre de soi-même. 

Levez la tête, essayez de regarder ce que vous avez accompli au lieu de vous focaliser sur ce qu’il manque. 

Ainsi, prendre sa place à sa juste valeur passe aussi par la communication et l’entourage. La psychopraticienne encourage sa patientèle à ne plus se sentir isolée, à faire pleinement partie d’une équipe, à faire des activités en entreprise et à faire des conférences afin de profiter de cet effet d’expérience qui aide à faire face aux montagnes qui semblent impossibles à grimper. 

@RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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