François Molins est une figure de la magistrature et de l'antiterrorisme. Il vient de publier ses mémoires, et revient sur le métier de procureur et le fonctionnement de la justice. Il faut dire qu'il a passé quarante-six ans à son service. Substitut du procureur de la République à Carcassonne ou encore à Bastia, il est devenu, en 2018, procureur général de la Cour de cassation de 2018 à 2023. Mais c'est lors des vagues d'attentats islamiques que les français ont découvert son rôle et son visage. "Les procès sur Charlie Hebdo et de l'attaque du Bataclan ont montré, je pense, que la justice a fonctionné et relevé parfaitement ses enjeux à partir justement où on lui donne les moyens" explique François Molins.
Les critiques sur notre système judiciaire sont nombreuses, beaucoup lui reproche d'être défaillante, pour l'ancien procureur, elle est "plus sévère (...) la justice est contestée parce qu'elle peine à remplir son rôle quant à l'évolution qui a été la sienne au cours de ces dernières années où elle subit d'abord une crise effectivement de légitimité puisqu'un bon nombre de nos concitoyens lui reprochent d'être trop laxistes (…) je considère qu'elle n'a jamais été aussi sévère. Il suffit de voir le nombre de gens qui sont aujourd'hui en prison, on n'a jamais atteint de tel record." Pourquoi cette crise de légitimité ? La France est un des pays d'Europe qui compte le plus de détenus, la justice a dû mettre "en œuvre de plus en plus de réformes sans qu'on lui donne véritablement les moyens de le faire (...) la réponse s'est progressivement dégradée, les délais se sont dégradées et les magistrats ont fait ce qu'ils ont pu, souligne François Molins, nos concitoyens ont certainement à juste titre le sentiment que la justice s'est éloignée d'eux, qu'elle est trop complexe, peu accessible et tout cela aboutit à la situation que l'on connaît malheureusement aujourd'hui."
Cette expression est apparue en 1921 et désigne l'idée que des juges disposent d'un trop large pouvoir d'interprétation. "C'est une formule que l'on emploie de façon un peu légère et un trop fréquente, estime le Grand Témoin, le gouvernement des juges n'existe simplement quand le juge applique des normes qui sont issues de son propre esprit. Tant que le juge ne fait qu'appliquer la loi, on ne peut pas parler de gouvernement des juges. Si magistrat, j'applique la loi, quelles que soient les circonstances dans lesquelles je l'applique, je suis dans mon office, je suis dans mon rôle qui est d'appliquer la loi."
L'ancien procureur de la Cour de cassation est également revenu sur le traitement de l'affaire Fillon et sur le secret de l'instruction. Un entretien à réécouter intégralement :
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !