Hier, Mgr Matthieu Rougé évêque de Nanterre a arpenté les rues de Paris depuis l'esplanade des Invalides jusqu'à la place Edmond Rostand à l'appel de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, le président du Sénat. Il explique le sens de sa présence.
En quoi c'était important pour vous d'être présent à cette marche pour la République et contre l'antisémitisme?
C'est très important pour les chrétiens de se mobiliser toujours contre toutes les formes d'antisémitisme, comme frères et sœurs en humanité de nos amis juifs, mais aussi au nom de notre foi chrétienne. Nous savons qu'il est absolument inacceptable de blesser qui que ce soit, mais tout spécialement ceux qui appartiennent à la communauté juive en raison de leur appartenance à ce peuple de la première alliance.
Et vous étiez hier en tant qu'évêque de Nanterre, en tant que représentant de la Conférence des évêques de France ? Est-ce que c'était une démarche personnelle ou à l'appel de Monseigneur Éric De Moulins Beaufort ?
Je ne me partage pas un morceau. J'étais là comme homme, comme citoyen, comme prêtre, comme évêque, comme chrétien. Mais c'est vrai que c'était moi qui étais l'évêque, disons, représentant de la Conférence des évêques, Voilà pourquoi j'ai marché au premier rang au côté du Grand Rabbin et des personnalités politiques qui avaient invitées à ce rassemblement.
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Qu'est-ce que vous avez ressenti dans ce rassemblement ?
J'ai ressenti une grande gravité en même temps, une belle fraternité. Cette manifestation a été ample, sereine et donc je trouve que ça a constitué un beau moment de fraternité sur lequel il vaut la peine de capitaliser pour continuer à construire la fraternité et la paix dans notre pays.
Il y a beaucoup de de personnes en France de confession juive qui ressentent la peur. Qu'est-ce que vous en tant qu'évêque vous voulez leur dire ?
Comme l'a dit le grand Rabbin, nos frères et sœurs juifs savent que nous sommes vraiment à leur côté. Que personne ne doit avoir peur de vivre en France, que chacun, quel que soit sa religion, son histoire, doit être totalement respecté et donc nous nous tenons aux côtés de nos frères et sœurs juifs pour qu'ils retrouvent la paix.
Gérard Larcher, le président du Sénat, a dit après cette marche, il faudra des démarches ce matin même Emmanuel Macron a insisté auprès des représentants des cultes pour qu'il y ait une vraie prise en compte, une prise en conscience et qu'il y ait même des démarches des religions pour aider et éduquer les jeunes. Vous-même, à Nanterre, qu'est-ce que vous pensez faire ?
D'abord, il y a pas mal de choses qui sont en train de se faire. Je pense en particulier, même dans la ville de Nanterre, le dialogue fraternel est très vivant. Il y a une association qui permet que Juifs, musulmans, chrétiens se retrouvent régulièrement pour échanger. Et puis aussi pour se mettre ensemble au service des plus pauvres. Je pense aussi à quelques épiceries solidaires à travers le diocèse qui sont menées dans ce climat de fraternité interreligieuse. Je pense qu’il y a un temps pour manifester un souci partagé, et puis un temps pour jour après jour, mettre en œuvre une véritable fraternité.
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