"Un français sur cinq est touché chaque année par un trouble psychique, ce qui représente 13 millions de personnes", fort de ce constat, près de cent quatorze acteurs tels que des médecins et des directeurs d'hôpitaux se mobilisent pour que la psychiatrie devienne une grande cause nationale. Parmi eux, Florian Porta Bonete, médecin psychiatre, chef de service au centre hospitalier Charles Perrens de Bordeaux était notre Grand Témoin au micro de Louis Daufresne pour nous parler de la santé mentale en France (Ed. LEH).
La psychiatrie c'est "la santé de l'âme", un ensemble de pathologies mentales lié par des soins, "une blessure qui ne résulte pas de la lésion objectivable d'un organe". La santé mentale est d'après l'Organisation mondiale de la Santé "un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté.". Il y a encore quelques siècles, la personne était considérée comme membre d'un groupe, d'une communauté (la religion, la famille, les partis politiques), aujourd'hui, nous considérons "l'individu en tant qu'individu" propre. L'individualisation de nos sociétés a conduit à l'avènement de la santé mentale. Dans son ouvrage Le suicide, Emile Durkheim établissait le lien entre désintégration d'une personne au sein de la société et les tentatives de suicide. "L'individualisme est un égoïsme, une concurrence, une perte de sens de la relation humaine, dont on sait la toxicité pour le bien-être psychique, à l'heure où l'ultralibéralisme peut conférer au tous contre tous.". Selon l'OMS "près de 700 000 personnes décèdent de suicide chaque année dans le monde".
En 2019, "1 adolescent sur 7 âgé de 10 à 19 ans dans le monde, était atteint d'un trouble de santé mentale" selon le rapport de l'OMS. Il existe plusieurs troubles psychiatriques comme la dépression, la bipolarité, les troubles psychotiques, ou encore les troubles obsessionnesls compulsifs etc...
Pour être diagnostiqué en état dépressif, l'individu doit répondre à cinq critères sur neuf du Diagnostic and Statistical Manual of Mental de 2013. Humeur dépressive ou perte d'intérêt et de plaisir, modification de l'appétit, du sommeil, du désir sexuel, fatigue ou perte d'énergie, sentiment de dévalorisation peuvent être les signes d'une dépression. Cette maladie est l'une des pathologies psychiatriques répandues, touchant 3,8% de la population mondiale soit 280 millions de personnes. Des traitements efficaces ont été mis en place pour aider les personnes. La thérapie cognitive et comportementale est la plus utilisée pour traiter les troubles dépressifs, elle doit être effectué par un psychologue ou psychiatre. Pour des cas plus lourds, des antidépresseurs peuvent être prescrits sur ordonnance.
Dans les troubles psychotiques, nous retrouvons le plus fréquent, celui qui touche 1% de la population, c'est celui de la schizophrénie. Ces troubles sont définis comme "une dysfonction cognitive ou perceptuelle ; ce symptôme peut-être transitoire, comme dans le trouble de la personnalité de type "état limite"."
L'épidémie de COVID-19, la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, le climat ont provoqué une source de stress importante pour la jeune génération. Ces épisodes ont laissé des traces visibles sur leur santé mentale. "90% de la population mondiale serait exposée au moins une fois dans sa vie à un événement potentiellement traumatogène" Les sciences définissent l'événement traumatique lorsqu'un individu est "confronté à la mort ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles en étant directement concerné, témoin direct ou par l'exposition de manière répétée." A la suite des attentats du 13 novembre 2015, "1298 blessés psychiques directs ou indirects" ont été pris en charge. Ces invisibles blessures doivent être soignées le plus rapidement et tôt possible même s'il n'est jamais trop tard pour demander de l'aide et consulter.
En France, le 15 mars 1960 ont été fixés les principes de la politique publique de lutte contre les maladies mentales au travers d'un circulaire. Parmi eux, la mise en place d'une organisation territoriale des soins. Il faut attendre la loi du 31 décembre 1985 pour que le secteur de la psychiatrie soit réglementé par une loi. Trois grands plans de politique nationale sur la psychiatrie et la santé mentale ont vu le jour en 2001, 2005 et 2011. Ils font la "promotion d'une bonne santé mentale et une prévention se faisant tout au long de son parcours de soin et de vie". Autre principe est "l'entrée des Droits des personnes comme objectif et comme moyen" lié à la nécessité de la mobilisation et d'un travail commun entre l'ensemble des acteurs du secteur de la santé et des collectivités territoriales. Avec 23 milliards d'euros de dépenses, les soins des troubles psychiatriques sont le premier poste de dépense de l'Assurance maladie.
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