"C'est pourquoi, après avoir procédé aux consultations prévues à l'article 12 de notre Constitution, j'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale." a déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, le dimanche 9 juin 2024 depuis l'Elysée. Un choix prit une heure après les résultats définitifs du scrutin français lors des élections européennes 2024.
Même si les sondages donnaient J.Bardella en tête, les chiffres ont ébranlé le monde politique français hier soir, à 20h lors du dépouillement des votes. Le Rassemblement national est arrivé en tête des élections européennes avec 31,37% des voix d'après le Parlement européen soit une augmentation de plus de 8% par rapport à 2019. Ce parti obtient ainsi 31 sièges sur 81 au Parlement européen pour les cinq prochaines années. Si la montée du Rassemblement national était prévisible, c'est son écart de plus de seize points avec la liste de Valérie Hayer, représentante du camp présidentiel qui est à retenir. Besoin d'Europe est loin derrière avec 14,60% de vote soit 14 sièges à Strasbourg. Raphaël Glucksmann a "Réveiller l'Europe" avec une hausse de 7,64 points par rapport à 2019, il obtient 13 sièges. En revanche, la foudre s'est abattue sur les Ecologistes. Les Verts divisent, par deux, leurs places, passant de 12 sièges en 2019 à 5 en 2024. Quant à Reconquête, portée par Marion Maréchal, il va pour la première fois avoir des députés au Parlement européen. Ils seront cinq à siéger.
"Que la parole soit donnée au peuple souverain, rien n'est plus républicain." Une heure après la promulgation des résultats officiels, le président de la République Emmanuel Macron a décidé de prendre la parole en direct de l'Elysée. A 21h, les Français n'ont qu'une question, Emmanuel Macron va t-il suivre la demande de Jordan Bardella de dissoudre l'Assemblée nationale ? "Le président ne peut pas rester sourd au message envoyé par les Français: nous lui demandons de prendre acte de cette nouvelle donne politique, d'en revenir au peuple français et d'organiser de nouvelles élections législatives." a demandé Jordan Bardella lors de son allocution dimanche soir peu après 20h. "Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale." a annoncé Macron lors de son Adresse aux Français. Bombe politique, coup de poker de la part du locataire de l'Elysée ? En vertu de l'article 12 de la Constitution, le président de la République a le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale et d'organiser de nouvelles élections législatives dans le but d'élire de nouveaux députés. Il a annoncé que le premier tour se tiendrait le 30 juin et le deuxième le 7 juillet, c'est donc une campagne éclaire qui s'annonce. La dernière dissolution de l'Assemblée nationale remonte à 1997, sous le mandat de Jacques Chirac qui avait donné lieu à la plus longue cohabitation de la Vème république entre un président de droite et un premier ministre de gauche.
Le lundi 10 juin au soir, le PS, EELV, le PCF et LFI ont appelé à "la constitution d'un front populaire" et indiqué vouloir "soutenir des candidatures uniques dès le premier tour" des élections législatives, dans un communiqué également signé par Place publique ou encore Générations.
Pour le 7 juillet prochain, trois scénarios sont envisageables. Le premier est qu'à l'issue des élections législatives, la majorité présidentielle l'emporte. S'il obtient une majorité relative ou absolue, le gouvernement ne changera pas et Gabriel Attal restera premier ministre. Pour le second scénario, il faut que la majorité des députés élus soit issue du Rassemblement national ce qui entraînera une cohabitation. Ce qui signifie donc que l'Assemblée nationale et le président de la République ne sont pas du même bord politique. Dans ce cas, Emmanuel Macron nommera un premier ministre provenant du RN comme par exemple Jordan Bardella. Le troisième scénario est aussi une cohabitation mais émanant d'une coalition des partis de gauche comme la NUPES lors de l'élections présidentielle de 2022.
A la veille des Jeux Olympiques, la France pourrait changer de premier ministre. "Etre Français, c'est choisir d'écrire l'histoire plutôt que de la subir." a conclu Emmanuel Macron après cette soirée qui n'est que le commencement d'un mois houleux pour le camp présidentiel.
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