"Les Américains vont à la mort comme des automates. La plage est couverte de morts et de blessés. Je tire. Je tire jusqu'à qu'une grenade américaine me coupe les doigts.", témoigne Franz Gockel, mitrailleur allemand dans la série Apocalypse diffusée sur France TV. De Ouistreham à Sainte-Mère-Eglise en passant par Colleville-sur-Mer, le Débarquement du 6 juin 1944 n'a pas marqué que la côte normande, il fut un tournant historique de la Seconde Guerre Mondiale. Ce 6 juin 2024, la France fête les 80 ans de l'arrivée des troupes alliés.
"Les sanglots long des violons de l'automne blessent mon cœur, d'une langueur monotone" ! C'est par ces vers de Verlaine, diffusés par la BBC le 5 juin 1944 à 17h, que la Résistance française comprend que le Débarquement est imminent. Très vite, ils sortent les armes envoyées depuis plusieurs mois par les Anglais. "Les dès sont sur le tapis" et "il fait chaud à Suez" donnent le feu vert pour couper les communications à destinations des plages normandes.
Au sud de l'Angleterre, l'aviation se préparent également. Des bandes blanches sont peintes sur les avions afin d'éviter toute confusion entre les aéronefs Alliés et ennemis. Ils seront 10 000 dans le ciel français le lendemain, larguant 23 500 parachutistes derrières les lignes allemandes. Ils sont les premiers soldats à débarquer dans l'Héxagone. Para-américains, anglais et canadiens sautent à minuit, jour du D-Day.
"Tu te rends compte qu'au moment où tu te réveilleras demain matin, 20 000 de ces hommes pourraient avoir été tués ?" dit Winston Churchill à sa femme Clémentine à Southampton, lorsque l'infanterie embarque pour la traverser de la Manche. "A perte de vue, la flotte immense. Des bateaux, des milliers de bateaux. Plus de 5000. Au dessus, de gros ballons antiaériens donnent au spectacle un côté étrange. Presqu'enfantin.", raconte Gwenn-Aël Bolloré, un des membres du commando Kieffer. Ils débarqueront à l'aube pour vivre le jour le plus long de leur vie.
"Ca va être le moment le plus dur, les heures où nous serons les plus vulnérables. Mais c'est à nous d'ouvrir la porte." explique le colonel Taylor au photographe Robert Capa, à quelques minutes du Débarquement. Le 6 juin 1944, 132 000 soldats alliés débarquent sur les plages de Normandie pour libérer la France et l'Europe de l'Allemagne Nazie. Par la mer ou par les airs, ces Français, Anglais, Américains, Canadiens surgissent du brouillard pour prendre par surprise les Allemands. Dès minuit, l'opération débute par le bombardement de plusieurs points stratégiques comme le "Pegasus Bridge" ou la prise de Sainte-Mère-Eglise. A l'aube, les bombardements aériens font rage sur les positions côtières allemandes. "Heure H" (6h30), les soldats américains débarquent sur les plages d'Utah et d'Omaha Beach. Leurs buts: garantir le débarquement entre Quinéville et Sainte-Marie du Mont et neutraliser la batterie allemande située sur la pointe du Hoc. "Heure H" 7h30, c'est au tour des Britanniques de déferler sur les plages de Gold et Sword. Ils ont pour mission d'atteindre la nationale 13 et libérer Bayeux et Caen. 8h, "Heure H" (8h) pour les Canadiens et le reste des unités d'assauts, de déminages et d'artilleries, ils doivent assurer le débarquement des troupes entre les villes de Carpiquet et Caen.
A la nuit tombée, toutes les positions n'ont pas été prises, près de 10 000 soldats sont tués, blessés ou disparus, le Débarquement est tout de même une réussite, les défenses côtières allemandes sont détruites. Le littoral normand est libre.
"C'était le commando de Philippe Kieffer, le commando de toutes les exigences. La sélection se passait dans un camp d'entraînement. Chaque épreuve, lorsqu'elle était manquée, valait élimination, les exercices étaient à balles réelles. Après ces semaines intenses de courses, de tirs de courses encore, Léon Gautier reçut le béret vert des commandos" expliquait Emmanuel Macron lors de son hommage à Léon Gautier, dernier survivant des 177 français débarqués le 6 juin 1944 en Normandie. Ils étaient 177 jeunes hommes à avoir fait la promesse de ne pas rembarquer et de libérer Ouistreham. Seuls 24 fusiliers marins commandos survivront au Débarquement et à la campagne de Normandie.
Le commando Kieffer a été créé par le capitaine de corvette Philippe Kieffer en 1942. Ce dernier est l'un des premiers français à arriver en Angleterre pour se joindre à la France Libre. En avril 1942, on lui confie seize français pour s'entraîner en Ecosse. Au fur et à mesure des mois, le groupe s'épaissit pour arriver au nombre de 177. Le 6 juin 1944, le commando est rattaché à la Première brigade spéciale britannique. Ils ont pour objectif de neutraliser les défenses allemandes et de libérer Ouistreham. La mission est un succès, ces soldats d'élites entrent dans l'Histoire.
Après de nombreuses années d'oubli, le commandant Kieffer renait de ses cendres le 8 mai 2008 pour rejoindre les sept unités opérationnelles des forces spéciales de la Marine nationale.
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