La graphologie : ce que dit de nous notre écriture

"La trace sur le papier, c’est notre personnalité". Passionnée par l’écriture depuis l'enfance, la graphologue Claude Toffart-Derreumaux s'est très vite intéressée à la pratique de la graphologie, un outil de connaissance de soi. Comment faire une analyse ? Quels sont les débats autour de cette discipline ?

Tout comprendre de la graphologie

La forme des lettres, la taille, l’inclinaison, la pression du stylo ou encore l’espacement entre les mots ou les lignes, la graphologie, c'est l'interprétation des signes camouflés dans l’écriture manuscrite. "Chaque écriture est une création unique, originale qui révèle les goûts, les aspirations du scripteur, sa problématique et ses idéaux", peut-on lire sur site du Syndicat des Graphologues Professionnels de France (SGPF). 

"L’écriture est un moyen d'expression absolument extraordinaire", pour Claude Toffart-Derreumaux, psychologue et diplômée de la Société Française de Graphologie. Cette société savante, fondée en 1871 par le prêtre et inventeur du mot graphologie, Jean-Hyppolite Michon, propose des formations et des diplômes pour toutes celles et ceux qui souhaitent découvrir cette discipline. La graphologie doit aussi sa propagation au travail du chirurgien dentiste Jules Crépieux Jamin (1858-1940). Sa classification des signes graphiques, sous sept genres, donne une première méthodologie d’analyse de l’écriture : la forme, la pression, la vitesse, la dimension, la direction, la continuité et l’ordonnance.

"J’ai eu l’impression de me regarder dans un miroir"

Répandus dans le monde du travail, les tests graphologiques constituent de véritables expériences. Michel, un auditeur fidèle de l'émission, a passé un test dans le cadre d’un recrutement. Ce fut pour lui une réelle surprise : "j'ai eu l’impression de me regarder dans un miroir", raconte-t-il. L’examen perd en notoriété depuis quelques décennies, mais reste une demande de certaines entreprises. Le monde judiciaire et médical s'imprègne aussi des indices induits dans l’écriture. "On voit très facilement sur la lettre et la présentation que certaines personnes ont des troubles", révèle Elisabeth, auditrice et médecin généraliste à la retraite.

"Déontologie et finesse" sont les deux mots-clés pour Claude Toffart-Derreumaux, présidente du Syndicat des Graphologues Professionnels de France (SGPF), lors de ses séances privées. Dans cette expérience de plus en plus prisée par de jeunes clients, "tout est à prendre en considération et il y a des centaines de signes qui cohabitent". La graphologue s’appuie sur des brouillons et des documents manuscrits originaux pour rendre une restitution à ses clients. La présidente de la SGPF tient à rappeler que cette méthode d’approche de la personnalité est le "fruit d’années d'expérience et de travail". Empreinte de notre personnalité, l’écriture témoigne aussi du contexte sociétal d’une époque. Au 18e siècle, l’écriture était plus inclinée vers la droite. Pour la psychologue, "cette inclinaison retrace une époque où il fallait s’incliner, se plier à des codes et à des normes".

Une pratique encadrée et parfois décriée

Une discipline qui fait débat. Les reproches du monde scientifique contre la graphologie, portent en partie sur la méthodologie et notamment la trop grande place de l’intuition du graphologue. "Le respect de la personne est primordial", insiste Claude Toffart-Derreumaux. Dans ce cadre, la graphologue rappelle également qu'en France, pour faire face à certains abus, un code de déontologie a été mis en place et permet une plus grande reconnaissance de la discipline.

À l'étranger, une utilisation discrète, voire inexistante. Suite au manque de validation scientifique, son emploi est infime dans de nombreux pays d’Europe. Par exemple, en Angleterre et en Allemagne, le recours à la graphologie a fortement diminué, en particulier dans les entreprises. La discipline est aussi remise en cause aux États-Unis et au Canada à la suite de nombreux procès engagés par des candidats.