La restructuration de l’un des plus grands hypermarchés de France, Auchan Le Pontet, s’accompagne d’un plan dit « social », suscitant de vives inquiétudes parmi les syndicats et les employés. Derrière le plan national CAP 8 000, une autre réalité se dessine : la réduction des effectifs, qui pourrait concerner 200 salariés sur les 590 actuellement en poste dans l’hypermarché. Nous avons interrogé le délégué syndical FO à Auchan Le Pontet, David Romagnani.
Depuis novembre 2024, l’entreprise de grande distribution Auchan s’est engagée dans une réorganisation d’ampleur. Mise en avant par l’ultime projet CAP 8 000, la société aspire à affronter la concurrence rude et à s’adapter aux nouvelles tendances de consommation. Soixante-dix-sept : c’est le nombre d’hypermarchés (sur les 119 magasins nationaux) qui connaîtront une réduction d’environ 200 000 mètres carrés, soit l’équivalent de la fermeture de 20 hypermarchés. Mais en parallèle, un autre plan de transformation interne se met en place, avec pour objectif une réduction drastique du personnel. C’est là qu’intervient Auchan Le Pontet, seul hypermarché test de ce plan discret, dans le Sud de Lyon. Il devra passer de 590 à 390 salariés d’ici la fin d’année 2025.
Selon David Romagnani, la direction d’Auchan Le Pontet compte sur des départs « naturels » et « volontaires » pour atteindre l’objectif. Il dénonce une volonté déguisée de pousser les salariés vers la sortie sans véritable accompagnement de réinsertion.
« On demande de mettre en place des solutions pour que les gens partent tranquillement. »
À Avignon le Pontet, la situation est préoccupante. Parmi les 200 postes à supprimer, 50 départs en retraite sont prévus. Mais il reste 150 salariés à replacer, sans aucune solution claire suggérée.
Dans sa zone de vide, Auchan Le Pontet, déjà en sous-effectif a seulement pu replacé par Aide à la Mise en Fonction (AMF), trois licenciés sur les cinquante prévus. La réalité est qu’un seul salarié a réellement été replacé, le deuxième est en congé de formation et le troisième en phase de démission.
Les changements répétés, tous les 18 mois, dans la gouvernance nationale engendrent une gestion chaotique et un manque de vision de la direction. Depuis une décennie, Auchan France peine à fidéliser sa clientèle et son chiffre d’affaires ne cesse de diminuer. David Romagnani, dénonce :
« Cela fait 10 ans qu’on (« les syndicats ») dit que l’on est trop chère, on est comme Casino »
La colère ressentie par les syndicats et les employés augmente face à la gestion financière du groupe. Entre 2013 et 2019, Auchan a touché 550 millions d’euros d’aides publiques. Avant d’annoncer, sous couvert d’un plan social économique en 2020 plusieurs vagues de licenciement. La même année, Auchan France obtient une baisse de charge sociale par employé qui s’élève à 6 000 euros par an. Pour donner un ordre d’idée entre 2020 à 2024 environ 3 800 salariés du service après-vente (SAV) ont été renvoyés. Une réduction massive des effectifs qui, aux yeux des syndicats, n’est pas passée inaperçue. Ils exigent des garanties et un suivi pour les salariés concernés. Cependant, ils n’ont obtenu aucun engagement de la part de la direction.
Alors que la situation s’annonce tendue d’ici novembre 2025, les employés vivent dans l’incertitude. Pour le moment, aucun dispositif concret n’a été mis en place.
Les principales réclamations du syndicat FO sont la création d’un vestibule d’accompagnement social et une meilleure transparence sur l’utilisation des fonds publics perçues par l’entreprise. Mais en l’absence d’accord et de dialogue clair avec la direction, les craintes de voir des salariés poussés vers la sortie sans solutions restent vives.
D’ici la fin de l’année, les regards resteront tournés vers Auchan Le Pontet, qui devient un exemple des tensions entre réorganisation commerciale et impact social.
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